Mi-mars, Nvidia a présenté le Blackwell, famille de GPU successeurs du H100, qui doivent être commercialisés d’ici la fin de l'année. (Photo: Getty Images)
Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, le géant technologique américain Nvidia triomphe grâce à la course à l’intelligence artificielle (IA), au point de devenir, mardi, la première capitalisation mondiale en Bourse.
Voici cinq choses à savoir sur le groupe de Santa Clara (Californie):
Le GPU, l’arme absolue de Nvidia
Derrière ce sigle barbare se cache le moteur de la nouvelle génération de l’intelligence artificielle, en particulier l’IA dite générative, c’est-à-dire capable de créer du texte, de la musique, des images ou de la vidéo sans intervention humaine, en réponse à une requête en langage courant, à l’instar de l’interface ChatGPT.
Le processeur graphique (GPU – graphics processing unit) ou carte graphique fonctionne comme une unité de calcul beaucoup plus rapide et puissante qu’un microprocesseur classique (CPU). Il est devenu indispensable pour gérer en temps réel les demandes des utilisateurs d’IA générative, qui nécessitent de traiter des quantités massives de données.
Les géants se l’arrachent
Le produit vedette de Nvidia, le H100, est de loin le plus demandé du secteur et vaut plusieurs dizaines de milliers de dollars pièce.
«Les GPUs sont nettement plus difficiles à trouver que de la drogue», avait ironisé, l’an dernier, Elon Musk, lors d’un événement organisé par le Wall Street Journal.
Selon le cabinet d’étude TrendForce, ChatGPT nécessite environ 30 000 GPU pour fonctionner.
Google, pour son activité d’informatique à distance (cloud), est également grand consommateur de processeurs Nvidia, de même qu’Amazon pour Amazon Web Services (cloud également) ou Microsoft.
Mi-mars, Nvidia a présenté le Blackwell, famille de GPU successeurs du H100, qui doivent être commercialisés d’ici la fin de l’année. La compagnie l’a présenté comme «la puce la plus puissante du monde».
Des jeux vidéo aux data centers
En 1993, Jen-Hsun Huang, qui se fait aujourd’hui appeler Jensen Huang, fonde, avec deux partenaires, Nvidia, qui devient la première société entièrement dédiée aux processeurs graphiques, espérant surfer sur la déferlante des jeux vidéo, qui commencent à proposer des animations plus sophistiquées et de la 3D.
Nvidia lance le premier GPU au monde en 1999 et, avec la révolution internet, développe des processeurs adaptés aux centres de traitement de données ou «data centers», des infrastructures délocalisées qui permettent à sociétés et particuliers d’accéder à une puissance informatique jusqu’ici réservée à une poignée de chercheurs et de grandes entreprises technologiques.
Les concurrents loin derrière
Les deux principaux rivaux de Nvidia sur le marché des cartes graphiques sont deux groupes américains, AMD (Advanced Micro Devices) et Intel, aux origines bien plus anciennes. Selon le cabinet Jon Peddie Research, Nvidia pesait 88% des GPU autonomes livrés dans le monde au premier trimestre 2024.
Nvidia conçoit ses processeurs, mais ne possède pas de site de production propre, à l’image d’AMD ou d’Apple. Si le groupe est volontairement évasif sur sa chaîne d’approvisionnement, selon plusieurs spécialistes et médias l’essentiel de ses produits sont fabriqués par la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, ou TSMC, référence mondiale des semi-conducteurs.
Un patron en cuir
Né à Taïwan, Jensen Huang est un patron atypique, au style direct, adepte de l’humour à froid, et à l’allure décontractée. À l’instar du col roulé de Steve Jobs d’Apple, le blouson de cuir qu’il porte souvent lors des présentations de Nvidia est devenu sa signature vestimentaire.
Celui qui, à neuf ans, fut envoyé en pension par ses parents dans un hameau du Kentucky, est un partisan de «la tolérance pour la prise de risque» et de la propension d’une entreprise «à être suffisamment flexible pour changer de trajectoire rapidement».
Peu après la naissance de Nvidia, le groupe a ainsi renoncé à un contrat avec le grand nom des consoles Sega pour se réorienter vers un nouveau processeur capable d’être compétitif sur le marché des ordinateurs personnels (PC), frôlant, au passage, le dépôt de bilan.