Négociations du secteur public: «une main tendue» aux syndicats, dit Lebel
La Presse Canadienne|Publié à 11h14 | Mis à jour il y a 57 minutesLa présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le gouvernement Legault veut jeter à la poubelle le mode de négociation avec les syndicats du secteur public.
Le «processus rigide» ne permet pas des «règlements rapides», a résumé la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, dans le cadre très formel d’une déclaration ministérielle juste avant la période de questions.
Elle a annoncé le dépôt ultérieur d’un projet de loi pour changer les règles.
Les partis d’opposition ont pour leur part exprimé leur scepticisme, tandis que la ministre a évité de clarifier ses intentions avant d’avoir pu consulter notamment les syndicats.
«Je suis confiante que les syndicats vont y trouver une main tendue», a-t-elle dit en mêlée de presse après la séance de l’Assemblée, en assurant qu’elle ne veut pas changer le rapport de forces entre l’employeur et les syndiqués.
Le gouvernement caquiste avait d’ailleurs tenté d’insérer des «forums de discussions» dans le processus lors des dernières rondes de négociations et il avait été rabroué par les syndicats.
Le «régime de négociations n’a plus sa raison d’être en 2024», a-t-elle tranché en Chambre.
«Les règles actuelles ne répondent plus du tout aux réalités d’aujourd’hui et elles s’avèrent beaucoup trop lourdes. Le marché du travail a évolué, les relations de travail se déploient dans une nouvelle dynamique et l’économie s’est transformée.»
Actuellement, les négociations sont encadrées par des règles strictes, avec des tables sectorielles, des tables centrales, un calendrier, etc.
«Une chatte y perdrait ses petits, honnêtement», a commenté Mme LeBel, en mêlée de presse.
La ministre a annoncé qu’elle veut notamment simplifier la «structure de négociation», réviser la «gouvernance patronale» et adapter le régime à l’arrivée de Santé Québec.
Elle a entre autres déploré, à titre d’exemple, que des enjeux discutés à une table sectorielle ne puissent parfois être dissociés de l’enjeu salarial débattu à la table centrale.
«Pourquoi il faut être séparé entre les deux tables sur tous les enjeux?» a-t-elle demandé.
L’opposition officielle a vu dans les intentions de la ministre une diversion pour détourner la population des échecs du gouvernement caquiste.
«En quoi ce fameux futur projet de loi va aider les Québécois à ne pas attendre 20 heures une ambulance à Québec?» a lancé la députée libérale Marwah Rizqy.
«On n’aura pas plus de services ni en santé ni en éducation. […] Ce ne sont pas des structures dont on a besoin, ce sont des services.»
Québec solidaire (QS) dit attendre le projet de loi «avec impatience» et reconnaît que les lois qui encadrent ces négociations datent d’une autre époque, mais le député Vincent Marissal a exprimé une certaine méfiance.
«La bonne foi se présume, mais le doute est permis. J’entends parfois [dans les banquettes caquistes] un discours que moi, j’associe à une critique contre-productive du mouvement syndical.»
«Quelles sont leurs propositions? Quelle est leur évaluation de ce processus de négociation [lors de la dernière ronde]?» a pour sa part demandé le député péquiste Pascal Paradis.
«Il faut écouter les experts, les entendre avant de fixer ses objectifs, avant d’énoncer les intentions», a-t-il poursuivi.
Il a imagé que le discours de Mme LeBel est comme «la tarte aux pommes» avec de la «crème glacée à la vanille»: cela fait l’unanimité, mais ce sera une «simple salade de mots» si ça ne se traduit pas par des gestes concrets.
Mme LeBel a souligné que le cadre actuel trouve son origine dans le rapport Martin-Bouchard présenté en 1978, qui a donné lieu à la loi 37, encadrant les négociations du secteur public.
Rappelons que le gouvernement Legault sort de négociations difficiles, qui ont d’ailleurs coûté cher au Trésor public.
D’ailleurs, Québec tente toujours de s’entendre avec les éducatrices du secteur de la petite enfance.
Par Patrice Bergeron