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Trudeau veut travailler avec la nouvelle présidente du Mexique

La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024

Trudeau veut travailler avec la nouvelle présidente du Mexique

La candidate à la présidence du parti au pouvoir, Claudia Sheinbaum, salue ses partisans après la fermeture des bureaux de vote lors des élections générales au Mexique, dans la nuit du lundi 3 juin 2024 à Mexico. (AP Photo/Eduardo Verdugo)

Ottawa — L’élection de la première femme présidente du Mexique pourrait renforcer les relations avec le Canada.

Claudia Sheinbaum remplacera Andrés Manuel Lopéz Obrador en octobre. Tous deux sont issus du parti de gauche Morena, qui s’est concentré sur l’amélioration des conditions de vie des pauvres dans les dernières années. Le parti fait aujourd’hui face à des critiques concernant le crime organisé dans le pays.

«Je pense que nous verrons une relation amicale», a déclaré Laura Macdonald, professeure spécialisée dans la politique mexicaine à l’Université Carleton.

«Et si Trump est réélu, je pense que le Mexique et le Canada auront plus que jamais besoin l’un de l’autre pour affronter l’intimidateur dans les relations nord-américaines.»

Ancienne climatologue, Claudia Sheinbaum est la première dirigeante juive du Mexique et s’est fait connaître pour la première fois en tant que mairesse de la Ville de Mexico.

Justin Trudeau s’est entretenu avec Mme Sheinbaum par téléphone lundi. Un communiqué d’Ottawa indique «qu’ils se sont engagés à travailler en étroite collaboration pour renforcer la compétitivité nord-américaine» et les relations bilatérales.

Mme Sheinbaum a écrit sur le réseau social X en espagnol que tous deux étaient d’accord sur «les multiples intérêts communs entre le Mexique et le Canada et les grandes opportunités de renforcer nos relations».

L’élection survient trois mois après que les libéraux ont réimposé une exigence de visa pour les visiteurs mexicains. Ils craignent que la levée de l’exigence en 2016 ait entraîné une augmentation des demandes d’asile inéligibles et du trafic d’êtres humains vers les États-Unis.

Dans son discours de victoire, Claudia Sheinbaum a promis de poursuivre bon nombre des politiques de M. Lopéz Obrador, mais de «respecter la liberté des affaires, et de promouvoir et faciliter honnêtement les investissements privés nationaux et étrangers» au Mexique.

«Elle est probablement moins susceptible de s’engager dans une rhétorique incendiaire», a dit Laura Macdonald.

De possibles avantages pour l’industrie canadienne

Duncan Wood, vice-président du groupe de réflexion Wilson Center à Washington et conseiller principal pour le Mexique, a affirmé que l’engagement de Claudia Sheinbaum en faveur d’un commerce stable sera d’un intérêt particulier pour le Canada, qui est l’une des principales sources d’investissement dans les industries mexicaines telles que l’exploitation minière.

Andrés Manuel López Obrador a restructuré les opérations minières pour conserver davantage de bénéfices au Mexique et a également imposé des restrictions au secteur de l’énergie.

M. Wood a affirmé que Mme Sheinbaum pourrait abroger certaines restrictions en matière d’investissement tout en renforçant la réglementation environnementale, ce qui, selon lui, constituerait une opportunité pour l’industrie canadienne, en particulier en ce qui concerne le gaz naturel et les énergies renouvelables.

Il a fait savoir qu’il s’attend à ce que la nouvelle présidente évite les politiques qui font en sorte que le Mexique est accusé de violation des accords commerciaux.

«Les relations avec le Canada ont été difficiles au cours des six dernières années pour un certain nombre de raisons, en partie à cause des fanfaronnades de M. Lopéz Obrador. Mais aussi parce qu’il existe de réels problèmes dans les relations bilatérales liés aux différends en matière d’investissement.»

Aux côtés des États-Unis, les deux pays participeront à la réévaluation en 2026 de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), l’accord commercial qui a remplacé l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Avant les élections américaines de cette année, le président des États-Unis, Joe Biden, et son probable adversaire Donald Trump ont tous deux proposé des politiques protectionnistes.

Lundi, Justin Trudeau a qualifié l’ACEUM de «l’envie du monde et le résultat d’une relation solide et mutuellement bénéfique».

Duncan Wood a noté que l’accord nord-américain est un moyen pour le Mexique de se vendre comme un pays stable pour les investissements étrangers.

Il a également déclaré que le Mexique trouverait une cause commune avec le Canada face aux inquiétudes liées à la situation actuelle de l’industrie automobile, l’un des nombreux secteurs pour lesquels Claudia Sheinbaum pourrait exiger de meilleures politiques de la part des États-Unis.

«Elle a un point de vue de longue date selon lequel les États-Unis imposent ce qu’ils veulent au Mexique depuis bien trop longtemps», a-t-il dit.

«Désir de se rencontrer»

Outre le commerce, Justin Trudeau a affirmé dans un communiqué qu’il souhaitait travailler avec Mme Sheinbaum sur les changements climatiques, la sécurité internationale, l’égalité des sexes et la réconciliation avec les peuples autochtones.

Le Canada vise toujours à accueillir le prochain Sommet des dirigeants nord-américains cette année, malgré l’élection présidentielle américaine de novembre et le Mexique qui a révélé plus tôt cette année qu’Ottawa avait organisé le sommet pour le mois de février avant que les plans n’échouent.

Le bureau de Justin Trudeau a déclaré que les deux dirigeants «avaient exprimé leur désir de se rencontrer en personne bientôt» lors de leur appel de lundi.

M. Wood était au Mexique en tant qu’observateur des élections et a dit que «l’énorme victoire» du parti de Claudia Sheinbaum avait surpris la population, qui s’attendait à ce qu’elle gagne, mais pas à une éventuelle majorité qualifiée au Congrès mexicain.

Le résultat pourrait donner à son parti une large marge de manœuvre pour modifier la constitution mexicaine, après que M. López Obrador ait pris des mesures pour retirer des pouvoirs aux régulateurs indépendants et décrié le financement américain des groupes de la société civile qui critiquent le gouvernement.

L’organisation Freedom House stipule que le ministère mexicain de la Défense a utilisé des logiciels espions pour infiltrer les téléphones portables de nombreux militants, tandis que Human Rights Watch affirme que la réforme juridique proposée par le gouvernement menace l’indépendance judiciaire.

«En coulisses, il y a des inquiétudes quant à ce qu’il aurait pu faire pour restreindre les institutions démocratiques, a indiqué Laura Macdonald à propos de l’ancien président. Ce sera un sujet clé sous la nouvelle présidence.»

Pourtant, Mme Macdonald a déclaré que le Canada et le Mexique sont les meilleurs espoirs l’un de l’autre si les États-Unis décident que «la navigation ne sera pas facile» dans le commerce continental.

«Nous avons des intérêts communs et nous devons simplement continuer à travailler au développement de nos relations.»

 

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