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L’assurance emploi, 10 ans après la réforme promise

La Presse Canadienne|Publié hier à 13h51

L’assurance emploi, 10 ans après la réforme promise

Les travailleurs saisonniers souffrent particulièrement des restrictions du régime d’assurance-emploi. (Photo: Andrew Vaughan La Presse Canadienne)

Alors que seulement 40% des chômeurs se qualifient pour toucher des prestations d’assurance-emploi, le Bloc québécois, le Nouveau Parti démocratique et des groupes de défense des chômeurs unissent leur voix pour demander au gouvernement libéral de respecter sa promesse d’il y a 10 ans de réformer véritablement le régime.

Les travailleurs saisonniers souffrent particulièrement des restrictions du régime d’assurance-emploi, comme les travailleuses en congé de maternité qui perdent leur emploi, les travailleurs âgés et les proches aidants, a déploré Fanny Labelle, du Mouvement action chômage de Montréal, au cours d’une conférence de presse au parlement à Ottawa.

«En principe, on ne devrait pas quêter pour ça, l’assurance-emploi. C’est là pour te protéger», s’est exclamée la députée du Bloc québécois Louise Chabot, aux côtés de Mme Labelle.

«Après 10 ans, les libéraux n’ont toujours pas fait la réforme, la refonte de l’assurance emploi qui avait été promise. Il y a plusieurs gestes qui peuvent être posés pour avoir un vrai filet social, qui soit accessible, que ça soit juste», a lancé à ses côtés Alexandre Boulerice, député du NPD.

Il y a bien eu des projets pilotes et des «ajustements» pour régler certains problèmes du régime, mais pas de refonte en profondeur pour en améliorer les prestations et l’accessibilité, déplore le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE).

La conférence de presse coïncidait avec le lancement de l’édition 2024-2025 du «Dossier noir de l’assurance chômage», colligé par le MASSE.

Ce dossier relate des situations vécues par des travailleurs qui ont demandé des prestations d’assurance emploi et qui ont été confrontés à des embûches, des restrictions ou autres.

Dans un cas, un travailleur a dû quitter un premier emploi pour un autre, après que son employeur eut réduit considérablement ses heures de travail. Puis il a dû s’absenter durant deux semaines pour s’occuper de sa mère malade. Son employeur avait mis fin à son emploi, en déclarant qu’il s’agissait d’un départ volontaire. Le dossier du travailleur auprès de l’assurance emploi, plus complexe que d’autres, a pris des mois à être réglé, relate-t-on dans le Dossier noir.

«Il suffit parfois d’un petit détail qui sorte de l’ordinaire, d’une erreur dans le dossier, ou parfois d’aucune raison apparente pour qu’une demande d’assurance chômage soit mise sur la glace et prenne plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant d’être traitée», rapporte le MASSE dans son dossier.

Le cas de travailleuses en congé de maternité, dont l’emploi a été aboli à la suite d’une restructuration dans l’entreprise, et qui n’ont pu toucher de prestations régulières d’assurance emploi, parce qu’elles n’avaient pas cumulé suffisamment d’heures de travail assurables, est également relevé par le MASSE. Ce dossier se trouve d’ailleurs devant les tribunaux.

Le cas des travailleurs saisonniers a aussi maintes fois fait l’objet de récriminations quant à l’accès aux prestations d’assurance-emploi. Ceux-ci se trouvent dans ce qu’on appelle «le trou noir», ayant épuisé leurs prestations d’assurance-emploi avant que le travail saisonnier reprenne.

Michael Bizarro, co-coordonnateur du MASSE, énonce les revendications de l’organisme: un plancher de 35 semaines de prestations, un seuil d’admissibilité de 350 heures ou 13 semaines de travail, un taux de prestation de l’ordre de 70 % basé sur les 12 meilleures semaines de travail et l’accès aux prestations régulières sans égard aux prestations de maternité, paternité ou parentales qui ont été versées.

Par Lia Lévesque