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Northvolt: le ministère doit «accompagner les entreprises»

La Presse Canadienne|Publié le 16 février 2024

Northvolt: le ministère doit «accompagner les entreprises»

Appelé à réagir à ces critiques, le premier ministre a évoqué sa fierté d'avoir aidé Northvolt à s'implanter au Québec. (Photo: La Presse Canadienne)

Le premier ministre François Legault soutient qu’accompagner les entreprises fait partie du rôle du ministère de l’Environnement, alors que l’opposition évoque un traitement préférentiel et potentiellement un passe-droit dans le projet d’usine de batteries de Northvolt en Montérégie.

On apprend vendredi dans La Presse que le gouvernement a eu des échanges avec l’entreprise avant même qu’elle ne soit inscrite au registre des lobbyistes, et qui plus est Radio-Canada a rappelé que des fonctionnaires ont accompagné Northvolt dans ses démarches d’approbation.

La biologiste qui travaille au ministère et qui a recommandé de délivrer une autorisation ministérielle à Northvolt, a eu plusieurs échanges avec l’entreprise pour qu’elle s’ajuste aux exigences. 

Ce qui est, selon le premier ministre, une façon de faire habituelle. 

«Le rôle du ministère de l’Environnement, c’est d’accompagner les entreprises», a indiqué François Legault, en point de presse dans sa circonscription de L’Assomption vendredi. 

Obtenir une autorisation ministérielle ne doit pas être «une course à obstacles», a ajouté le premier ministre.

«Le ministère de l’Environnement aide une entreprise à se conformer aux normes environnementales qu’on a au Québec qui sont les plus élevées en Amérique du Nord, je pense que ça fait partie de son rôle de faire ça», a précisé François Legault. 

Mais l’opposition à Québec voit les choses différemment. 

«Plus on en apprend sur le dossier Northvolt, plus les doutes sont présents ou les apparences de traitement préférentiel à l’entreprise apparaissent évidentes, plus les demandes pour une plus grande transparence du gouvernement sont présentes», a affirmé le député péquiste Joël Arseneau en mêlée de presse au parlement. 

Appelé à réagir à ces critiques, le premier ministre a évoqué sa fierté d’avoir aidé Northvolt à s’implanter au Québec. 

«J’ai entendu depuis quelques semaines les trois partis d’opposition, le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois critiquer l’investissement de Northvolt. Moi, je vis très bien et je suis très fier que le Québec soit en train de devenir un leader mondial. Je pèse mes mots. Un leader mondial de l’économie verte.» 

Joël Arseneau s’est questionné aussi sur un déjeuner du fondateur de Northvolt, Pablo Cerruti, avec le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, le 6 février 2023, qui n’a pas été déclaré au registre des lobbyistes.

Deux semaines après, une demande de changement de réglementation environnementale était déposée et elle favorisait Northvolt en l’exemptant d’un processus d’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

«On soupçonne que l’entreprise a eu un passe-droit et sans blâmer ou sans être contre, d’aucune façon, un projet industriel de cette envergure, on réitère que le gouvernement, en nous faisant des cachotteries, nuit au projet, nuit à Northvolt et altère la confiance qu’on peut avoir dans un projet comme celui-là», a dit le député péquiste.

Questionné à savoir si les règles entourant le processus d’examen du BAPE pour une entreprise comme Northvolt avaient été changées avant ou après les premières rencontres du gouvernement avec l’entreprise suédoise, François Legault a répondu ceci: «La réponse est simple. Il n’y avait pas de normes pour la filière batterie. En fait, il n’y en avait pas sur les entreprises qu’on appelle de l’économie verte».

 

QS porte plainte

De son côté, Québec solidaire a annoncé en début d’après-midi qu’il portait plainte au commissaire au lobbyisme.

«Omettre volontairement des rencontres et contourner les règles environnementales, c’est ça le « changement d’attitude » de François Legault?», a indiqué le responsable solidaire en matière d’énergie, Haroun Bouazzi, dans un communiqué.

Le député a ajouté que «pour rétablir la confiance et favoriser l’acceptabilité sociale envers le projet d’usine à batteries de Northvolt, il n’y a qu’une seule solution: François Legault doit démarrer un BAPE sans attendre».

 

Une situation qui avait été soulevée en Cour

Le fait que la biologiste du ministère de l’Environnement qui a accompagné Northvolt dans sa démarche pour obtenir l’autorisation du ministère soit la même personne qui a recommandé cette autorisation avait été soulevé par le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) devant la Cour supérieure du Québec le 24 janvier dernier.

Lors des audiences concernant la demande d’injonction du CQDE pour faire arrêter les travaux de Northvolt, l’avocate Stéphanie Garon, qui représentait le gouvernement, avait expliqué au juge que «le ministère ne fournit pas un plan de match détaillé» aux entreprises.

Toutefois, «les échanges entre la scientifique et l’entreprise» font partie du «processus normal» lorsqu’une organisation souhaite obtenir une autorisation ministérielle, avait précisé Me Garon.