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Busbud obtient un financement de 15 millions de dollars

Denis Lalonde|Publié le 29 septembre 2020

Busbud obtient un financement de 15 millions de dollars

Les cofondateurs de Busbud (de gauche à droite) Michael Gradek, Frédéric Thouin et Louis-Philippe Maurice (Photo: courtoisie)

Le transport par autobus a encore la cote malgré la pandémie de COVID-19. La start-up québécoise Busbud, dont la plateforme permet de réserver des trajets de bus dans 80 pays, vient de clôturer une ronde de financement de série C de 15 millions de dollars.

La ronde de financement est menée par le Fonds de croissance des entreprises du Canada (Canadian Business Growth Fund, ou CBGF), qui réalise ainsi son premier investissement au Québec.

La ronde inclut Investissement Québec, Exportation et Développement Canada, la Banque de Développement du Canada et le fonds K3 Ventures, de Singapour, à titre de nouveaux investisseurs. 

iNovia Capital, Plaza Ventures et Claridge, déjà actionnaires de Busbud, ont quant à eux profité du financement pour augmenter leur participation au capital de l’entreprise. 

Le financement doit permettre à Busbud de poursuivre le développement de sa plateforme technologique, d’accélérer son expansion géographique et de procéder à une quinzaine d’embauches.

L’entreprise de 50 employés est actuellement à la recherche d’ingénieurs, entre autres, mais aussi de spécialistes du développement de produits et du marketing. 

«Avant la pandémie, nous étions 75 et nous avons été forcés de procéder à des mises à pied du côté du service à la clientèle. À mesure que les affaires reprennent, nous procédons à des rappels de ce côté qui pourront s’ajouter aux embauches que nous souhaitons réaliser», ajoute M. Maurice. 

La plateforme de Busbud, actuellement disponible en 17 langues, permet de réserver des billets de bus sur 2,3 millions de routes auprès de 3 900 opérateurs.

D’ici trois à cinq ans, Louis-Philippe Maurice aimerait que la société ait 10 000 opérateurs partenaires. «C’est un marché très fragmenté où 10 milliards de billets sont vendus chaque année, deux fois plus que pour le transport aérien», dit le PDG.

Du nombre, 80% des achats se font encore aux guichets. L’objectif de Busbud est de faire migrer l’industrie vers le numérique et de contribuer, d’ici 5 à 10 ans, à faire descendre ce pourcentage sous la barre des 50%. «Si nous réussissons, même si nous ne serons pas la seule entreprise dans notre créneau, nous pourrons nous positionner comme un leader mondial dans notre domaine», croit-il.

 

D’autres modes de transport 

Si Busbud, comme son nom l’indique, mise sur le transport par autobus pour réaliser la vaste majorité de ses revenus, la start-up a commencé à offrir d’autres types de moyens de transport depuis le début de la pandémie, comme le train, l’autopartage ou des véhicules de location. Une tendance qui devrait prendre de l’importance avec le temps.

La société a également mis en place ces derniers mois une assurance annulation, pour permettre à sa clientèle de se faire rembourser plus facilement. «De nombreux opérateurs n’acceptent pas les annulations. L’assurance nous permet donc de générer des revenus tout en rassurant notre clientèle en ces temps d’incertitude», explique le dirigeant.

 

Vers une entrée en Bourse?

L’entrée au capital d’investisseurs comme CBGF et Investissement Québec permet, selon M. Maurice, de préparer les prochaines rondes de financement à mesure que l’économie mondiale se rétablira de la pandémie, probablement lorsqu’un vaccin aura été mis au point.

«Sans oublier K3 Ventures, très présent en Asie, réputé pour avoir investi très tôt dans Airbnb et dans Grab (l’Uber asiatique). Les dirigeants connaissent bien la mobilité et le tourisme», dit-il.

Louis-Philippe Maurice soutient que même si le transport par autobus peut avoir l’air d’un marché de niche, il peut facilement supporter une entreprise d’une valorisation de plusieurs milliards de dollars. «C’est ce qui nous intéresse. Nous voulons bâtir Busbud pour éventuellement arriver à ce niveau», raconte-t-il.

Quant à une éventuelle entrée en Bourse, le PDG est loin de fermer la porte, mais prévient que ça ne sera «pas pour tout de suite», excluant un premier appel public à l’épargne en 2021.

 

L’industrie du tourisme continue de souffrir

M. Maurice est évidemment très satisfait de ce financement obtenu alors que l’industrie mondiale du tourisme continue de souffrir de la pandémie.

«Notre présence dans 80 pays nous a permis de nous en tirer. Si on avait juste été au Canada et aux États-Unis, le déclin aurait été plus prononcé. Mais si on regarde les six derniers mois, la pandémie n’a pas frappé tous les pays au même moment. Dans certaines régions, nous sommes presque revenus à nos chiffres d’avant la pandémie», raconte M. Maurice.

Selon ce dernier Busbud réalise 30% de ses revenus en Amérique du Nord, 30% en Europe, 30% en Amérique latine et 10% en Asie.

«L’autre chose qui nous a sauvés, c’est le transport local. Avant la pandémie, notre clientèle effectuait plus de transports internationaux. Depuis quelques mois, on constate une progression des déplacements intérieurs», dit-il.

La ronde de financement est la 4e dans l’histoire de Busbud après des rondes de 1, 9 et 14 millions de dollars entre 2013 et 2018.