Sidérurgie: Trump affirme qu’il empêchera le japonais Nippon Steel d’acquérir US Steel
AFP|Publié à 15h58Selon US Steel, l'échec de la transaction pourrait entraîner la fermeture d'aciéries.
Le président élu américain Donald Trump a annoncé lundi qu’il empêcherait le géant japonais de la sidérurgie Nippon Steel d’acquérir son rival américain US Steel, une prise de contrôle initialement annoncée en décembre 2023 pour 14,9 milliards de dollars américains.
«Je suis totalement contre le fait qu’US Steel, autrefois grand et puissant, soit acheté par une entreprise étrangère, dans le cas présent par le japonais Nippon Steel», a écrit le républicain sur son réseau Truth Social.
«À travers une série d’incitations fiscales et de droits de douane, nous rendrons à US Steel sa grandeur et sa force, et cela arrivera VITE! En tant que président, je bloquerai cet accord», a ajouté Donald Trump, qui doit succéder au démocrate Joe Biden le 20 janvier.
Lors de la campagne présidentielle, le président désigné s’était engagé à bloquer l’opération si elle n’était pas approuvée d’ici son arrivée au pouvoir, en accord avec ses positions protectionnistes.
Pour le moment, la Commission aux investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS) étudie encore le projet de rachat et doit remettre ses recommandations au président Biden, qui tranchera en dernier ressort.
Lourdes conséquences en cas d’échec
En difficulté, US Steel avait averti qu’en cas d’échec du rachat, il se verrait contraint de renoncer à des investissements massifs de modernisation sur plusieurs sites, au prix d’une casse sociale et de possibles fermetures d’aciéries.
De son côté, le groupe japonais a rapidement réagi mardi aux déclarations de Donald Trump, réaffirmant son intention de protéger l’appareil industriel et l’emploi aux États-Unis.
«Nippon Steel est déterminé à protéger et à développer US Steel de manière à renforcer l’industrie américaine, la résilience de la chaîne d’approvisionnement nationale et la sécurité nationale des États-Unis», tout en «garantissant» les emplois syndiqués, a-t-il indiqué dans un communiqué.
«Nous investirons pas moins de 2,7 milliards de dollars américains dans les sites [où sont présentes les organisations syndiquées], nous introduirons nos innovations technologiques de pointe», de sorte à produire «les aciers les plus performants pour les clients américains», a ajouté Nippon Steel.
Le syndicat des métallos USW (United Steelworkers) est farouchement opposé au rachat par crainte d’une casse sociale, même si le groupe japonais s’est engagé à maintenir l’emploi.
Joe Biden, comme Donald Trump, a fait part lui aussi à plusieurs reprises de son opposition à l’opération, considérant «essentiel» qu’US Steel demeure une entreprise américaine «détenue et exploitée» aux États-Unis.
En novembre, l’aciériste nippon n’en avait pas moins affiché sa sérénité, tablant sur un bouclage de l’acquisition d’ici la fin de l’année, avant que le président démocrate ne quitte la Maison-Blanche.
«On s’attend à ce que la transaction soit finalisée lors du quatrième trimestre 2024, d’ici décembre», avait alors affirmé l’entreprise dans une présentation de ses résultats trimestriels.
«À moins que les choses ne changent radicalement, je crois que [l’acquisition] sera conclue d’ici la fin de l’année», avait déclaré à la presse le vice-président de Nippon Steel, Takahiro Mori.
Pour sa part, le gouvernement japonais s’est gardé ces derniers mois de s’exprimer sur le sujet.