«La pénurie de main-d’oeuvre est l’éléphant dans la pièce» – MEQ
François Normand|Publié le 19 avril 2021«On dirait qu’Ottawa et Québec prennent cet enjeu un peu à la légère dans leur budget.» (Photo: courtoisie)
BUDGET FÉDÉRAL. Les budgets se suivent et se ressemblent à Québec et à Ottawa, selon Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). Car si les gouvernements aident les entreprises pour la relance, ils n’accordent pas assez d’importance à la pénurie de main-d’œuvre, ce qui risque de miner le rebond économique.
« La pénurie de main-d’œuvre est l’éléphant dans la pièce, déplore Véronique Proulx, PDG de MEQ en entrevue à Les Affaires. On dirait qu’Ottawa et Québec prennent cet enjeu un peu à la légère dans leur budget. »
Selon elle, le budget de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, comprend plusieurs mesures pour aider les entreprises, à commencer par le Programme d’embauche pour la relance économique du Canada.
Cette aide offre une subvention allant jusqu’à 50% de la rémunération versée aux employés admissibles, et ce, entre le 6 juin et le 20 novembre 2021.
Mais encore faut-il que la main-d’œuvre soit disponible pour l’embaucher, fait remarquer Véronique Proulx.
« Plusieurs entreprises ont des projets, mais elles ne peuvent pas les réaliser puisqu’elles manquent de main-d’œuvre », dit-elle, en soulignant que le fédéral n’a pas assoupli le programme pour les travailleurs étrangers et temporaires.
Ils sont employés dans les secteurs agricoles et manufacturiers.
De plus, la PDG de MEQ souligne que le programme existant est déjà « lourd et compliqué » à gérer pour les entreprises manufacturières.
Le gouvernement de Justin Trudeau appuie davantage le Fonds stratégique pour l’innovation. (Photo: courtoisie)
8 milliards pour l’innovation
Cela dit, Véronique Proulx salue dans le même temps les efforts d’Ottawa pour accélérer la reprise économique. « C’est un budget dans lequel il y a beaucoup d’argent pour les entreprises, ainsi que plusieurs programmes et mesures! »
Elle souligne notamment l’appui supplémentaire d’Ottawa au Fonds stratégique pour l’innovation.
Le fédéral investit 8 milliards de dollars (G$) dans le cadre de l’accélérateur net zéro afin d’aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ottawa accorde aussi un financement de 1,75 G$ au secteur de l’aérospatiale, en plus d’aider à hauteur de 1 G$ les secteurs de la biofabrication et des sciences de la vie — pour aider le Canada à rebâtir sa capacité de production de vaccins.
Par ailleurs, dans les prochaines semaines, le nerf de la guerre sera de faciliter l’accès à toute cette aide financière aux entreprises qui en ont besoin, fait remarquer Véronique Proulx.
« Actuellement, il est déjà difficile pour une entreprise d’avoir accès au Fonds stratégique pour l’innovation », souligne-t-elle.