Pandémie: la santé publique du Canada mal préparée, dit la VG
La Presse Canadienne|Publié le 25 mars 2021L’audit de la vérificatrice générale a permis de constater que l’Agence s’était fiée à un outil d’évaluation des risques qui n’était pas conçu pour évaluer le risque de pandémie. (Photo: 123RF)
L’Agence de la santé publique du Canada n’était pas suffisamment préparée à intervenir face à la pandémie de COVID−19 l’an dernier et elle a sous−estimé l’incidence possible du virus au début de la crise.
Ce sont les conclusions contenues dans le rapport de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, qui s’est penchée sur le niveau de préparation du gouvernement du 1er janvier au 30 juin 2020.
Son rapport, dévoilé jeudi, fait état de problèmes de longue date au sujet de la communication avec les provinces et territoires, ce qui a nui à l’échange de données entre les différents ordres de gouvernement et a empêché d’obtenir un portrait complet de la pandémie à l’échelle du pays.
Il est également mentionné que l’Agence n’avait pas non plus mis à jour ni testé les plans d’intervention d’urgence à l’échelle nationale en cas de pandémie depuis des années.
L’audit de la vérificatrice générale a permis de constater que l’Agence s’était fiée à un outil d’évaluation des risques qui n’était pas conçu pour évaluer le risque de pandémie.
Résultat: le niveau de risque du coronavirus a été évalué comme étant «faible» au pays jusqu’à la mi−mars, et ce, alors que les cas étaient en hausse au Canada et ailleurs dans le monde. Ce n’est qu’au 15 mars, à la demande de l’administratrice en chef, que la cote globale est devenue «élevée».
Mme Hogan est d’avis que ces lacunes ont nui aux efforts du Canada de détecter et de maîtriser le virus dès son arrivée au pays.
Elle s’est dite «découragée» de constater que l’Agence de la santé publique du Canada n’ait pas agi pour régler «des problèmes de longue date, dont certains ont été signalés à plusieurs reprises au cours des deux dernières décennies».
Gestion des frontières
La vérificatrice générale s’en est également prise à la gestion des frontières dans les premiers mois de la pandémie, qui a permis à des milliers, voire des millions de Canadiens de passer entre les mailles du filet.
Ce n’est que le 13 mars 2020 que le gouvernement fédéral a demandé d’éviter les voyages non essentiels et a appelé les Canadiens à l’étranger à rentrer au pays.
Par contre, ce n’est qu’au 25 mars que la quarantaine est devenue obligatoire.
Entre le 13 et le 25 mars, Mme Hogan estime qu’il y a eu 1,7 million de voyageurs internationaux qui sont entrés au Canada sans avoir l’obligation de se mettre en quarantaine pendant 14 jours. Cette mesure était seulement volontaire.
Et même lorsque la quarantaine est devenue obligatoire, l’Agence de la santé publique n’a pas été en mesure d’effectuer les suivis appropriés.
Dans son rapport, Mme Hogan constate que l’Agence ne savait pas si les deux tiers des voyageurs entrés au pays − soit l’équivalent de 108 800 personnes − avaient respecté leur mise en quarantaine du 5 mai au 30 juin 2020.
Elle indique de plus que moins de la moitié des voyageurs soupçonnés de ne pas avoir respecté leur quarantaine ont été signalés aux forces de l’ordre pour un suivi.
Il a fallu attendre en novembre 2020 afin que l’Agence oblige les voyageurs à fournir leurs coordonnées via l’application ArriveCAN. Jusque là, la collecte des données se faisait sur papier et les délais de traitement pouvaient prendre jusqu’à deux semaines.
Mme Hogan en conclut que l’Agence a «raté une occasion d’évaluer l’efficacité des mesures de quarantaine pour ce qui est de limiter la propagation du virus» dans les premiers mois de la pandémie.