Scotia affaiblie par des provisions et par la restructuration
La Presse Canadienne|Publié le 28 novembre 2023La banque a donné mardi le coup d'envoi de la saison des résultats bancaires du quatrième trimestre en annonçant un bénéfice net de près de 1,39 milliard de dollars, soit 1,02$ par action. (Photo: 123RF)
Les bénéfices de la Banque Scotia ont été considérablement réduits au cours du dernier trimestre, car l’institution bancaire a ressenti les premiers effets du ralentissement de l’économie et s’est préparée à affronter le pire.
La banque a donné mardi le coup d’envoi de la saison des résultats bancaires du quatrième trimestre en annonçant un bénéfice net de près de 1,39 milliard de dollars (G$), soit 1,02$ par action, pour le trimestre clos le 31 octobre, contre 2,09G$, ou 1,63$ par action, pour la même période de l’année précédente.
Les résultats ont été fortement influencés par le montant des provisions pour prêts irrécouvrables, les taux d’intérêt élevés devant peser de plus en plus sur les emprunteurs, ainsi que par les charges liées aux licenciements et aux fermetures de succursales entamés au cours du trimestre afin de réduire les dépenses à l’avenir.
Le président et chef de la direction, Scott Thomson, qui a rejoint la banque il y a un an en tant que président, a affirmé que les résultats reflétaient une concentration de coûts qui devrait se traduire par une croissance des bénéfices à l’avenir.
«Nous voulions agir rapidement pour résoudre un grand nombre de ces problèmes concernant le capital, les liquidités, les coûts par le biais de la charge de restructuration, les provisions, et c’est ce que nous avons fait», a déclaré Scott Thomson lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
«Je suis conscient que 2023 a été une année difficile sur le plan financier, mais les mesures prises ont été décisives, délibérées et nécessaires.»
La banque a annoncé que sa dotation pour pertes sur créances pour le trimestre s’élevait à près de 1,26G$, en hausse par rapport aux 529 millions de dollars (M$) du même trimestre de l’année précédente.
Restructuration
Les résultats comprennent également une charge de 354M$ liée à la restructuration et aux indemnités de départ, ainsi qu’une charge de 87M$ liée à la consolidation et à la sortie de certains biens immobiliers, deux éléments annoncés au cours du trimestre, lorsque la banque a dit qu’elle réduirait d’environ 3% ses effectifs au niveau mondial.
La banque a indiqué qu’elle comptait 89 483 employés à la fin du trimestre, soit environ 1500 de moins qu’au trimestre précédent, clos le 31 juillet, ou un peu plus de la moitié de l’objectif de réduction de 3% qu’elle s’était fixé.
Elle comptait 2379 agences et bureaux à la fin du trimestre, soit 19 de moins qu’au trimestre précédent, bien qu’aucune des fermetures d’agences annoncées au cours du trimestre n’ait encore eu lieu en raison des règles relatives à l’octroi d’un préavis de plusieurs mois aux communautés.
La banque n’a pas précisé au cours du trimestre le nombre total de succursales qu’elle prévoyait de fermer, mais elle a confirmé qu’elle fermerait huit succursales à Terre-Neuve, dans le cadre d’une consolidation sur différents marchés au Canada.
La réduction des coûts à la base intervient alors que Scott Thomson, qui a pris ses fonctions de chef de la direction en février, s’apprête à publier le nouveau plan stratégique de la banque le mois prochain et que les vents contraires s’intensifient dans l’économie.
Contexte économique
Pour l’instant, la banque affirme que les clients s’en sortent malgré les taux d’intérêt plus élevés, les impayés restant faibles. Le signe le plus évident de tension se trouve plutôt dans les niveaux d’épargne qui commencent à baisser, ainsi que dans les dépenses, qui, selon la banque, ont diminué de 3% pour les cartes de crédit et de débit par rapport au trimestre précédent.
«Notre hypothèse de base est que la croissance économique continuera à se ralentir à court terme en Amérique du Nord», a observé Scott Thomson.
«Les taux d’intérêt plus élevés ont l’impact économique souhaité par la banque centrale, ce que nous constatons à travers la modération de l’inflation et le comportement de nos propres clients.»
Mais comme les taux d’intérêt risquent de rester élevés, la banque a augmenté ses provisions pour prêts irrécouvrables bien plus que ne le prévoyaient les analystes.
L’analyste Gabriel Dechaine, de la Banque Nationale, a expliqué que les provisions étaient supérieures de 40% à ses prévisions, ce qui, avec des revenus inférieurs aux prévisions et des dépenses plus élevées, a laissé les bénéfices bien en deçà des attentes.
Sur une base ajustée, la Banque Scotia a annoncé avoir gagné 1,26$ par action au cours de son dernier trimestre, en baisse par rapport à 2,06$ par action un an plus tôt.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 1,65$ par action, selon la firme de données sur les marchés financiers Refinitiv.
Revenus totaux en hausse
Le total des revenus s’est élevé à près de 8,31G$, contre près de 7,63G$ au cours du même trimestre de l’année précédente.
Les activités bancaires canadiennes de la Banque Scotia ont généré un bénéfice net de 810M$ attribuable aux détenteurs de titres de capitaux propres de la banque, en baisse par rapport à 1,17G$ au même trimestre de l’exercice précédent. Les activités bancaires internationales ont quant à elles généré un bénéfice net de 562M$ attribuable aux actionnaires, en diminution par rapport aux 643M$ enregistrés au quatrième trimestre précédent.
Les activités de gestion de patrimoine mondiale de la Banque Scotia ont dégagé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 327M$, en baisse par rapport à 361M$ l’an dernier, tandis que les activités de services bancaires et de marchés mondiaux ont atteint 414M$, une diminution par rapport à 484M$ au même trimestre l’an dernier.
La catégorie des «autres» activités de la banque a enregistré une perte attribuable aux actionnaires de 759M$ au cours du dernier trimestre, contre une perte de 603M$ un an plus tôt.
Scott Thomson a déclaré que, bien que la période ait été difficile, il est attendu que les coûts engagés aujourd’hui porteront leurs fruits à l’avenir.
«En se concentrant sans relâche sur l’amélioration de l’efficacité et en procédant à des ajustements appropriés, la banque sera en mesure de réussir à l’avenir.»