Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Le COVID 19 risque d’influencer la Banque du Canada

La Presse Canadienne|Publié le 03 mars 2020

Selon des économistes, le COVID 19 pourrait faire baisser le taux directeur principal de la Banque du Canada.

Les effets de la propagation du nouveau coronavirus sur l’économie font grimper les chances de voir la Banque du Canada abaisser son taux directeur principal cette semaine, et peut-être de manière plus importante que prévu, selon des économistes.

La banque centrale fera connaître sa décision mercredi matin. Il y a quelques jours à peine, les prévisionnistes anticipaient une baisse d’un quart de point de pourcentage.

Mais à la veille de l’annonce, la Réserve fédérale des États-Unis a décidé mardi d’abaisser son taux directeur d’un demi-point de pourcentage après avoir vu les banques centrales du G7 et les ministres des Finances promettre « d’utiliser tous les outils politiques appropriés » dans le but d’atténuer les turbulences découlant de la propagation du virus maintenant appelé COVID-19.

Les économistes estiment que cela pourrait inciter la Banque du Canada à opter pour une réduction similaire dans ce qui pourrait être la première de plusieurs réductions du taux directeur de la banque centrale, qui se situe présentement à 1,75 %.

En janvier, le gouverneur Stephen Poloz a ouvert la porte à une possible baisse des taux d’intérêt si la faiblesse de l’économie était plus persistante que prévu.

« Puisque les marchés financiers sont préoccupés par le fait que (cette situation n’est pas seulement quelque chose) qui ralentira la croissance économique, mais qui pourrait avoir des conséquences plus importantes, nous pensons que la Banque du Canada sera plus susceptible de procéder à une baisse du taux directeur », a expliqué l’économiste en chef adjointe à la Banque Royale, Dawn Desjardins.

Le nouveau coronavirus a déjà influencé les prévisions de croissance économique de l’OCDE cette année. Dans un rapport publié lundi, l’organisation a abaissé de 0,3 point de pourcentage sa prévision de croissance d’une année à l’autre pour le Canada. La nouvelle cible pour 2020 est de 1,3 %.

Dans un rapport publié mardi, l’économiste en chef de la Banque TD, Beata Caranci, et l’économiste principal James Orlando ont écrit qu’il était de moins en moins certain de voir les banques centrales opter pour le statu quo en matière de taux d’intérêt, et ce, même si cela pourrait éventuellement provoquer une flambée de l’endettement des ménages.

« Même en l’absence d’une épidémie dans un grand centre urbain, l’activité économique sera moins vigoureuse en raison d’un comportement plus prudent pour voyager et participer à des activités », peut-on lire.

La Banque Scotia anticipe une baisse d’un quart de point de pourcentage, mercredi, mais croit qu’il est très possible de voir la banque centrale procéder à une réduction d’un demi-point de pourcentage. Son économiste en chef adjoint, Brett House, a estimé que la Banque du Canada pourrait éventuellement compromettre la croissance si elle n’emboîtait pas le pas à la Fed.

« Il y a aussi un élément de confiance pour montrer que les autorités agissent », a déclaré M. House, au cours d’une entrevue.

Une baisse des taux d’intérêt pourrait s’avérer insuffisante pour atténuer les perturbations économiques si les consommateurs ne se rendent pas dépenser dans les magasins, ce qui suggère qu’une intervention gouvernementale serait nécessaire afin de stimuler les dépenses des consommateurs.

Une porte-parole du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a déclaré que le gouvernement était prêt à « prendre les mesures nécessaires » pour soutenir l’économie. Maeva Proteau a ajouté que la situation financière du gouvernement lui procurait « l’effet de levier nécessaire pour répondre aux défis potentiels si nécessaire ».

La déclaration du G7 publiée après la réunion de mardi matin n’a proposé aucune mesure spécifique ou immédiate à prendre par les gouvernements et les banques centrales. S’exprimant à Halifax, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que son gouvernement « chercherait des moyens de minimiser cet impact » sur les entreprises canadiennes « et pourrait peut-être offrir de l’aide là où elle est nécessaire ».