Loi anti-scabs: Poilievre dit être dans le camp des travailleurs
La Presse Canadienne|Publié le 13 novembre 2023Le chef conservateur, Pierre Poilievre, qui tente de séduire les travailleurs et de grappiller des votes au Nouveau Parti démocratique, avait été muet jusqu’à présent sur le sujet. (Photo: La Presse Canadienne)
Le chef conservateur Pierre Poilievre dit ne pas avoir décidé s’il est favorable ou pas au projet de loi qui interdira le recours à des travailleurs de remplacement durant une grève ou un lock−out, mais a assuré lundi que sa formation politique prend le camp des travailleurs.
«Les conservateurs sont solidaires avec les travailleurs qui se battent pour des augmentations de paie pour récupérer ce qu’ils ont perdu à cause de la « Justinflation »», a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse à Kelowna, en Colombie−Britannique.
M. Poilievre a affirmé que le nombre de grèves est en forte augmentation au pays. «Parce qu’après huit ans de Justin Trudeau, l’inflation et la pire en 40 ans, a-t-il lancé. L’inflation, ça cause des grèves.»
Les libéraux ont présenté la semaine dernière leur projet de loi qui concerne les entreprises de juridiction fédérale, comme les institutions financières, les télécommunications, la radiodiffusion, le transport maritime, le transport aérien, le transport interprovincial et international.
L’annonce a ravi les syndicats qui l’attendaient depuis des décennies, mais a déplu aux employeurs dont certains y ont vu un déséquilibre dans le rapport de forces entre les parties au profit des travailleurs.
Le chef conservateur, qui tente de séduire les travailleurs et de grappiller des votes au Nouveau Parti démocratique, avait été muet jusqu’à présent sur le sujet. Un peu comme pour le projet de programme national de soins dentaires, il entend «étudier» la mesure avant de se prononcer.
Il a cependant énuméré ses propres propositions «de gros bon sens», comme de mettre fin à la tarification du carbone «pour réduire le coût de l’essence (du) diesel et (de la) nourriture», de «plafonner» les dépenses et d’équilibrer le budget et de baisser les impôts «pour que les Canadiens ramènent plus de leur chèque de paie chez eux».
Le Congrès du travail du Canada n’avait pas répondu à une demande d’entrevue de La Presse Canadienne au moment de publier, mais dans une déclaration récente, sa présidente, Bea Bruske, affirmait que M. Poilievre «cache son véritable programme derrière un discours populiste».
Elle lui reprochait également d’avoir été ministre au sein d’un gouvernement qui a coupé dans les soins de santé, imposé des mesures d’austérité, adopté des lois antisyndicales et aidé de riches entreprises à payer encore moins d’impôt.
Le dépôt d’un projet de loi anti−briseurs de grève d’ici la fin de l’année était l’un des principaux éléments de l’entente «de soutien et de confiance» qui permet au gouvernement libéral minoritaire de se maintenir au pouvoir avec l’appui du NPD.
Le chef néo−démocrate Jagmeet Singh s’était d’ailleurs présenté tout sourire devant les journalistes à Ottawa, jeudi, dans le foyer de la Chambre des Communes, flanqué de son caucus et de leaders syndicaux.
Bien qu’un projet de loi anti−briseurs de grève constitue un engagement électoral des libéraux, le NPD considère que si ce n’était de l’entente, les libéraux ne seraient «jamais» passés de la parole aux actes.
Le parti de gauche plaide avoir déposé un projet de loi anti−scab huit fois au cours des 15 dernières années et que les libéraux et les conservateurs ont voté contre lorsqu’il y a eu un vote en 2016.
Le Bloc québécois calcule quant à lui avoir déposé des projets de loi similaires pas moins de 11 fois en 20 ans et est, a priori, favorable à la pièce législative.
«Les durées de conflits du travail durent deux fois plus longtemps au Canada qu’au Québec qui a une loi anti−briseurs de grève depuis les années 70», a plaidé la porte−parole bloquiste en matière de travail, Louise Chabot.
Michel Saba, La Presse Canadienne