(Courtoisie)
BLOGUE. À peu près tout le monde le dit : s’ils ne prennent pas le virage numérique, les commerçants québécois sont appelés à disparaître. Mais comment se distinguer dans une mer de marques, de sites et de pages sur Amazon offrant toute sorte de produits à des prix dérisoires?
S’inspirant d’une tendance forte en Asie, la start-up montréalaise Livescale.tv pense avoir flairé la bonne affaire : le «live stream shopping», ou pour traduire, l’achat par vidéo en direct. Dans un monde où les influenceurs dictent le ton sur différentes plateformes, de Twitch à YouTube, en passant par Facebook, pouvoir vendre ses produits en un seul clic, à même la vidéo, est un atout concurrentiel intéressant.
Un exemple : aux États-Unis, Martha Stewart a notamment fait des tutoriels vidéo sur Facebook, à partir desquels il était simple et rapide d’acheter les produits qu’elle présentait.
En fait, même pas besoin d’un influenceur : les commerçants peuvent créer leurs propres diffusions en direct, afin d’interagir directement avec les consommateurs, puis leur proposer d’acheter le produit à la caméra sans avoir à visiter une autre page web, ou un autre site.
Le phénomène du «live shopping» vaut déjà quelque 4,4 milliards $US en Chine, où les vidéos commerciales diffusées sur des sites comme celui du géant Alibaba ont été visionnées plus de 456 millions de fois, à ce jour, dénombrait récemment la firme Deloitte. Virgile Ollivier, PDG et cofondateur de Livescale, voit cette tendance arriver en Amérique du Nord comme un tsunami.
Une corde de plus à l’arc des cybercommerçants
«On voit l’émergence de la vidéo en direct pour différentes raisons, et le meilleur exemple est probablement l’arrivée de Facebook Live. La vidéo accapare déjà une grande partie du trafic Internet, et avec le direct, on obtient l’instantanéité qui permet de créer une relation directe avec l’internaute», dit-il, en entrevue lors de son passage à la balado Une Tasse de tech.
«TikTok est un exemple de cette tendance lourde du tout-vidéo. C’est la première plateforme 100 pour cent vidéo. Les entreprises peuvent en bénéficier. On voit les GAFA occuper toute la place, mais avec la vidéo, on peut recréer une connexion directe avec sa clientèle» à l’extérieur des Amazon, Apple, Facebook et Google, ajoute M. Ollivier.
Livescale a donc mis au point un outil de diffusion de vidéo en direct qui se branche dans pas mal toutes les plateformes vidéo existantes. Ça va d’un lecteur vidéo à intégrer sur son propre site web, aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter), aux services vidéo spécialisés (Twitch, YouTube…). Pour le diffuseur, ça centralise les données de diffusion qui peuvent ensuite servir à évaluer le succès de l’opération.
La prochaine étape est d’ajouter des outils transactionnels. «On pourra regarder des vidéos en direct, puis en cliquant, on pourra acheter des produits en direct. C’est la prochaine étape», assure le porte-parole de cette startup issue de la plus récente cohorte de l’accélérateur montréalais FounderFuel.
«Le live shopping permet trois choses: créer une expérience forte avec les clients, rapatrie les données sur les acheteurs à l’internet, et comme les chaînes de télé-achats traditionnelles, on peut assurer une présence vidéo sur son site, ou ailleurs sur les plateformes vidéo.»
Pour faciliter le boulot des commerçants désirant ajouter cette corde à leur arc, Livescale compte donc mettre au point un outil qui se branchera de façon rapide et transparente à l’infrastructure TI des entreprises. Livescale a déjà démontré son fonctionnement dans un partenariat avec L’Oréal. La jeune pousse cite aussi Shopify et Salesforce comme des services transactionnels avec lesquels ses vidéos en direct pourront aussi s’intégrer.
Si Amazon et Facebook le font…
On peut imaginer les commerçants épuisés d’avoir à suivre les nombreuses tendances du moment pour attirer les acheteurs. Que ce soit sur Internet ou dans le vrai monde. Les études ne cessent de rappeler que le Canada n’est pas particulièrement en avance sur ce virage, et c’est une grosse partie de ce qui fait mal, et qui explique la facilité avec laquelle le rouleau compresseur d’Amazon peut écraser la concurrence, au pays.
D’ailleurs, Amazon se prépare à intégrer le magasinage en direct à son arsenal. Le détaillant de Seattle n’est pas seul. Un peu avant les Fêtes, Facebook a acquis une petite société appelée Packagd, spécialisée dans la vente par vidéo en direct.
Déjà, si vous jetez un coup d’œil aux onglets au bas de la fenêtre, quand vous ouvrez l’application Facebook sur un mobile, vous verrez deux onglets séparés : son Marketplace, et Watch, un fourre-tout vidéo.
En intégrant le live-shopping à sa plateforme, Facebook pourra simplement fusionner ces deux onglets. Vous irez donc regarder une vidéo recommandée où des gens font des culbutes à couper le souffle, et vous n’aurez qu’à taper du doigt sur les chaussures du protagoniste pour vous en procurer un exemplaire.
Bref, ça s’en vient. Ça pourrait prendre quelques années pour s’implanter chez nous, mais vu sa popularité ailleurs dans le monde, et vu l’émergence de la vidéo auprès des plus jeunes internautes, on sent que ce sera une tendance durable.
À ajouter aux outils transactionnels classiques, à l’achat mobile, à l’achat par commande vocale : l’achat par vidéo en direct? Si Amazon et Facebook le font… En tout cas, au moins une entreprise d’ici compte bien en profiter. Livescale promet d’ailleurs une grosse annonce au début du printemps.
On imagine qu’on verra apparaître un outil de vente par vidéo en direct qui sera plus accessible pour les détaillants ayant déjà une présence en ligne…
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