BCE signe une entente pour acheter Ziply Fiber pour 5G$
La Presse Canadienne|Mis à jour le 04 novembre 2024BCE a annoncé avoir signé un accord pour acheter le fournisseur américain d'accès internet par fibre optique Ziply Fiber pour environ 5G$. (Photo: La Presse Canadienne / Christinne Muschi)
BCE annonce avoir signé une entente pour acheter le fournisseur américain d’accès internet par fibre optique Ziply Fiber pour environ 5 milliards de dollars (G$) en espèces.
Le cours de l’action de BCE était en chute lundi en mi-journée, alors que les actions de la société se négociaient à 40,37$, en baisse de 4,44$ ou d’environ 9,9%.
L’entreprise affirme que l’entente étendra l’empreinte de fibre optique de Bell aux États-Unis, ajoutant environ 1,3 million d’emplacements reliés à la fibre optique.
En plus du prix d’achat, BCE assumera une dette nette d’environ 2G$ dans le cadre de la transaction.
«Cette acquisition constitue une étape clé de l’histoire de Bell ; elle s’appuie sur notre expertise en matière de fibre optique et nous permet d’étendre notre portée au-delà de nos frontières canadiennes», a déclaré Mirko Bibic, président et chef de la direction, BCE et Bell Canada, dans un communiqué.
«La fibre est au cœur de notre raison d’être, et nous sommes fiers de connecter les gens et les entreprises et de leur permettre d’en faire plus grâce à nos réseaux de fibre.»
Située à Kirkland, dans l’État de Washington, Ziply Fiber offre un service internet par fibre optique dans le nord-ouest du Pacifique américain, notamment dans les États de Washington, de l’Oregon, de l’Idaho et du Montana.
«Cette acquisition renforce notre stratégie de croissance grâce à l’envergure et à l’expérience de l’un des principaux fournisseurs d’accès internet par fibre optique en Amérique du Nord», a déclaré le chef de la direction de Ziply Fiber, Harold Zeitz.
Une fois l’accord conclu, Ziply Fiber devrait fonctionner comme une unité commerciale distincte et son siège social continuera d’être basé à Kirkland.
BCE affirme qu’elle utilisera environ 4,2G$ du produit net de la vente de sa participation dans Maple Leaf Sports & Entertainment pour aider à financer l’acquisition.
L’entreprise a également annoncé qu’elle prévoyait suspendre la croissance des dividendes jusqu’à ce que ses ratios de distribution et de levier financier net se rapprochent de ses fourchettes cibles.
Commentaires des analystes
L’analyste Maher Yaghi, de la Banque Scotia, a qualifié cette opération de «déconcertante» pour BCE, soulignant que les coûts de chargement des clients, ainsi que les dépenses en capital, sont élevés pour les opérateurs de fibre optique aux États-Unis.
«Les investisseurs dans les télécommunications canadiennes sont dans le secteur pour les dividendes et non pour la croissance ; ils peuvent l’obtenir ailleurs», a écrit M. Yaghi dans une note.
Il a comparé la transaction à l’annonce faite en septembre par Verizon Communications selon laquelle elle allait acquérir le fournisseur d’accès internet par fibre optique Frontier Communications dans le cadre d’une transaction de 20 milliards de dollars américains.
Verizon avait alors indiqué que l’accord ajouterait 2,2 millions d’abonnés à la fibre optique et étendrait la portée de son réseau à 25 millions de locaux dans 31 États et à Washington DC.
«La convergence est le grand thème aux États-Unis actuellement. Il sera intéressant de voir comment BCE complétera ses activités acquises pour vendre des services convergés», évoque M. Yaghi.
«Nous comprenons certainement la volonté de Verizon d’acquérir Frontier étant donné le chevauchement géographique dans le secteur du sans-fil, mais nous avons du mal à voir le même potentiel synergétique avec l’opération de BCE à l’heure actuelle», poursuit-il.
L’acquisition de BCE devrait être conclue au cours du second semestre de 2025, sous réserve des conditions de clôture habituelles et des approbations réglementaires.
Bien que la transaction semble «coûteuse à première vue», l’analyste de Desjardins Jérôme Dubreuil a noté qu’elle implique «ce qui semble être un actif de haute qualité», BCE étant probablement motivée par la nécessité de stimuler la croissance à long terme des télécommunications.
«BCE renforce sa position de leader nord-américain de la fibre optique et cherchera à accélérer sa croissance en s’exposant à une nouvelle plateforme de construction de fibre optique dans un marché où le taux de pénétration de la clientèle est inférieur à celui du Canada et avec un long potentiel de déploiement», observe M. Dubreuil.
Mais il a ajouté que cette décision enverrait probablement un «signal négatif» en ce qui concerne les perspectives du secteur canadien des télécommunications, car BCE et ses deux plus grands concurrents, Rogers Communications et Telus, ont retiré «une grande partie de leurs investissements récents du secteur».
BCE a déjà fait part de son intention de réduire ses dépenses pour la construction de son réseau de fibre optique au Canada en réponse aux décisions réglementaires auxquelles elle s’oppose.
L’entreprise a notamment déclaré l’année dernière qu’elle réduirait ses dépenses de réseau de 1,1G$ en 2024 et 2025. Cette mesure a été prise en réponse à l’obligation du CRTC pour les grandes compagnies de téléphone qui possèdent des réseaux internet par fibre optique de donner accès à leurs réseaux à leurs concurrents moyennant des frais.
Bell a déclaré que cette décision diminuait l’intérêt commercial pour elle d’investir dans son réseau national.
Par Sammy Hudes