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Automatisation, IA: les universités doivent s’adapter rapidement

La Presse Canadienne|Publié le 02 janvier 2020

Automatisation, IA: les universités doivent s’adapter rapidement

(Photo: La Presse canadienne)

Alors que l’automatisation et l’intelligence artificielle continuent de transformer les environnements de travail au Canada, les établissements postsecondaires assurent qu’ils travaillent à préparer les étudiants à des emplois qui parfois n’existent même pas encore.

Le changement climatique, les mégadonnées et la cybersécurité sont de plus en plus à l’honneur dans les universités canadiennes, qui adaptent leurs offres pour répondre «non seulement aux besoins d’un marché en mutation, mais d’une société en pleine évolution», a résumé Paul Davidson, président de l’association Universités Canada, dans une entrevue récente.

La prospective peut toutefois s’avérer difficile. «Il circule des chiffres comme ’50 % des emplois (de l’avenir) n’ont pas encore été définis’, alors comment une organisation (…) peut−elle se préparer à ce genre de changements?», admet M. Davidson.

Un document de recherche publié en 2018 estimait que la moitié des emplois au Canada seraient touchés par l’automatisation au cours de la prochaine décennie. Les compétences dites «humaines», telles que la pensée critique et la résolution de problèmes, seraient alors essentielles pour demeurer compétitif et résilient en cette ère de perturbations et d’intelligence artificielle.

L’étude, menée par Économique RBC, révélait toutefois que le système d’éducation au Canada n’était pas conçu pour aider les jeunes à naviguer dans cette nouvelle économie des compétences. Les chercheurs recommandaient de veiller à ce que chaque étudiant de premier cycle ait la possibilité, avant d’obtenir son diplôme, de suivre un stage, un programme coopératif ou une autre formation qui lui donnerait de l’expérience. 

Les universités, de leur côté, affirment qu’elles travaillent quotidiennement avec les professeurs, les experts et les leaders de l’industrie pour s’assurer que les étudiants seront préparés à cette évolution du paysage économique et du monde du travail.

Susan McCahan, vice−doyenne aux programmes à l’Université de Toronto, explique que la pérennisation des formations demeure un processus complexe, qui implique plus que la simple création de nouveaux programmes. Il faut aussi repenser les programmes existants en fonction des futures tendances de l’emploi, en particulier dans les secteurs fortement exposés à l’intelligence artificielle — par exemple la pharmacie.

«On estime que dans un avenir assez proche, le travail du pharmacien sera vraiment très différent», a déclaré Mme McCahan. «Comment on doit alors former les pharmaciens à offrir des soins efficaces aux clients, et qu’est−ce que cela signifie dans un monde où les ordonnances sont livrées à domicile et où vous ne vous rendez pas (à la pharmacie) pour trouver un pharmacien? Ou peut−être y a−t−il une machine distributrice où l’ordonnance vous attend.»

 

Nouveaux programmes

Alors que certains programmes traditionnels font l’objet d’une révision, un grand nombre de nouveaux programmes sont également apparus ces dernières années, pour répondre à des besoins importants et émergents dans la société et la main−d’œuvre.

L’Université York de Toronto, par exemple, a récemment dévoilé un nouveau programme de gestion des catastrophes et des urgences, qui serait le premier du genre au Canada.

L’Université de Toronto, quant à elle, a commencé à offrir ce qu’elle appelle le premier programme de génie de premier cycle au pays en «apprentissage machine», spécialisé dans l’étude, le développement et l’application d’algorithmes qui aident les systèmes à analyser des données.

L’Université du Nouveau−Brunswick a ouvert en 2017 un nouvel institut de cybersécurité, dans l’espoir de créer une plaque tournante pour cette question cruciale en cette ère numérique. Au Collège d’agriculture de l’Université de Guelph, en Ontario, on constate un regain d’intérêt pour l’«agriculture de précision» — l’utilisation des données pour exploiter les ressources de façon plus efficace et écologique —, a souligné le doyen, René Van Acker.

De nombreuses facultés disent se concentrer sur les compétences sous−jacentes qui permettront aux étudiants de naviguer dans les changements technologiques de leur secteur — en particulier le travail d’équipe, la communication et la gestion de projet, qui seraient de plus en plus prisées par les employeurs. 

«L’université est particulièrement bien placée pour offrir (ces compétences sous−jacentes), parce que nous ne pensons pas à la formation professionnelle: nous pensons au développement des compétences et des intérêts des gens», a soutenu Alice Pitt, vice−doyenne des programmes à l’Université York.

Une collaboration interdisciplinaire est souvent nécessaire, par ailleurs, pour proposer de nouveaux cours afin de préparer les étudiants aux problèmes auxquels ils seront confrontés en milieu de travail, a ajouté Mme Pitt. Par exemple, «le département de philosophie crée le cours d’éthique pour les gens d’affaires et les ingénieurs qui pratiquent l’intelligence artificielle».