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La FTQ accuse Québec de désavantager les femmes

Dominique Talbot|Mis à jour le 16 avril 2024

La FTQ accuse Québec de désavantager les femmes

(Photo: 123RF)

Le ton monte et les couteaux volent bas entre les représentants syndicaux et le gouvernement. Au cours de la fin de semaine et lundi matin, la présidente de la FTQ, Magali Picard, a publiquement sous-entendu que les offres de hausses salariales de 9% du gouvernement, en comparaison avec celles de 21% à la Sûreté du Québec, s’expliquaient parce que la grande majorité de ses membres étaient des femmes. Une déclaration qui a fait sursauter la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

 «Le gouvernement s’est donné 31% d’augmentation (pour les député. es) et la semaine dernière, 21% à la Sûreté du Québec, ce qui nous paraît tout à fait correct. Comment ça se fait que de l’autre main, on offre 9% aux travailleurs de l’État québécois, qui gagnent 44 000 $ par année en moyenne ? Ça n’a pas de bon sens», a commenté Magali Picard au micro de Paul Arcand.

«La vérité, c’est que j’en suis à me demander si c’est parce que nous représentons 78% de femmes, qu’on se fait offrir 9% d’augmentation. L’équité salariale traîne depuis des années avec ce gouvernement», a-t-elle poursuivi.

Ce à quoi Sonia LeBel a répliqué en entrevue avec Les Affaires, en disant que la Loi sur l’équité salariale a des critères très sérieux et que le gouvernement «était très soucieux de suivre l’application de celle-ci. C’est important que les femmes, à travail équivalent, aient un salaire équivalent», a-t-elle ajouté.

Au cours de la fin de semaine, Magali Picard avait tenu des propos semblables au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne.

Ces déclarations ont piqué au vif la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, qui dit mal comprendre pourquoi le discours de la partie syndicale emprunte cette voie.

«Personne se lève le matin en se demandant qu’est-ce que je peux faire pour défavoriser encore plus les femmes», dit Sonia LeBel. «Ce n’est pas vrai que nous avons la double analyse de vouloir favoriser les hommes au détriment des femmes», continue-t-elle.

«Je ferais d’ailleurs remarquer que lors de la dernière convention collective, qui n’est pas si loin, nous avons mis l’accent sur les salaires dans des domaines qui sont en majorité occupés par des femmes : l’éducation, la santé, et les éducatrices de CPE.»

«Dans nos deux ententes précédentes en éducation, en santé et dans les CPE, on est allé chercher des 18%, des 11% et des 16% d’augmentation. Cela n’a pas disparu du paysage hier soir. […] On ne part pas de nulle part, et c’était dans des secteurs majoritairement féminin», ajoute la présidente du Conseil du trésor. 

 

«Des questions qui sont légitimes»

Appelée par Les Affaires à clarifier ses propos, la présidente de la FTQ persiste et signe. «J’assume mes propos et je pense qu’il y a lieu de se questionner. […] J’aimerais que le gouvernement réponde à cette question. Pourquoi 30% c’est bon pour les députés, 21% pour la SQ, et dans ce cas, je ne suis pas contre ça, c’est juste et raisonnable ? Et qu’en même temps, on dit aux 420 000 autres travailleuses et travailleurs que vous, c’est 9% pour les cinq prochaines années.»

«Comment, dans le contexte économique actuel, on peut arriver à 12% de moins, alors que nos gens ont de la difficulté à arriver ? Ce sont des questions tout à fait légitimes. Et on se les pose», insiste-t-elle.

La présidente de la FTQ ajoute aussi que «le gouvernement est très bon pour prendre des emplois qui frappent l’imaginaire. Les enseignantes, les infirmières. Mais elles ne travaillent pas toutes seules. Elles travaillent dans des équipes multidisciplinaires. Et tous ces autres postes, comme ils sont moins connus de la population, ont été abandonnés par le gouvernement depuis les vingt dernières années.»

Rappelons qu’au cours de la fin de semaine, le front commun intersyndical du secteur public, qui négocie au nom de 420 000 travailleuses et travailleurs, a annoncé qu’il amorçait une série de consultations auprès de ses membres pour obtenir un mandat de grève, pouvant aller jusqu’à une grève générale illimitée.

Ces consultations se tiendront du 18 septembre au 13 octobre.

Malgré le durcissement des échanges, Sonia LeBel demeure confiante d’en arriver à une entente. «Ça fait longtemps qu’on sait que les syndicats se préparent à obtenir le droit de grève. Cela fait partie de leurs processus. Ils en ont parlé au printemps. Est-ce que suis surprise, la réponse est non ? Est-ce que je souhaite que nous ayons des grèves ? La réponse est évidemment non. […] Je vais faire tous les efforts nécessaires pour qu’on arrive à une solution le plus rapidement possible.»

De son côté, Magali Picard se dit optimiste que les parties en arrivent à une entente. «Les canaux de communication sont toujours ouverts», souligne-t-elle. Dans l’attente d’une entente, une grande journée de mobilisation nationale est prévue dans les rues de la métropole le 23 septembre prochain.