Logement: Québec dénonce une nouvelle ingérence du fédéral
La Presse Canadienne|Mis à jour le 13 juin 2024Selon le ministre des Relations canadiennes, Jean−François Roberge, le gouvernement fédéral est en partie responsable de la situation de l’habitation au pays. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec— Le gouvernement Legault dénonce un «nouvel envahissement des champs de compétences du Québec», après qu’Ottawa a annoncé de nouvelles mesures en matière de logement.
«Nous avons pris connaissance de la dernière initiative du gouvernement Trudeau et la réponse est simple: c’est non!» a lancé le ministre des Relations canadiennes, Jean−François Roberge, en mêlée de presse mercredi à l’Assemblée nationale.
Alors que la crise du logement ne cesse de prendre de l’ampleur au pays, le gouvernement fédéral vient d’annoncer une série de mesures pour aider les locataires canadiens. On y retrouve un 15 millions de dollars destiné aux organismes provinciaux d’aide juridique qui aident les locataires à se défendre contre des hausses abusives de loyers et les «rénovictions». Le fédéral veut aussi créer une Charte canadienne des droits du locataire qui obligerait les propriétaires à donner l’historique des loyers payés d’un logement.
«Il n’est pas question de tolérer ce nouvel envahissement des champs de compétences du Québec de la part du gouvernement fédéral, qui veut arriver avec de nouvelles conditions, qui veut venir se mêler de nos affaires. Le logement, c’est de compétences du Québec», a affirmé M. Roberge devant les journalistes.
Selon le ministre québécois, le gouvernement fédéral est en partie responsable de la situation de l’habitation au pays.
«En ce moment, il augmente artificiellement la demande pour le logement. (…) Si le gouvernement fédéral veut vraiment contribuer et bien qu’il fasse son travail: qu’il réduise l’immigration temporaire, qu’il réduise le nombre de demandeurs d’asile», a-t-il soutenu.
M. Roberge a indiqué ne pas avoir été averti de l’annonce du fédéral. «C’est très cavalier comme manière de faire.»
La ministre de l’Habitation, France−Élaine Duranceau, estime que son gouvernement a déjà agi en la matière avec son projet de loi 31 sur le logement. La pièce législative ne contient pas de registre de loyers, car la ministre considère qu’il s’agit d’une mesure trop dispendieuse. «On l’a regardé deux fois plutôt qu’une au Québec et on a considéré que ce n’était pas la bonne façon de procéder», a-t-elle expliqué.
Le Bloc québécois n’a pas non plus tardé à réagir. «Cette nouvelle annonce n’est ni plus ni moins qu’une ingérence pleine et entière dans la compétence du Québec, qui a déjà le Tribunal administratif du logement», a indiqué le député bloquiste Denis Trudel dans une déclaration écrite.
«Le Bloc québécois défendra corps et âme la compétence du Québec, en réitérant sa principale demande en logement adressée à Ottawa en vue du budget 2024: qu’il cesse de se dresser en obstacle et entreprenne des négociations avec Québec afin de lui transférer les sommes dédiées au logement et à l’itinérance, pour mieux répondre à la crise actuelle», ajoute-t-il.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne