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La Fed sera prudente malgré la baisse du chômage

AFP|Publié le 09 juin 2020

La Fed se réunit pour la première fois depuis la levée des mesures de confinement aux États-Unis.

La Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit mardi et mercredi, pour la première fois depuis la levée des mesures de confinement aux États-Unis, et devrait de nouveau insister sur les risques de la pandémie pour l’économie, malgré la baisse surprise du chômage américain.

L’économie américaine montre des signes de frémissement depuis plusieurs semaines, alors que les commerces et restaurants du pays rouvrent progressivement.

Et le taux de chômage a baissé en mai, retombant à 13,3% quand les analystes le voyaient grimper à près de 20%, un niveau digne de la Grande Dépression des années 1930.

Ces bonnes nouvelles pour la première économie du monde ne devraient pourtant pas faire dévier la Banque centrale américaine de la ligne qui est la sienne depuis le début de cette crise: l’incertitude est grande, et la pandémie, qui a fait plus de 108 000 morts, présente des risques importants pour l’économie à court et moyen terme. 

La baisse du chômage «ne va pas changer les perspectives (économiques) de la prochaine réunion du comité monétaire», estime Kathy Bostjancic, analyste pour Oxford Economics.

Elle pense que la Fed s’abstiendra de donner des prévisions détaillées, et évoquera simplement un fort rebond de la croissance au second semestre, après avoir touché le fond au deuxième trimestre.

Mi-mai, le président de la Fed Jerome Powell avait estimé probable un pic à 20 ou 25% du taux de chômage, et une chute de 20 ou 30% du PIB, qui a baissé de 4,8% au premier trimestre, après plus de dix années de croissance.

Mais il avait aussi dit que le contexte actuel est très différent de celui des années 1930, citant une économie florissante avant la pandémie, des banques solides et une réaction adéquate des autorités.

 

Des inquiétudes demeurent

Car depuis le début de la pandémie et la mise en place de mesures de confinement massives qui ont mis un coup d’arrêt brutal à l’activité économique, la Fed, ainsi que l’administration Trump et le Congrès, ont mis en place un vaste éventail de mesures pour permettre aux entreprises de garder la tête hors de l’eau et redémarrer rapidement une fois la crise passée.

Différents programmes de prêts aux entreprises de toutes tailles ont été déployés, le marché a été abreuvé en liquidités, et des millions de ménages américains ont reçu un chèque dit de «stimulus».

La Banque centrale américaine avait abaissé ses taux dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars, alors que la pandémie mettait un coup de frein à la première économie du monde.

Elle a, depuis, assuré qu’elle les y maintiendrait jusqu’à ce que l’économie soit tirée d’affaire. Pour autant, 9,3% des acteurs du marché anticipent une hausse des taux à 25-50% lors de cette prochaine réunion, selon l’évaluation des produits à terme de CME Group.

«Alors que les premiers signes montrent que le pire de la crise est derrière nous, nous pensons que la Fed va réaffirmer son engagement à faire tout ce qu’elle peut», a réagi auprès de l’AFP Nathaniel Karp, économiste pour BBVA.

«Jerome Powell mentionnera aussi certainement, lors de la conférence de presse, le fait que les récents troubles sociaux entravent un peu la réouverture des économies régionales, et que les inquiétudes concernant une deuxième vague de virus demeurent», nuance-t-il néanmoins.

Car le pays est secoué par les manifestations depuis la mort, il y a près de deux semaines, de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc. Elles ont mis en lumière les inégalités qui touchent les Afro-Américains, et Donald Trump est critiqué de toutes parts pour sa gestion de cette crise.

Les États-Unis sont entrés en récession en février après 128 mois d’expansion, a indiqué lundi le National Bureau of Economic Research, qui fait autorité en la matière, et a même revu sa définition en raison de la brutalité du choc provoqué par la pandémie de coronavirus.

Au total depuis le début de la crise, environ 43 millions d’Américains ont pointé au chômage, mais, entre les personnes qui ne peuvent prétendre à une allocation, et ceux qui ont retrouvé un emploi, la moitié seulement touchait une allocation chômage.