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Trudeau tentera de convaincre Biden de garder Keystone XL

La Presse Canadienne|Publié le 19 janvier 2021

Trudeau tentera de convaincre Biden de garder Keystone XL

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau (Photo: Adrian Wyld, La Presse Canadienne)

Justin Trudeau a indiqué mardi que le Canada continuerait de se battre pour convaincre l’administration du président désigné Joe Biden des mérites de l’expansion de l’oléoduc Keystone XL jusqu’au golfe du Mexique. 

Mais même cette défense acharnée du projet transfrontalier controversé, que M. Biden pourrait annuler dès mercredi, trahissait un certain aveu de défaite, mardi matin. Interrogé lors de sa conférence de presse quotidienne à Ottawa sur ce qu’il prévoyait de faire concrètement pour sauver le projet de 8 milliards $US, le premier ministre s’est plutôt attardé sur ce qu’il avait déjà fait, y compris l’appel téléphonique à M. Biden après son élection en novembre.

Le premier ministre a ensuite expliqué que c’est Kirsten Hillman, l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, qui relaie les pressions du gouvernement canadien «au plus haut niveau» dans l’entourage du président désigné, qui entrera en fonction à la Maison-Blanche mercredi. Ottawa souhaite mettre de l’avant les changements apportés au projet d’oléoduc initial et, de façon plus générale, les efforts renouvelés du Canada en matière de lutte au changement climatique.

Mais M. Trudeau a aussi reconnu mardi l’éléphant dans la pièce: l’équipe de campagne de M. Biden avait déjà promis en mai 2020 qu’elle ferait exactement ce que les documents de transition suggèrent pour mercredi. «Nous comprenons, bien sûr, que c’est un engagement que (…) le candidat Joe Biden avait pris d’annuler cet oléoduc», a admis M. Trudeau.

Des documents de la transition à la Maison-Blanche, consultés par La Presse Canadienne, suggèrent qu’un décret présidentiel pourrait intervenir dès mercredi pour annuler les approbations au projet du président Donald Trump. Des groupes écologistes ont aussi appris que ce décret serait signé mercredi. 

Les partisans du projet s’accrochent à l’espoir que le tollé qui s’ensuivra pourrait inciter l’entourage de M. Biden à leur accorder au moins une chance de le faire changer d’avis.

 

D’Obama à Biden 

Le projet politiquement controversé, d’abord lancé en 2008, vise à acheminer plus de 800 000 barils supplémentaires par jour de bitume de l’Alberta jusqu’aux raffineries de la côte du golfe du Mexique, en traversant les États-Unis du nord au sud.

L’oléoduc transfrontalier est depuis longtemps un pilier de la stratégie du Canada pour stimuler les exportations de combustibles fossiles, en «faisant sortir» les ressources énergétiques souterraines de l’Alberta, province sans accès direct aux océans.

Keystone XL est également devenu un paratonnerre dans les deux pays pour le débat perpétuel entre changement climatique, croissance économique et dépendance persistante aux combustibles fossiles. En conséquence, cet oléoduc n’a jamais obtenu la faveur du gouvernement démocrate de Barack Obama — qui incluait M. Biden, alors vice-président. Cette administration a ralenti le processus d’approbation pendant près de huit ans, à la grande frustration du premier ministre canadien de l’époque, Stephen Harper, pour finalement rejeter catégoriquement le projet en 2015.

Ottawa présente depuis des mois le projet Keystone XL à l’équipe Biden comme très différent et plus respectueux de l’environnement que l’original. Dans une tentative très tardive de gagner les faveurs de M. Biden, le propriétaire de l’oléoduc, TC Énergie, a confirmé dimanche un ambitieux plan visant à consacrer 1,7 milliard $US dans un système d’exploitation aux énergies solaire, éolienne et à batterie pour l’oléoduc, afin de garantir qu’il ne produira aucune émission d’ici 2030.

M. Trudeau a aussi plaidé mardi que l’approche du Canada à l’égard des changements climatiques, de manière plus générale, avait également évolué depuis l’annonce du projet initial. «Le Canada a beaucoup, beaucoup changé depuis que (M. Biden) était vice-président sous les années Harper, par rapport à notre leadership en matière de lutte contre les changements climatiques», a-t-il dit.

«J’espère que nous serons entendus (à la Maison-Blanche), que nos arguments seront pris en compte.»