Le Canada, 51e État américain: les ministres fédéraux minimisent l’idée de Trump
La Presse Canadienne|Mis à jour hier à 14h03Plusieurs ministres du gouvernement Trudeau ont minimisé, voire rejeté la suggestion du président Trump.
Ottawa — Des ministres fédéraux ont tour à tour minimisé, mardi, l’idée qui aurait été évoquée par le président désigné des États-Unis, Donald Trump, lors du souper avec le premier ministre Justin Trudeau que le Canada pourrait devenir le 51e État américain.
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«Lors d’un souper de trois heures à une résidence, (durant la) longue fin de semaine de l’Action de grâce américaine, c’est sûr qu’il y avait des moments de blagues. Le président a conté des blagues. Le premier ministre a répondu. C’était quand même une soirée sociale», a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, à son arrivée à la réunion du cabinet.
Il a expliqué que le repas — qu’il a qualifié à un moment de «réunion» — a bien sûr permis d’aborder «des enjeux sérieux», y compris la frontière et le commerce entre le Canada et les États-Unis. «Mais le fait que la relation est cordiale, chaleureuse, qu’on a pu conter des blagues lors d’un souper de trois heures, est quand même positif», a-t-il poursuivi.
M. LeBlanc, qui était assis à la table de M. Trump, n’a pas confirmé la teneur de l’échange qui défraie les manchettes.
Selon Fox News, le président désigné se serait d’abord plaint que le déficit commercial entre le Canada et son pays se chiffre à plus de 100 milliards $ par an. Il aurait ensuite réitéré sa menace d’imposer des droits de douane de 25% si ce n’était pas corrigé, en plus de son grief sur les enjeux frontaliers.
C’est lorsque M. Trudeau lui aurait dit que cela tuerait l’économie canadienne que M. Trump aurait affirmé que le Canada pourrait se joindre aux États-Unis advenant que l’imposition de droits de douane pour ne pas avoir réglé les problèmes de commerce et d’immigration affecterait grandement son économie.
Toujours selon Fox News, le président désigné aurait ensuite évoqué que M. Trudeau pourrait devenir gouverneur, et que le Canada pourrait même être séparé en deux États, l’un conservateur et l’autre libéral.
La ministre du Tourisme, Soraya Martinez-Ferrada, a lancé que, bien que les deux pays aient une relation économique très intégrée, «de là à aller jusque-là, je pense que personne ne prend ça au sérieux».
Quelques instants plus tard, son collègue ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a envoyé qu’il est «très fier d’être canadien comme l’ensemble des Canadiens».
M. Champagne a insisté que le premier ministre Trudeau a été le premier dirigeant du G7 à être accueilli par le président Trump. «Je pense que c’est vraiment important. Cela témoigne de la nature stratégique de nos relations», a-t-il dit.
Appelé à son tour à commenter, le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Jean-Yves Duclos, a réitéré que les deux hommes ont eu «une excellente rencontre» qui leur a permis de mieux se connaître et de préparer le retour à la Maison-Blanche de M. Trump.
Quant au fait que les conservateurs estiment que cette nouvelle démontre que M. Trudeau a participé à un «dîner de cons», M. Duclos rétorque que leur chef Pierre Poilievre «mine les efforts du Canada» et que le «bruit» qu’il fait est «totalement contre-productif».
À Québec, le chef du Parti libéral, Marc Tanguay, a expliqué qu’il conçoit l’idée évoquée par M. Trump comme «une farce, une boutade». Il s’est réjoui que M. Trudeau se soit rendu en Floride pour ce repas. «Déjà que la rencontre ait pu être organisée et ait eu lieu, je pense que ça envoie un signal somme toute positif», a-t-il dit.
Chez Québec solidaire, le porte-parole en matière de relations internationales, Guillaume Cliche-Rivard, s’est contenté d’affirmer que son parti veut en fait que le Québec soit «le 194e État reconnu aux Nations unies».
Son homologue du Parti québécois, Pascal Paradis, a jugé «intéressant» de constater que le ministre LeBlanc «se vante et raconte plein d’anecdotes sur ce qui s’est passé lors de ce souper-là, mais ne mentionne pas celle-ci si, de fait, elle a été dite». «J’espère que ce n’est pas une façon dont on est considérés par le président élu aux États-Unis», a-t-il ajouté.
Donald Trump a menacé il y a une semaine d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les importations de produits canadiens et mexicains si les deux pays n’en font pas plus pour endiguer le passage illégal de personnes et de drogues aux frontières.
S’en est suivi un branle-bas de combat qui a mené les premiers ministres des provinces et M. Trudeau à tenir une réunion d’urgence, puis à M. Trudeau à se rendre en Floride pour souper avec M. Trump à sa résidence de Mar-a-Lago.
Avec des informations d’Émilie Bergeron