Énergir a raté sa cible d’injecter 1% de GNR dans son réseau en 2022 en raison de volumes d'approvisionnement insuffisants. (Photo: 123RF)
Confrontée à des volumes d’approvisionnement moins élevés que prévu en gaz de sources renouvelables (GSR), Énergir songe à produire elle-même son propre GSR afin de le vendre ensuite à ses clients, a appris Les Affaires.
Les GSR regroupent le gaz naturel renouvelable (ou GNR, qui est entre autres produit à l’aide de résidus organiques tels que des restes de table) et l’hydrogène vert (qui est produit principalement par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable).
En entrevue à Les Affaires, Stéphanie Trudeau, vice-présidente exécutive du producteur et du distributeur d’énergies au Québec et dans le nord-est des États-Unis, explique que la réflexion stratégique est déjà très avancée, même si aucune pelletée de terre n’est prévue à ce jour.
«On a l’autorisation de l’actionnaire et du management (…) Si on a un bon projet, un bon partenaire, on va y aller!», affirme Stéphanie Trudeau.
Le cas échéant, Énergir s’allierait à un partenaire pour produire du GSR. Selon Stéphanie Trudeau, plusieurs options sont actuellement sur la table.
L’entreprise pourrait par exemple faire un partenariat avec une municipalité, une exploitation agricole ou avec des développeurs privés, des organisations qui génèrent ou qui ont accès à de la matière première afin de produire un gaz vert.
Produire du GSR avec un partenaire forestier ayant accès à de la biomasse issue de l’exploitation de la forêt pourrait aussi être une option envisageable à plus long terme, estime Stéphanie Trudeau.
Énergir produit et distribue déjà plusieurs sources d’énergie.
Dans le secteur gazier, elle distribue – mais elle ne produit pas – du gaz naturel classique d’origine fossile, ainsi que du gaz naturel renouvelable.
En revanche, Énergir produit de l’électricité avec des parcs de production d’énergies éolienne, solaire et hydroélectrique. C’est sans parler du fumier bovin, qui, transformé en biométhane, permet de produire de l’électricité renouvelable.
Dans ce contexte, produire du gaz de sources renouvelables ne serait pas une grande révolution pour l’entreprise québécoise.
La production et la distribution d’énergies fossiles, dont le gaz naturel classique, sont appelées à décroître à long terme. (Photo: 123RF)
De plus, cette nouvelle activité de production pourrait contribuer à accélérer sa stratégie à long terme de réduire ses volumes de gaz naturel fossile dans son réseau.
Au fil des ans et des décennies, la transition énergétique de l’économie québécoise marginalisera de plus en plus les sources d’énergies fossiles, dont le gaz naturel classique.
Énergir doit donc accélérer sa propre transition pour maintenir sa croissance dans une industrie – la production et la distribution d’énergies fossiles – appelée à décroître à long terme.
Cible minimale de GNR ratée en 2022
Cette réflexion stratégique chez Énergir survient alors que l’énergéticien a raté sa cible d’injecter 1% de GNR dans son réseau en 2022, rapportait récemment le quotidien Le Devoir, citant des documents déposés à la Régie de l’énergie du Québec.
La réglementation québécoise fixait à 1% la part de gaz consommé au Québec que devait représenter le GNR à travers le réseau d’Énergir.
Les contrats d’approvisionnement de GNR signés par l’entreprise permettaient sur papier de générer les volumes auxquels elle s’attendait en 2022.
En revanche, c’est ce qui a été réellement injecté dans le réseau d’Énergir qui a été inférieur à 1%, notamment en raison de retards pour certains projets de production de GNR.
En fait, actuellement, le GNR ne représenterait que 0,6% de l’ensemble des molécules transportées dans son réseau, selon les documents déposés à la Régie.
Bref, l’offre ne répond pas à la demande.
Étant donné qu’Énergir doit avoir 5% de GNR dans son réseau en 2025 et 10% en 2030, la structure actuelle de ses approvisionnements représente donc un certain risque d’affaires, selon Stéphanie Trudeau.
C’est la raison pour laquelle Énergir «ouvre la porte à devenir un producteur de gaz de sources renouvelables», souligne-t-elle.
Le cas échéant, la société contrôlerait l’ensemble de sa chaîne de valeur, et ce, de la production à la distribution de GSR. Sans être totalement éliminé, son risque d’approvisionnement serait grandement réduit.