Parti vert du Canada: la lutte aux GES profitera à l’économie
Stéphane Rolland|Publié le 07 octobre 2019ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Le Parti vert du Canada veut réduire les émissions de GES de 60% par rapport à 2005 d'ici 2030.
En prévision des élections fédérales du 21 octobre, Les Affaires vous présente tout au long de la semaine des entrevues avec six politiciens provenant du Parti populaire du Canada, du Parti vert du Canada, du Bloc québécois, du Nouveau parti démocratique, du Parti conservateur du Canada et du Parti libéral du Canada pour traiter des enjeux économiques de la présente campagne. Voici une entrevue avec Luc Joli-Coeur, du Parti vert du Canada.
ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Le Parti vert du Canada veut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 60% par rapport à 2005 d’ici 2030. Cet objectif aura un impact positif sur l’économie en amenant des «innovations technologiques et sociales», affirme Luc Joli-Coeur, candidat dans la circonscription de Québec.
Parmi les mesures qu’il juge favorables à l’économie, M. Joli-Coeur donne en exemple les investissements dans le transport en commun, le soutien à l’électrification des transports et à la taxe sur le carbone, qui serait augmentée «graduellement» selon les recommandations d’une commission indépendante sur la fiscalité.
«Tout ça va créer des emplois, car on va devoir innover, dit-il. Aussi, les entreprises vont vouloir payer le moins de taxe carbone possible. Alors, elles vont mettre de l’avant des innovations. Il faut transformer notre économie et la décarboniser.»
Certaines promesses du parti d’Elizabeth May sont traditionnellement moins populaires dans le milieu des affaires, comme l’augmentation du taux d’imposition fédéral des grandes sociétés de 15% à 21%.
M. Joli-Coeur, dont le père et la conjointe sont des entrepreneurs, souligne que le taux d’imposition des petites entreprises demeurera inchangé à 9%. Il ne craint pas que le Canada devienne moins concurrentiel par rapport aux États-Unis, qui ont abaissé le taux des grandes sociétés de 35% à 21% à partir du 1er janvier 2018.
«Le Canada est un endroit attrayant pour les entreprises à cause de la qualité de la main-d’oeuvre, des programmes sociaux et de la recherche dans les universités, répond-il. Ce sont des facteurs attrayants pour les entreprises qui décident de s’implanter au Canada.»
Questionné au sujet des intentions de son parti à propos d’Hydro-Québec, M. Joli-Coeur a profité de l’entrevue pour clarifier ce point. En campagne, Mme May a dit souhaiter que les surplus de la société d’État québécoise soient vendus aux autres provinces canadiennes. M. Joli-Coeur précise que l’intention est de favoriser la vente d’hydroélectricité aux autres provinces en créant un «corridor énergétique renouvelable», mais il assure qu’un gouvernement vert ne forcerait pas la main d’Hydro-Québec.
Fiscalité et équilibre budgétaire
Les opposants des verts mettent en doute la crédibilité de leur cadre financier, car le parti prévoit de nouvelles dépenses annuelles de 65 milliards de dollars.
Ils visent tout de même l’atteinte de l’équilibre budgétaire en 2024, notamment en abandonnant les subventions à l’énergie fossile, en augmentant l’impôt des grandes sociétés à 21%, en imposant une taxe de 0,5% sur les transactions financières et en taxant le gain en capital comme du revenu ordinaire.
Le Directeur parlementaire du budget, un organisme parlementaire indépendant, estime que les prévisions du cadre sont entourées d’un degré d’«incertitude élevée» quant aux revenus réels que ces mesures généreraient.
Le candidat, qui a fait carrière dans la fonction publique, notamment comme cadre au ministère des Finances du Québec, assure que le cadre financier de son parti est «responsable».
«Il va falloir que les revenus soient au rendez-vous, mais on pense que ce sera tout à fait possible d’aller chercher des revenus pour financer les programmes gouvernementaux, dit-il. Ces dépenses, ce sont en fait des investissements qu’on fait pour avoir une économie plus juste et plus équitable.»
Les verts s’inscrivent en faux contre les libéraux, qui repoussent le retour à l’équilibre au-delà du prochain mandat. «C’est une question d’être responsable», répond M. Joli-Coeur quand on lui demande pourquoi le parti n’a pas choisi de se donner plus temps avant de signer un budget à l’encre noire.
«C’est décevant qu’on n’ait pas réduit le déficit davantage dans une période où l’économie allait bien. C’est normal de faire des déficits quand l’économie va moins bien, mais il ne faut pas utiliser les emprunts pour financer les dépenses courantes», insiste-t-il.
Les verts tiendront une commission sur la fiscalité. Elle permettra, entre autres, de faire des recommandations sur l’application de la taxe carbone, explique M. Joli-Coeur.
La commission pourrait également suggérer de ne pas appliquer la pleine imposition du gain en capital à tous les particuliers, mais seulement aux plus nantis, «qui accaparent une grande partie de cette économie d’impôt», précise le candidat.