Les employés «réticents» à aller travailler à Santé Québec
La Presse Canadienne|Publié le 05 février 2024(Photo: La Presse Canadienne/Jacques Boissinot)
Québec — Moins de 8% des employés du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) veulent être transférés à Santé Québec dans les conditions actuelles.
C’est le résultat d’un sondage publié lundi par le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).
Le syndicat affirme que les employés du MSSS sont «réticents» à se porter volontaires pour aller travailler à Santé Québec parce qu’ils savent qu’ils vont s’appauvrir.
Les employés transférés seront soumis aux conditions de travail du réseau de la santé, ce qui est «désavantageux» pour eux, explique en entrevue le président du SPGQ, Guillaume Bouvrette.
Le personnel du ministère gagne actuellement de 7% à 14% de plus que celui du réseau de la santé.
«Les gens vont […] se retrouver hors échelle, affirme M. Bouvrette. Par la suite, ils ne vont bénéficier que de la moitié des augmentations annuelles jusqu’à ce que l’échelle salariale les rattrape.
«Avec des écarts de 7% à 14%, ça peut prendre très très longtemps et ça a un impact énorme notamment sur les rentes de retraite. À long terme, c’est dramatique», a-t-il ajouté.
Or, selon le SPGQ, 63% des employés du ministère seraient prêts à aller travailler à Santé Québec s’ils conservaient leur convention collective et conditions de travail actuelles.
Santé Québec a été instaurée en vertu de l’adoption du projet de loi 15 par l’Assemblée nationale, en décembre dernier. L’agence sera chargée de coordonner les opérations du réseau.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, est actuellement à la recherche d’un président et chef de la direction.
Au printemps dernier, il avait estimé que de 30% à 40% des 1200 employés du ministère migreraient, de façon volontaire, vers Santé Québec.
Selon M. Bouvrette, le ministre Dubé «s’en va dans le mur». «Il devrait mettre en place des solutions. À ce jour, il n’y en a pas, alors qu’on arrive à la création de l’agence», déplore-t-il.
En cas de transferts forcés, «une large majorité» des membres du SPGQ prévoient utiliser leur droit de retour dans la fonction publique, prévient le chef syndical.
Par ailleurs, le SPGQ signale que, ne sachant pas s’ils seront transférés ou non, les employés du MSSS vivent de l’«insécurité». Près du tiers d’entre eux, selon le sondage, se cherchent un nouvel emploi.
«En plus de nuire à la mise en place de la réforme, le ministre est en train de fragiliser son propre ministère», a déclaré M. Bouvrette. Il accuse M. Dubé d’avoir «négligé des détails» dans son «empressement» à créer l’agence.
Le bureau du ministre Dubé n’avait pas encore répondu aux questions de La Presse Canadienne, lundi après-midi.
Caroline Plante, La Presse Canadienne
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