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Les ministres se penchent sur l’économie et l’abordabilité

La Presse Canadienne|Publié le 22 janvier 2024

Les ministres se penchent sur l’économie et l’abordabilité

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau (Photo: La Presse Canadienne/Dustin Patar)

L’une des priorités du gouvernement fédéral pour l’année à venir consiste à attirer de nouveaux épiciers internationaux au Canada afin d’accroître la concurrence et de faire baisser les prix, a déclaré dimanche le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, alors qu’une retraite du cabinet était sur le point de commencer à Montréal.

L’ensemble du cabinet fédéral est en ville pour une retraite de trois jours avant le retour du Parlement le 29 janvier, et le prochain budget fédéral attendu plus tard cet hiver.

Alors que les problèmes liés au coût de la vie sont toujours au centre des préoccupations des Canadiens et que les sondages indiquent que les électeurs sont de plus en plus mécontents des libéraux fédéraux, incapables d’apporter un réel soulagement à la hausse des prix, les ministres tentent d’utiliser cette réunion pour définir des politiques susceptibles d’apporter une aide. 

Les prix des produits alimentaires sont parmi les principaux problèmes, avec une inflation alimentaire en décembre toujours proche de 5%, bien supérieure à l’inflation globale qui était fixée à 3,4% le mois dernier.

Le ministre Champagne a déclaré que la stabilisation des prix des aliments dépendra en partie de l’introduction d’une plus grande concurrence, avec seulement cinq entreprises représentant plus de 80% de l’industrie alimentaire du Canada.

«Si l’année dernière, tout était question de batteries, cette année, c’est la compétition», a-t-il déclaré, faisant référence à une série d’annonces massives de nouvelles usines de batteries pour véhicules électriques en 2023.

François-Philippe Champagne a dit qu’il était en pourparlers avec des épiciers étrangers, qui sont plus intéressés maintenant que le Canada a apporté certains changements à ses lois sur la concurrence. Les ajustements de l’année dernière incluent, a-t-il précisé, une plus grande capacité à limiter les restrictions sur les baux qui peuvent empêcher la concurrence à proximité des épiceries existantes. 

Les libéraux se retirent loin derrière les conservateurs dans les sondages. La dernière réunion du cabinet, en août, a également été présentée comme une tentative de concentrer l’attention de l’ensemble du gouvernement sur l’accessibilité financière et le logement. Des mesures ont été prises à l’automne, notamment la suppression de la TPS sur les nouveaux projets de construction de logements locatifs ainsi que la mise à jour de la Loi sur la concurrence.

Mais ils n’ont pas permis de ralentir la chute des libéraux dans les sondages, ce qui, selon la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, n’est pas un sujet de préoccupation pour le gouvernement.

«La prémisse de votre question suggère que nous sommes ici pour répondre aux chiffres des sondages, et ce n’est pas le cas», a soutenu Anita Anand.

«Ce que nous sommes venus faire, c’est nous battre chaque jour pour les Canadiens en ce qui concerne les besoins en période d’inflation et de taux d’intérêt élevés. C’est pourquoi nous sommes ici avec l’Allocation canadienne pour enfants. C’est pourquoi nous sommes ici pour offrir des services de garde d’enfants à 10$ par jour. C’est pourquoi nous sommes ici avec des logements abordables.» 

Des responsables du bureau du premier ministre Justin Trudeau ont indiqué la semaine dernière que les membres du cabinet discuteraient de la manière dont divers programmes, tels que ceux énumérés par Anita Anand, fonctionnent actuellement pour aider les Canadiens.

 

Les logements et l’économie au coeur des discussions

Les ministres entendront plusieurs groupes d’experts sur l’économie et le logement lundi, et sur les relations entre les États-Unis et le Canada mardi. Cela survient alors que le plus grand partenaire commercial du Canada entre dans une année d’élection présidentielle, qui pourrait voir Donald Trump revenir à la Maison-Blanche. 

La retraite ministérielle a lieu alors que les économistes mettent en garde contre la possibilité d’une récession au moins légère au Canada en 2024, augmentant la pression sur le gouvernement et annonçant potentiellement davantage de pessimisme pour les Canadiens. 

Parmi les experts figurera Frances Donald, économiste en chef à Gestion de placements Manuvie, qui a soutenu que l’économie amorçait la nouvelle année sur des bases fragiles. Manuvie prévoit que le ralentissement se poursuivra pendant le premier semestre, mais anticipe «un rebond économique à partir du second semestre».

Les Canadiens ont déjà commencé à réduire leurs dépenses et s’inquiètent de la sécurité d’emploi, a prévenu Manuvie. Un grand nombre d’entre eux devront aussi renouveler leur prêt hypothécaire à un taux de deux à trois fois plus élevé que le précédent.

Dominique Lapointe, stratège macroéconomique mondiale de Manuvie qui a rédigé les prévisions, a déclaré que de nombreuses réalités économiques en 2024 dépendront de la façon dont la Banque du Canada gérera les taux d’intérêt.

Les hausses agressives des taux d’intérêt de la banque centrale pour contrer l’inflation ont culminé en juillet à 5% et n’ont pas été modifiées depuis. Les économistes ont prédit que la banque commencerait à réduire ce taux au printemps, mais les chiffres de l’inflation ont incité certains à couvrir ce pari dès maintenant.

La première chance de voir ce que fera la banque aura lieu mercredi, au lendemain de la fin de la retraite du cabinet.

Le logement est un autre sujet de discussion clé, au même titre que l’immigration et la façon dont les deux sont de plus en plus liés. 

Mike Moffatt, professeur d’économie et expert en logement à l’Université Western Ontario, a déclaré que, alors que la population du Canada continue de croître, presque entièrement à cause de l’immigration, l’offre de logements prend encore plus de retard.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement a déclaré l’année dernière qu’il manquait au Canada environ 3,5 millions de logements, et Mike Moffatt a souligné que ce nombre était «probablement encore plus élevé» maintenant.

L’immigration et son impact sur le logement joueront un rôle important dans les discussions à Montréal. Le gouvernement a déjà évoqué la possibilité de lier l’approbation des visas étudiants aux logements disponibles, et est sous pression pour étendre cela à davantage d’approbations d’immigration également.

Le Canada a actuellement pour objectif d’accueillir 485 000 nouveaux arrivants cette année.