Présidentielle américaine: au Michigan, un vote pour ou contre les voitures électriques
AFP|Publié le 01 novembre 2024Les deux candidats à la présidentielle américaine ont des visions diamétralement opposées dans le domaine de la voiture électrique.
La course à la Maison-Blanche dans l’État clé du Michigan, coeur historique de l’industrie automobile américaine, pourrait se jouer sur la façon dont les électeurs considèrent la transition électrique. Menace ou opportunité?
L’ex-président républicain Donald Trump estime que le développement des véhicules électriques représente un risque existentiel.
De son côté, la vice-présidente démocrate Kamala Harris a promis des investissements d’envergure en faveur des véhicules électriques, et a reçu le soutien du puissant syndicat des ouvriers de l’industrie automobile (UAW).
Lequel des candidats aura les faveurs des électeurs de cet État clé du nord remporté par Donald Trump en 2016, puis Joe Biden en 2020, pourrait dépendre des promesses portées par le véhicule électrique.
Son évolution a jusqu’ici été quelque peu mouvementée: les constructeurs automobiles sont dans un premier temps partis sur les chapeaux de roue, lançant de coûteux projets de conversion ou de construction d’usines pour véhicules électriques et pour leurs batteries.
Mais une demande moins vigoureuse qu’anticipé a poussé certains, comme General Motors et Ford, à retarder des projets tout en se disant convaincus de leur succès à l’avenir.
«On a vraiment l’impression que nos emplois sont en jeu. Donald Trump se fiche de nos emplois», relève Hazen Turner, employé de Stellantis (Jeep, Chrysler, etc) qui fait campagne avec l’UAW. «Kamala, elle, s’en préoccupe», ajoute-t-il.
À l’opposé, Brian Pannebecker. Il gère le groupe Ouvriers de l’automobile pour Trump sur Facebook et pense qu’une victoire de Kamala Harris sonnerait le glas de l’industrie automobile du Michigan d’ici 10 ans, laissant place libre à la «Chine électrique».
400 milliards
L’administration Biden-Harris a multiplié les mesures pour accélérer la transition électrique aux États-Unis. Actuellement, les véhicules électriques représentent environ 8% des ventes dans le pays, contre seulement 1% en 2019, d’après le cabinet spécialisé Cox Automotive.
Elle a imposé aux constructeurs de commercialiser des véhicules à très faibles émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique. Depuis, ils ajoutent modèles électriques et hybrides à leurs gammes traditionnelles.
L’une des mesures emblématiques de cette administration est l’Inflation Reduction Act, une loi prévoyant 400 milliards de dollars américains pour des projets liés à la transition énergétique, dont des crédits d’impôts pour les acquéreurs de véhicules électriques.
Le Michigan a reçu, à ce stade, plus de 26 milliards de dollars américains, dont 500 millions pour la remise à niveau d’une usine de General Motors pour y fabriquer des véhicules électriques, avec 700 emplois à la clef.
Donald Trump a salué les accomplissements du milliardaire Elon Musk, propriétaire du spécialiste des véhicules électriques Tesla et très actif militant républicain, mais il ne tarit pas de critiques envers le programme Biden-Harris en la matière.
Lors d’un rassemblement électoral en septembre dans le Michigan, l’ancien président a affirmé: «Toutes ces voitures vont être fabriquées en Chine.»
«Miettes»
Le républicain l’assure également: Kamala Harris va forcer les consommateurs à acheter des véhicules électriques.
Sa rivale l’a accusé en retour de déformer ses propos, et soutient que le républicain «rabaisse» les ouvriers américains.
Malgré une rhétorique acerbe vis-à-vis des véhicules électriques, les experts de l’industrie dans le Michigan ne s’attendent pas à un rétropédalage complet si Donald Trump revient à la Maison-Blanche.
En particulier parce qu’une partie importante des fonds de l’IRA ont été octroyés à des États à majorité républicaine, comme le Tennessee et la Caroline du Sud.
«Les perspectives d’un retour en arrière marqué ne sont pas envisageables», selon Mike Jackson, un responsable de l’Association des fournisseurs d’équipements. «Des montants très importants ont déjà été investis», a-t-il relevé.
Charlie Chesbrough, économiste de Cox Automotive, prévient que laisser passer la transition électrique reviendrait pour les constructeurs historiques américains à se limiter à la production de pick-up pour la consommation locale.
Républicains et démocrates s’opposent également sur les droits de douane, relève Charlie Chesbrough.
Les économistes se montrent sceptiques concernant les annonces du républicain qui souhaite instaurer des droits de douane extrêmes pour inciter les constructeurs étrangers à implanter des usines aux États-Unis. Selon eux, de tels investissements nécessitent des années de planification.