Le PM terre-neuvien veut une rencontre sur la «taxe carbone»
La Presse Canadienne|Publié le 01 avril 2024Le premier ministre de Terre−Neuve−et−Labrador, Andrew Furey, a écrit une lettre à son homologue fédéral en fin de semaine pour demander une «réunion d’urgence» des premiers ministres. (Photo: La Presse Canadienne)
L’un des sept premiers ministres provinciaux qui ont demandé à Justin Trudeau de renoncer à l’augmentation annuelle de la tarification du carbone demande maintenant une réunion pour discuter de solutions de rechange, alors qu’un autre premier ministre appelle à un changement de gouvernement à Ottawa.
Le premier ministre de Terre−Neuve−et−Labrador, Andrew Furey, a écrit une lettre à son homologue fédéral en fin de semaine pour demander une «réunion d’urgence» des premiers ministres.
M. Furey, seul premier ministre libéral du groupe, ne nie pas que «la menace du changement climatique est pressante», mais il croit qu’Ottawa devrait contribuer davantage pour réduire de façon significative les émissions de carbone.
Les quatre premiers ministres des provinces de l’Atlantique et ceux de la Saskatchewan, de l’Alberta et de l’Ontario ont tous demandé à M. Trudeau de réévaluer la hausse annuelle de 15 $ du taux de la tarification fédérale sur le carbone, qui est passé lundi à 80 dollars ($) la tonne d’émissions.
Plusieurs des premiers ministres conservateurs s’opposent depuis longtemps à cette tarification sur le carbone, mais ils estiment maintenant que la hausse du coût de la vie qui frappe les Canadiens devrait inciter Ottawa à renoncer à cette augmentation annuelle du 1er avril.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, qui a témoigné la semaine dernière devant un comité parlementaire au sujet de son opposition à l’augmentation, a écrit lundi sur le média social X que la seule façon d’empêcher de futures augmentations est de changer de gouvernement à Ottawa.
Le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, a mis M. Trudeau au défi de faire de cette tarification la «question de l’urne» lors du prochain scrutin. Les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025.
M. Poilievre a également passé le mois dernier à organiser des rassemblements au pays sur le slogan «Axe the tax» — en français «Supprimer la taxe».
La tarification fédérale ne s’applique pas au Québec, qui dispose d’un système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions («bourse du carbone») qui est considéré par Ottawa comme équivalent. La tarification fédérale ne s’applique pas non plus en Colombie−Britannique et dans les Territoires du Nord−Ouest, qui disposent de leur propre tarification, très similaire à la mesure d’Ottawa.
Manifestation à Ottawa
Lundi, vers midi, des dizaines de personnes étaient rassemblées sur la colline du Parlement, certaines brandissant des pancartes où l’on pouvait lire «Axe the tax» ou des injures à l’endroit du premier ministre, tandis que d’autres se drapaient de l’unifolié.
M. Trudeau et d’autres partisans de la tarification du carbone affirment que les opposants oublient le fait que les familles canadiennes reçoivent des chèques de remise trimestriels, plus généreux pour les ménages à faible revenu, afin de les aider à compenser pour la hausse initiale.
Ils soulignent également les coûts bien concrets du changement climatique pour les Canadiens en raison de catastrophes telles que les incendies de forêt ou les inondations.
La semaine dernière, quelque 200 économistes et universitaires de partout au pays ont publié une lettre ouverte défendant la tarification du carbone comme le moyen le moins coûteux de réduire les émissions, par opposition à l’imposition de réglementations plus strictes.
Le Parti libéral du Canada a fait circuler lundi une pétition sur les réseaux sociaux accusant M. Poilievre de vouloir «supprimer» ces chèques, qui varient de 760 $ à près de 1800 $ par année, selon l’endroit de résidence.
M. Trudeau a accusé la semaine dernière les premiers ministres conservateurs de mentir sur l’impact de cette politique sur l’inflation et il a mis ses détracteurs provinciaux au défi de présenter d’autres propositions pour réduire les émissions.
Depuis des mois, ses ministres et lui ont du mal à trouver du soutien pour cette politique mise en place en 2019, alors que les Canadiens se retrouvent à payer des prix plus élevés pour la nourriture et le logement, et que M. Poilievre mène une campagne musclée contre la «taxe carbone».
Dans le but de renforcer le soutien populaire à cette mesure, le gouvernement fédéral a rebaptisé en février le «Paiement de l’incitatif à agir pour le climat» pour l’appeler «Remise canadienne sur le carbone».
Stephanie Taylor, La Presse Canadienne