La Fonderie Horne à Rouyn-Noranda (source photo: Louis Jalbert)
Confrontée à un déclin rapide de ses sources d’approvisionnement de concentrés de cuivre au Canada, la minière suisse Glencore veut accroître ses capacités pour transformer davantage de cuivre recyclé à sa Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, mais aussi un peu à son affinerie CCR, à Montréal.
«Ce serait idéal si nous pouvions doubler la portion de cuivre recyclé dans notre processus de production», dit au bout du fil Marc Bédard, chef de l’exploitation des sites métallurgiques du groupe cuivre chez Glencore, une division de la multinationale qui comprend 11 sites répartis dans 7 pays, incluant la Fonderie Horne et l’affinerie CCR.
Actuellement, les approvisionnements de la Fonderie Horne sont composés à 85% de concentrés de cuivre et à 15% de cuivre recyclé.
Glencore veut porter la portion recyclée à environ 30%, et ce, à partir essentiellement du cuivre contenu dans les produits électroniques et les téléphones cellulaires, explique Marc Bédard, sans pouvoir dire toutefois combien d’argent l’entreprise devrait investir pour atteindre ce niveau.
En 2014, le Groupe international d’étude du cuivre, une organisation qui relève de l’Organisation des Nations unies, a estimé que le cuivre recyclé représentait plus de 30 % de la consommation de cuivre dans le monde.
Pour atteindre son objectif, Glencore peut compter sur ses trois usines de recyclage de cuivre aux États-Unis (au Rhode Island, en Californie et en Arkansas), qui ont la responsabilité de collecter, d’échantillonner et de préparer cet intrant pour l’acheminer ensuite à la Fonderie Horne ou à l’affinerie CCR.
Chute de 50% des concentrés locaux
Le temps presse pour la minière, car les sources de concentrés canadiens diminueront de 50% d’ici 2025, selon étude publiée en décembre par Aviseo Conseil, portant sur l’impact des activités de Glencore au Québec dans le secteur du cuivre.
«Selon les estimations de la Fonderie, l’offre québécoise du cuivre de Bracemac-McLeod sera épuisée dans 5 ans, de même que les concentrés provenant des mines Strathcona, Kidd Creek (Ontario), et 777 (Manitoba) disparaîtront. Les concentrés locaux seront ainsi réduits de 50 %», peut-on lire dans le document de 76 pages.
Outre une utilisation accrue de cuivre recyclé, Glencore mise en fait sur trois autres options afin de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement de concentrés.
Elle espère d’abord que les mines de cuivre existantes pourront prolonger leur durée de vie. Glencore table ensuite sur la mise en service de nouvelles mines, dont PolyMet Mining, au Minnesota, dans le nord des États-Unis.
La minière pourrait enfin aussi acheter davantage de concentrés de l’étranger, incluant auprès de ses propres mines, notamment en Australie et en Amérique latine.
Résidus de produits électroniques comprenant du cuivre (source photo: Glencore)
Même si Glencore bénéficiera sans doute de la combinaison de toutes ces options, la société estime que l’utilisation de cuivre recyclé est l’option la plus intéressante, car cet intrant offre plusieurs avantages.
Selon l’étude d’Aviso Conseil, ce métal est recyclable à 100% sans que sa réutilisation n’altère ses propriétés. L’utilisation de cuivre recyclé dans le processus de production permet aussi d’économiser 63% d’énergie et de réduire de 65% les émissions de C02 comparativement au concentré extrait des mines.
L’attrait du cuivre recyclé s’explique aussi par le fait les réserves mondiales s’amenuisent peu à peu. «Il est de plus en plus difficile de trouver du cuivre», souligne Marc Bédard.
Selon un rapport publié en 2019 par S&P Global Market Intelligence (SPGMI), l’industrie minière a «pour la plupart échoué» à localiser de nouvelles découvertes importantes de cuivre au cours de la dernière décennie.