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Amazon: un robot humanoïde, un garagiste virtuel et plus

Maxime Johnson|Publié le 30 octobre 2023

Amazon: un robot humanoïde, un garagiste virtuel et plus

Le robot humanoïde Digit, dans un centre de traitement d’Amazon. (Photo: Maxime Johnson)

TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.

TECHNO SANS ANGLES MORTS. Le géant du commerce électronique Amazon a récemment ouvert les portes d’un de ses principaux centres où sont mises à l’essai les futures technologies qui transformeront ses centres de traitement et son réseau de livraison. Voici quatre innovations à surveiller.

 

Sequoia: repenser les centres de traitement

Sous la passerelle où je suis perché, au centre de traitement Amazon BFI1, en banlieue de Seattle aux États-Unis, des dizaines de robots à l’apparence de gros aspirateurs Roomba s’affairent à transporter de grandes étagères jaunes en tissu contenant les milliers de produits qui quittent cet entrepôt tous les jours.

Comme c’est le cas dans la plupart des centres de l’entreprise, notamment à Montréal, les employés n’ont pas à parcourir l’entrepôt à la recherche de la marchandise à livrer. Ce sont plutôt ces étagères qui viennent à eux, à condition que les biens vendus soient assez petits. Il suffit alors de se pencher ou de monter sur un escabeau pour prendre les objets et les envoyer à la prochaine étape. Le robot ramène ensuite l’étagère à sa place.

Cette procédure implantée il y a des années chez Amazon pourrait bientôt changer, avec l’arrivée de Sequoia, un nouveau système où les modestes casiers jaunes sont remplacés par de gros bacs bleus. Avec Sequoia, un premier robot transporte encore les étagères, mais un second retire les bacs, puis les pose sur un tapis roulant à la hauteur de l’employé.

 

De grandes étagères en tissus sont transportées aux employés qui doivent rassembler les produits à envoyer aux clients d’Amazon. (Vidéo: Maxime Johnson)

 

 

Le système automatisé Sequoia devrait améliorer à la fois l’efficacité et la sécurité des centres de traitement d’Amazon. (Vidéo: Maxime Johnson)

 

«Cette compartimentalisation est un changement majeur pour Amazon», m’explique Tye Brady, chef de la technologie chez Amazon Robotics, lors de l’événement Delivering the Future, où je me suis récemment rendu à l’invitation d’Amazon avec une centaine d’autres journalistes d’un peu partout dans le monde.

Non seulement ces bacs rendent possible le traitement automatique des objets plus volumineux, mais leur positionnement devrait rehausser la sécurité des travailleurs, qui n’auront plus à constamment se pencher et s’étirer. «Ça permet aussi d’améliorer plusieurs autres processus, comme le fait de mettre les objets directement du camion à ces bacs», poursuit Tye Brady, dont la division a créé et fabriqué les 750 000 robots qui œuvrent dans les centres d’Amazon dans le monde.

La réception de marchandise serait d’ailleurs 75% plus rapide avec Sequoia qu’avec le système actuel, selon les premières évaluations. Éventuellement, les bacs pourraient également être utilisés pour le transfert de marchandise d’un entrepôt à un autre, par exemple.

 

UVeye: inspecter les camions automatiquement

Depuis quelques mois, les camions qui reviennent de leurs livraisons quotidiennes au centre de traitement de Lachine à Montréal doivent passer dans une arche lumineuse dotée de multiples caméras, qui filment notamment les pneus, la carrosserie et la mécanique sous le véhicule. Le résultat est analysé avec des algorithmes d’intelligence artificielle entraînés spécifiquement pour tous les camions utilisés par l’entreprise.

«L’inspection qui prenait auparavant 5 minutes au chauffeur n’en prend désormais qu’une, et elle permet de remarquer 1,7 fois plus d’anomalies», m’explique Aziz Makkiya, gestionnaire de produit chez Amazon.

Le système de détection Uveye est utilisé dans 21 centres d’Amazon dans le monde, incluant à Montréal. (Photo: Maxime Johnson)

Amazon a contribué à adapter la technologie à ses besoins, mais les arches sont conçues par l’entreprise israélienne UVeye. «Nous avons aussi des ententes avec des fabricants de voitures pour des concessionnaires automobiles», précise Amir Hever, PDG d’UVeye. La technologie pourrait en outre être utilisée par n’importe quelle entreprise dotée d’une flotte de véhicules assez grande pour justifier un tel investissement, par exemple.

Détail intéressant, une importante partie de la production des systèmes de détection d’UVeye est réalisée à Montréal, chez un partenaire qui sera dévoilé dans les prochaines semaines. Environ 50 unités y sont assemblées tous les mois, une quantité qui devrait bientôt doubler.

 

Digit: les robots humanoïdes font leur apparition

Amazon Robotics produit deux types de robots: ceux qui se déplacent, comme ceux qui transportent les étagères dans les centres, et ceux qui manient les objets, comme Sparrow, un robot lancé l’an dernier qui capable de reconnaître et de transférer des objets individuels d’un panier à un autre.

«La prochaine grande étape est de pouvoir combiner les deux avec un robot capable de se déplacer et de manipuler des objets», explique Scott Dresser, vice-président d’Amazon Robotics.

Amazon a d’ailleurs un robot du genre à l’essai à Amazon BFI1, un centre plus petit que la moyenne et situé près du siège social d’Amazon, et utilisé pour tester les futures technologies de l’entreprise.

 

Le robot Digit de Agility Robotics peut se déplacer et manipuler des objets. (Vidéo: Maxime Johnson)

 

Ce robot d’une forme humanoïde, Digit, est conçu par Agility Robitcs, une entreprise dans laquelle Amazon a investi à l’aide de son Industrial Innovation Fund (Fond d’innovation industrielle). Lors de mon passage, deux unités s’affairaient à transporter des bacs jaunes vides d’un endroit à un autre, avec une lenteur évidente. 

«C’est une avenue potentielle qu’on met à l’essai. Un humanoïde est une façon logique de créer un robot mobile, car nous avons aussi des bras et des jambes, mais ce n’est pas la seule option que nous allons explorer. C’est une expérience», résume Scott Dresser, qui ne semblait pas déborder d’enthousiasme pour le robot. 

Rappelons que plusieurs autres entreprises développent des robots humanoïdes pour le travail dans les usines, notamment Tesla, avec son robot Optimus. 

 

Une nouvelle machine pour des boîtes sur mesure

Avez-vous déjà reçu un petit objet entouré de papier bulle dans une immense boîte pratiquement vide? Si tout se déroule bien, une telle livraison sera un jour chose du passé. 

Au centre Amazon BFI1, une nouvelle machine permet en effet de découper automatiquement des emballages en carton sur mesure pour les articles uniques, ce qui réduit la taille des boîtes et évite d’avoir à les remplir de papier ou de papier bulle. 

«Nous travaillons aussi à adapter la machine pour qu’elle puisse emballer plusieurs objets», précise Patrick Lindner, vice-président responsable de la mécatronique et de l’emballage responsable chez Amazon.

L’arrivée de tels emballages pourrait cependant prendre du temps. Quand Amazon développe de nouvelles technologies pour ses centres, celles-ci sont généralement déployées dans les nouveaux établissements, ou dans ceux qui doivent être rénovés, ce qui est plus rare.

Une nouvelle machine permet de découper des boîtes de carton pour les produits vendus sur Amazon. (Vidéo: Maxime Johnson)

 

Une autre machine présentée lors de l’événement Delivering the Future pourrait toutefois entrer en action plus rapidement. Celle-ci découpe des emballages de papier pour les petits objets qui ne sont pas trop fragiles. «C’est un papier facilement recyclable, qui permet de remplacer les enveloppes de plastique que nous utilisons en ce moment», explique Patrick Lindner. Contrairement à l’appareil capable de produire des emballages de carton, celle-ci a été conçue en modernisant une machine existante et répandue dans les centres d’Amazon. 

Selon l’organisation de conservation des océans Oceana, Amazon aurait généré plus de 300 millions de kilogrammes de déchets de plastique en 2021 seulement, en hausse de 18% par rapport à l’année 2020. Il reste à voir à quelle vitesse le géant du commerce choisira de déployer ses nouveaux emballages.