ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Le NPD veut garder le taux d'imposition des PME à 9%, mais augmenter celui des grandes entreprises.
En prévision des élections fédérales du 21 octobre, Les Affaires vous présente tout au long de la semaine des entrevues avec six politiciens provenant du Parti populaire du Canada, du Parti vert du Canada, du Bloc québécois, du Nouveau Parti démocratique du Canada, du Parti conservateur du Canada et du Parti libéral du Canada pour traiter des enjeux économiques de la présente campagne. Voici une entrevue avec Alexandre Boulerice, du Nouveau Parti démocratique du Canada.
ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Bien qu’il dit avoir du mal à comprendre comment le gouvernement libéral de Justin Trudeau peut budgéter un déficit de 20 milliards de dollars en 2019-2020 sans qu’il en résulte d’importantes retombées sociales, Alexandre Boulerice, le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), affirme que les nouvelles mesures économiques et sociales devraient avoir priorité sur le retour à l’équilibre budgétaire.
Le parti de Jagmeet Singh compte créer de nouvelles sources de revenus. Il veut revenir à un taux d’imposition des grandes entreprises de 18% (15% actuellement). M. Boulerice estime que ce taux est suffisant et qu’il permettrait de «garder notre compétitivité par rapport aux États-Unis».
Pour les petites et moyennes entreprises, le taux resterait inchangé à 9%.
Le NPD veut également appliquer une taxe sur les géants du Web (Facebook, Amazon, Google…) à hauteur de 3%, et imposer un taux de 1% sur les fortunes de plus de 20 millions de dollars. Ces taxes serviront à financer différentes mesures telles que l’assurance médicaments et l’assurance dentaire universelles.
Le député sortant de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, ne craint pas la fuite de capitaux que l’imposition des grandes fortunes pourrait créer. «C’est quelque chose qui est nécessaire de faire, parce qu’en ce moment, on s’aperçoit qu’il y a une iniquité totale dans l’augmentation des richesses au Canada. On pense que ces gens sont capables de faire leur part», a-t-il déclaré en entrevue. Il estime que cette mesure rapporterait 5,6G$ au Trésor public.
Une «Banque du climat» à 3G$ par année
Le parti de gauche prévoit un budget de 3G$ pour faciliter l’accès aux prêts des entreprises pour la réalisation de projets carboneutres. Le NPD espère la création de 300 000 emplois liés aux rénovations écoénergétiques, au transport en commun et à l’énergie renouvelable.
Bien que les fonds soient mis à disposition de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, M. Boulerice pense qu’elles profiteront majoritairement aux petites et moyennes entreprises, parce que «les très grandes entreprises canadiennes n’en ont pas vraiment besoin».
Pour les particuliers, les associations de citoyens et les groupes communautaires, ils auraient accès à des subventions grâce à un «fond monétaire pour les énergies propres», qui coûterait 750M$ par année aux contribuables.
Accès Internet en région et facture de téléphone
Le NPD souhaite étendre l’accès Internet haute vitesse dans tout le pays. Le candidat explique qu’un gouvernement néo-démocrate serait prêt à financer les infrastructures nécessaires dans les régions où, faute de rentabilité, les entreprises de télécommunications ne sont pas présentes.
«La mesure qu’on veut mettre de l’avant, c’est vraiment au chapitre des infrastructures. On veut garantir un accès Internet haute vitesse partout dans les régions du pays. On ne veut pas forcer les entreprises à faire des dépenses qu’ils n’auraient pas prévues, parce que ce n’est pas rentable pour eux. Cependant, on veut débloquer des fonds pour aider à payer les infrastructures qui ne seraient pas rentables pour les entreprises privées», a-t-il déclaré.
Le chef du NPD, M. Singh, a d’ailleurs déclaré vouloir réduire la facture de téléphonie mobile des consommateurs de 25%. Le parti voudrait procéder à l’inscription d’une loi fédérale imposant un plafond au prix qui peut être facturé. Le prix serait adapté par forfait, mais un forfait de base obligatoire serait offert.
La solution d’ouvrir les portes à plus de concurrents dans le marché des télécommunications n’intéresse pas le NPD.
«L’entrée d’autres joueurs sur le marché, les conservateurs ont déjà essayé ça, c’était vu comme une espèce de recette miracle, mais ça n’a pas fonctionné du tout. Là, on est dans une démarche plus coercitive», explique M. Boulerice, qui précise que les consommateurs auraient accès à cette mesure durant la première année du mandat.