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79% des locations sur Airbnb au Québec n’étaient pas certifiées

La Presse Canadienne|Publié le 28 mars 2023

79% des locations sur Airbnb au Québec n’étaient pas certifiées

La semaine dernière, la plateforme de location de logements Airbnb a indiqué qu’elle supprimerait toutes les annonces qui ne fournissent pas de numéro d’enregistrement officiel. (Photo: La Presse Canadienne)

Selon un rapport du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), 79% des locations offertes sur Airbnb au Québec le mois dernier n’étaient pas certifiées. De son côté, la plateforme de location de logement a indiqué mardi qu’elle procédait à la désactivation des annonces sans numéro d’enregistrement sur son site.

Sur les 29 482 annonces publiées sur le site d’Airbnb au mois de février, 23 245 n’étaient pas certifiées selon le rapport intitulé «Airbnb : un saccage du parc locatif québécois».

Les auteurs indiquent que c’était à Laval, avec un taux de 95%, que se trouvait la proportion d’annonces illégales la plus élevée.

Mais Airbnb soutient que les estimations de la RCLAQ «sont inexactes».

La Presse Canadienne a demandé au porte-parole d’Airbnb Matt McNama de lui fournir les données concernant le nombre d’annonces de locations qui n’étaient pas certifiées le mois dernier et il a répondu ceci:

«Nous ne publions pas le nombre d’annonces dans une ville, mais je peux confirmer que le nombre est inexact».

Une pratique qui contribue à la crise du logement selon le rapport

Au-delà de la proportion d’annonces illégales, ce sont les conséquences de cette pratique qui inquiètent les auteurs du rapport, qui accusent Airbnb d’être responsable d’une part importante de la pénurie de logements.

«Dans la plupart des régions, si les logements loués sur Airbnb n’avaient pas été perdus à l’hébergement touristique, le taux d’inoccupation serait en équilibre ou au-dessus du seuil d’équilibre», a indiqué Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ.

Un marché locatif est considéré comme étant équilibré lorsque le taux d’inoccupation atteint 3% selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Sous ce taux, il y a pénurie de logements, comme à Montréal où le taux était de 2,3% à l’automne 2022.

Les annonces sans numéro d’enregistrement seront «désactivées aujourd’hui»

La semaine dernière, la plateforme de location de logements Airbnb a indiqué qu’elle supprimerait toutes les annonces qui ne fournissent pas de numéro d’enregistrement officiel de son site et qu’elle ajouterait un champ qui exigera ce permis pour toutes les annonces au Québec.

La décision d’Airbnb avait été annoncée après une rencontre avec la ministre du Tourisme Caroline Proulx.

La Presse Canadienne a constaté mardi qu’Airbnb continuait d’afficher des annonces sans numéro d’enregistrement officiel.

Dans certaines régions, le nombre d’annonces sans numéro d’enregistrement était même en hausse, mardi matin, comparativement au mois dernier, selon les données du RCLALQ.

Mardi après-midi, le porte-parole d’Airbnb Matt McNama a écrit à La Presse Canadienne que «toutes les annonces de location à court terme sans numéro d’enregistrement sur Airbnb seront désactivées aujourd’hui» et que «pour continuer à héberger des séjours de courte durée, les Hôtes doivent demander un numéro d’enregistrement et l’ajouter à leur page d’annonce».

Matt McNama a ajouté que «les hébergeurs peuvent obtenir un numéro d’inscription sur le site internet de la Corporation de l’industrie touristique du Québec».

«La certification ne règle pas tout»

«La certification, ça ne règle pas tout. Le cœur du problème, ce n’est pas l’illégalité, mais la transformation du parc locatif à des fins touristiques. On parle ici de locataires évincés en toute légalité pour louer des logements à des touristes ou des investisseurs qui achètent des logements dans le seul but de les louer sur Airbnb», a indiqué Cédric Dussault.

Le RCLALQ demande au gouvernement du Québec de tout simplement proscrire la location de courte durée dans toute résidence et d’interdire les plateformes de location numériques comme Airbnb.

«À défaut d’une interdiction complète, le RCLALQ propose également plusieurs autres mesures pour limiter les effets nocifs de ces plateformes, comme l’interdiction de l’usage touristique commercial du parc locatif et l’abrogation de l’article du Code civil du Québec qui permet l’éviction de locataires pour changement d’affectation», a précisé le co-porte-parole du RCLALQ.

Airbnb est sous les projecteurs depuis l’incendie d’un bâtiment patrimonial situé dans le Vieux-Montréal, dans lequel se trouvaient plusieurs appartements affichés sur la plateforme même si ce type de location est illégal dans ce secteur.

Les équipes de recherche ont retrouvé sept corps dans les décombres du bâtiment.

Invité à commenter le rapport du RCLALQ qui estime qu’Airbnb contribue à la crise du logement, le cabinet de la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau a indiqué que «le resserrement des règles offrira certainement un peu plus “d’oxygène” aux municipalités. Cela dit, nous continuons activement à trouver et apporter d’autres solutions afin d’améliorer la situation.»