La FIQ et Québec parviennent à une «proposition d’entente»
La Presse Canadienne|Publié le 19 mars 2024Avant d’être soumise aux membres, la proposition d’entente devra d’abord passer l’étape de l’instance intermédiaire de la FIQ, le conseil fédéral, qui est composé de déléguées des syndicats de la fédération. Ce conseil fédéral se réunira les 19, 20 et 21 mars. (Photo: La Presse Canadienne)
Après plus de 15 mois de négociation et une intensification des pourparlers dans les trois dernières semaines, la FIQ est finalement parvenue à s’entendre avec le gouvernement du Québec sur le renouvellement des conventions collectives.
La FIQ en a fait l’annonce à ses membres vers 4 h mardi matin. Et la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a également confirmé l’information tôt mardi matin.
Pour le moment, il s’agit d’une «proposition d’entente», puisqu’elle n’a pas encore été soumise aux 80 000 membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé.
La FIQ n’a pas voulu dévoiler le contenu de cette proposition d’entente, la fédération syndicale préférant en garder la primeur pour ses membres, comme c’est habituellement le cas en pareille circonstance.
La ministre LeBel s’est aussi faite discrète. «Pour le moment, le contenu de cette entente demeurera confidentiel jusqu’au vote des membres. Par respect pour le processus, nous ne commenterons pas davantage.»
Avant d’être soumise aux membres, la proposition d’entente devra d’abord passer l’étape de l’instance intermédiaire de la FIQ, le conseil fédéral, qui est composé de déléguées des syndicats de la fédération. Ce conseil fédéral se réunira les 19, 20 et 21 mars.
La FIQ représente la grande majorité des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques au Québec.
Après la FIQ, c’est la CSQ qui en représente le plus grand nombre, soit environ 5000, avec sa Fédération de la santé du Québec qui a des membres dans les régions de Laval, de la Gaspésie, de l’Est du Québec et du Nord du Québec, principalement.
La proposition d’entente de la FIQ a donc des répercussions sur la FSQ, bien que les deux organisations syndicales négocient leur propre entente.
«On ne va pas se le cacher: les conventions collectives sont similaires», a commenté en entrevue Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ, affiliée à la CSQ.
«Est−ce que là, la partie patronale va nous présenter ce qu’ils ont présenté à la FIQ? Rendu là, c’est nébuleux pour nous aussi, parce qu’il y a des choses auxquelles nous tenions, que nos membres nous avaient dit “si on n’a pas telle affaire, bien il n’y a pas d’entente possible”, et le gouvernement nous offrait une fermeture complète. Là, je ne sais pas si c’est avec cette entente−là (avec la FIQ) qu’il y aura une ouverture ou une fermeture plus complète. Je ne le sais pas. On se pose pas mal cette question−là ce matin», a ajouté Mme Dumaine.
«En théorie, la semaine prochaine, on a une rencontre avec la partie patronale pour continuer les négos. Je ne sais pas si cette entente−là (avec la FIQ) va faire accélérer» les pourparlers pour la FSQ, a ajouté Mme Dumaine.
Flexibilité, ancienneté, ratios
Après plus de 15 mois de négociation avec la FIQ, le nœud gordien était celui de la flexibilité exigée des infirmières. Les employeurs voulaient pouvoir déplacer les infirmières d’unité de soins, voire d’établissement de santé, selon leurs besoins.
Publiquement, les ministres du gouvernement Legault affirmaient que de tels déplacements seraient volontaires, mais la FIQ soutenait que les déplacements volontaires étaient déjà permis dans les conventions collectives. Elle reprochait donc aux employeurs de vouloir en vérité imposer des déplacements forcés, sans tenir compte de l’expertise et de l’expérience des infirmières.
Au cours des dernières semaines, la FIQ a cru déceler un assouplissement de la position gouvernementale au chapitre de la flexibilité demandée, mais elle attendait de voir les textes avant de se réjouir trop vite.
Les modalités de la reconnaissance de l’ancienneté des infirmières provenant des agences privées qui reviendraient dans le réseau public restaient encore à négocier.
La FIQ revendiquait également des ratios sécuritaires infirmière/patients, afin de réduire leur fardeau de tâches. Mais Québec répondait que cela supposait d’augmenter le nombre d’infirmières et qu’il ne pouvait pas embaucher des infirmières qui n’existent pas.
La FIQ était l’une des trois grandes organisations syndicales du secteur public à n’avoir toujours pas renouvelé ses conventions collectives. Il reste maintenant le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) à n’avoir toujours pas réglé.
Le front commun intersyndical, composé de l’APTS, de la CSQ, de la CSN et de la FTQ, représentant 420 000 travailleurs en santé et en éducation, est parvenu à une entente, que les membres ont entérinée depuis. Il en est de même pour la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).
Lia Lévesque, La Presse Canadienne