Randy Boissonnault se retire du conseil des ministres
La Presse Canadienne|Publié il y a 41 minutes | Mis à jour il y a 31 minutesRandy Boissonault, critiqué par l'opposition, quitte le conseil des ministres. (Photo: La Presse canadienne / Adrian Wyld)
Attaqué de toutes parts en raison de controverses, notamment à propos de son ascendance autochtone, le ministre Randy Boissonnault a pris, mercredi, la porte du cabinet de Justin Trudeau.
«Le premier ministre et le député Randy Boissonnault ont convenu que Randy Boissonnault se retirerait du Conseil des ministres à compter de maintenant. Ce dernier se concentrera à faire la lumière sur les allégations à son encontre», peut-on lire dans la déclaration transmise par le bureau de Justin Trudeau.
Le courriel, qui a été transmis dix minutes avant une période des questions qui s’annonçait particulièrement houleuse, précise que c’est la ministre des Anciens Combattants, Ginette Petitpas Taylor, qui assumera temporairement les fonctions de Randy Boissonnault, soit celles de ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles.
Randy Boissonnault est particulièrement dans l’embarras depuis que le National Post a révélé qu’une entreprise dont il était copropriétaire avait postulé pour des contrats gouvernementaux tout en prétendant être une société autochtone.
Randy Boissonnault a été décrit comme autochtone à plusieurs reprises dans les communications du Parti libéral. En 2018, lors d’une réunion du comité du patrimoine, il s’est décrit comme un «Cri adopté sans statut de l’Alberta», ajoutant que son arrière-grand-mère était une «femme crie de pure souche» — une déclaration qu’il a répétée à d’autres occasions.
Il est récemment revenu sur ces commentaires et a indiqué que les membres de sa famille appartiennent à la nation métisse de l’Alberta. Il s’est excusé, affirmant ne pas avoir été «aussi clair [qu’il aurait] pu l’être sur qui [il est] et l’histoire de [sa] famille», ajoutant qu’il apprenait sur son héritage familial «en temps réel».
Les conservateurs reprochent aussi qu’il a continué à travailler pour son entreprise alors qu’il était ministre, ce que Randy Boissonnault a nié.
«Imposteur, fraudeur, corrompu»
Les troupes de Pierre Poilievre ont passé presque toute la période des questions de mardi à demander la démission de Randy Boissonnault. Ils l’ont notamment traité d’imposteur, de fraudeur et de corrompu.
«Des réflexions profondes sont nécessaires de la part du premier ministre et du caucus libéral sur pourquoi Randy Boissonnault a la permission de rester au cabinet et, je dirais même, au sein de leur caucus», a dit mercredi Michael Barrett en se rendant à une réunion des troupes conservatrices.
Le député néo-démocrate Blaike Desjarlais, qui est métis, avait joint mardi sa voix aux conservateurs en réclamant aussi le départ de Randy Boissonnault.
Avant l’annonce, mercredi, le député libéral d’arrière-ban Ken Hardie estimait que Randy Boissonnault, éclaboussé par plusieurs controverses, devait s’expliquer publiquement, ce qu’il n’a, selon lui, pas assez fait jusqu’à présent.
«Je pense qu’il doit sortir et dire à tout le monde ce qu’il sait, ce qu’il a fait», a dit l’élu britanno-colombien.
Selon lui, les réponses succinctes jusqu’ici données en période des questions par le ministre Boissonnault ne suffisent pas.
À son avis, Randy Boissonnault est visé par une sorte de lynchage de la part des conservateurs et mettre en lumière les faits serait «le meilleur désinfectant» contre cela.
Malaise chez les troupes libérales
Tandis que des libéraux affirmaient avoir toujours confiance en Randy Boissonnault comme ministre, d’autres ont rapidement tourné les talons quand des journalistes tentaient de les questionner à ce sujet.
Plusieurs ont aussi répondu que la question de savoir s’il méritait toujours sa place au cabinet devrait s’adresser au premier ministre Justin Trudeau. C’est le cas du député Jaime Battiste, qui est Mi’kmaq.
Un autre député d’arrière-ban, Yvan Baker, disait aussi croire qu’il revient au premier ministre de répondre à cette question, de même qu’à Randy Boissonnault. L’élu n’a pas voulu dire s’il croit que le ministre doit s’expliquer davantage, comme le croit Ken Hardie.
«Il y aura des conversations, j’en suis sûr, mais je pense que c’est une question pour le premier ministre et Randy Boissonnault», s’était-il contenté de dire.
Justin Trudeau ne s’est pas arrêté pour parler aux journalistes mercredi, alors qu’il se rendait à la réunion hebdomadaire du caucus libéral à Ottawa. La veille, il a déclaré que le ministre avait répondu aux questions sur son identité et qu’un élément «extrêmement important» de la réconciliation consiste à donner aux communautés et aux peuples autochtones les moyens de participer à l’économie.