Dans son usine allemande, Tesla a déjà commencé «la fabrication d'un nombre limité et défini» d'automobiles pour tester ses installations. (Photo: 123RF)
Berlin — Soulagement pour Tesla: le constructeur américain a reçu vendredi l’agrément final pour lancer la production de véhicules électriques dans sa première «méga-usine» européenne, près de Berlin, après de nombreuses péripéties administratives.
L’autorisation a été notifiée vendredi par les autorités du Brandebourg, la région voisine de Berlin.
Elle met un terme à un feuilleton administratif et judiciaire ayant retardé le démarrage de l’usine située au sud de la capitale, à Grünheide, initialement prévu pour l’été 2021.
Il manquait en effet à Tesla un permis de construire définitif, le groupe d’Elon Musk ayant fait le pari de lancer les travaux sur la base d’autorisations provisoires.
Première méga-usine de Tesla sur le continent européen, le site dont le chantier est terminé depuis octobre, s’étend sur 300 hectares pour une production à terme de 500 000 véhicules électriques par an.
Elle va marquer un tournant pour l’industrie automobile en Allemagne avec l’arrivée, au pays de Volkswagen et Mercedes, de leur principal rival dans la course à la voiture électrique.
Lézards protégés
Annoncé en grande pompe en novembre 2019 et accueilli avec enthousiasme par les autorités, ce projet a également suscité la colère de riverains, inquiets de l’impact écologique du site.
Manifestations, recours en justice, lettres ouvertes: des habitants, soutenus par les associations de défense de l’environnement, ont tout fait pour bloquer l’arrivée de Tesla.
En 2020, la justice a contraint plusieurs fois le constructeur à suspendre son chantier, notamment après une plainte d’associations craignant la destruction de l’habitat naturel d’espèces protégées de lézards et de serpents.
La consommation d’eau de la future usine est aussi en cause: l’usine est située dans des localités déjà en tension en la matière, touchée ces trois dernières années par des sécheresses estivales.
La justice allemande a d’ailleurs encore entre les mains une plainte contre l’autorisation par autorités locales d’une augmentation des prélèvements d’eau, afin de répondre aux futurs besoins de l’usine.
Ces inquiétudes ont considérablement retardé la délivrance du permis de construire définitif. Les autorités administratives ont dû étudier scrupuleusement l’ensemble du dossier, «une tâche colossale», ont-elles commenté vendredi.
D’autant que Tesla a modifié plusieurs fois sa demande d’agrément, avec notamment l’ajout au complexe d’une usine géante de batteries.
Les critiques ont été balayées par le PDG de Tesla Elon Musk, qui est venu régulièrement superviser le chantier et a organisé, en octobre, une présentation de l’usine aux allures de fête foraine pour les riverains.
Comité d’entreprise
Dans son usine allemande, Tesla a déjà commencé «la fabrication d’un nombre limité et défini» d’automobiles pour tester ses installations, afin d’être prêt dès le feu vert des autorités, selon un porte-parole du groupe à l’AFP.
Si la concurrence s’exacerbe sur le créneau disputé de la voiture électrique, Tesla continue de dominer ce marché et son système de production incluant la maîtrise du logiciel et du système de batterie fait référence.
De quoi donner des sueurs froides aux constructeurs allemands qui tentent de rattraper leur retard sur le pionnier américain.
Le défi de Tesla sera aussi de trouver des employés, dans un pays où le manque de main-d’œuvre est de plus en plus criant et accentué par la reprise économique après la pandémie.
Le groupe américain devra par ailleurs s’adapter au contexte local: le groupe américain a déjà dû accepter — à contrecœur — l’instauration d’un comité d’entreprise, acteur central du modèle syndical allemand de «cogestion», qui donne de nombreux pouvoirs de décision aux salariés.
Les élections des représentants, qui se sont tenues fin février, ont toutefois permis à la liste «Gigavoice», proche de la direction, de l’emporter.
L’usine emploie actuellement entre 2 500 et 3 000 salariés, selon des sources syndicales. Il s’agit essentiellement de cadres, à ce stade.
Elle devrait compter à terme 12 000 personnes, selon la presse allemande, un chiffre non confirmé par Tesla.