Californie: accord pour financer le journalisme et la recherche sur l’IA
La Presse Canadienne|Publié le 22 août 2024La députée Buffy Wicks, démocrate d'Oakland (AP Photo)
La Californie sera le premier État américain à consacrer des millions de dollars provenant de l’argent des contribuables et des entreprises technologiques au financement du journalisme et de la recherche en intelligence artificielle (IA), dans le cadre d’un nouvel accord annoncé mercredi.
En vertu de cet accord inédit au niveau national, l’État et les entreprises technologiques paieraient collectivement environ 250 millions de dollars américains (M$US) sur cinq ans pour soutenir les organisations de presse basées en Californie et créer un programme de recherche en IA. Les initiatives devraient démarrer en 2025, avec 100M$US la première année, et la majorité de l’argent irait aux organisations de presse, a déclaré la députée démocrate Buffy Wicks, qui a négocié l’accord.
«Cet accord représente une avancée majeure pour assurer la survie des salles de rédaction et renforcer le journalisme local à travers la Californie, en tirant parti des ressources substantielles de l’industrie technologique sans imposer de nouvelles taxes aux Californiens», a célébré le gouverneur Gavin Newsom dans un communiqué.
«L’accord fournit non seulement un financement pour soutenir des centaines de nouveaux journalistes, mais aide également à reconstruire un corps de presse californien solide et dynamique pour les années à venir, renforçant le rôle vital du journalisme dans notre démocratie.»
Le bureau de Buffy Wicks n’a pas immédiatement répondu aux questions sur le montant du financement qui proviendrait de l’État, les organisations de presse qui seraient éligibles et le montant de l’argent qui irait au programme de recherche sur l’IA.
L’accord marque la fin d’une lutte d’un an entre les géants de la technologie et les législateurs au sujet de la proposition de Buffy Wicks d’obliger des entreprises comme Google, Facebook et Microsoft à payer un certain pourcentage des revenus publicitaires aux sociétés de médias pour créer des liens vers leur contenu.
Le projet de loi, calqué sur une législation canadienne visant à fournir une aide financière aux organisations de presse locales, a fait face à une vive réaction de l’industrie technologique, qui a lancé des publicités au cours de l’été pour attaquer le projet de loi. Google a également essayé de faire pression sur les législateurs pour qu’ils abandonnent le projet de loi en supprimant temporairement les sites d’information des résultats de recherche de certaines personnes en avril.
«Ce partenariat représente un engagement intersectoriel pour soutenir une presse libre et dynamique, permettant aux médias d’information locaux de tout l’État de poursuivre leur travail essentiel, a déclaré Mme Wicks dans un communiqué. Ce n’est que le début.»
La Californie a essayé différentes méthodes pour enrayer la perte d’emplois dans le journalisme, qui disparaissent rapidement alors que les entreprises de médias traditionnelles ont du mal à tirer profit de l’ère numérique.
Plus de 2500 journaux ont fermé aux États-Unis depuis 2005, selon la Medill School of Journalism de l’université Northwestern. La Californie a perdu plus de 100 organes de presse au cours de la dernière décennie, selon le bureau de Wicks.
L’accord de mercredi est soutenu par la California News Publishers Association, qui représente plus de 700 organisations de presse, la société mère de Google, Alphabet, et OpenAI. Mais les journalistes, y compris ceux de la Media Guild of the West, ont critiqué l’accord et ont déclaré qu’il porterait préjudice aux organisations de presse californiennes.
Le sénateur d’État Steve Glazer, auteur d’un projet de loi visant à accorder aux organisations de presse un crédit d’impôt pour l’embauche de journalistes à temps plein, a déclaré que l’accord «compromet sérieusement notre travail vers une solution à long terme pour sauver le journalisme indépendant».
Le président pro tempore du Sénat de l’État, Mike McGuire, a également déclaré que l’accord ne va pas assez loin pour remédier à la situation désastreuse en Californie.
«Les salles de rédaction ont été vidées de leur substance dans tout cet État tandis que les plateformes technologiques ont enregistré des bénéfices de plusieurs milliards de dollars», a-t-il dénoncé dans un communiqué.
«Nous craignons que cette proposition ne finance pas suffisamment les journaux et les médias locaux et ne résolve pas complètement les inégalités auxquelles le secteur est confronté.»