«Bittrex avait des raisons de savoir que ces utilisateurs se trouvaient dans des juridictions faisant l’objet de sanctions», précise le département. (Photo: 123RF)
New York — La plateforme d’échange de cryptomonnaies Bittrex a accepté de payer 53,6 millions de dollars US (M$ US) pour mettre fin à des poursuites du département américain du Trésor, qui lui reproche d’avoir facilité des financements illicites, a annoncé mardi le Trésor.
Il accuse la plateforme d’avoir manqué à certaines de ses obligations en matière d’application de sanctions financières et de lutte contre le blanchiment d’argent.
Dans le détail, Bittrex va verser 24,3 M$ US au bureau en charge du contrôle des actifs étrangers (OFAC) pour n’avoir pas empêché des individus basés en Crimée (région ukrainienne annexée par la Russie), à Cuba, en Iran, au Soudan et en Syrie d’utiliser ses services.
Ces personnes, normalement interdites d’avoir des interactions financières avec des entités américaines en vertu des programmes américains de sanctions, ont réalisé entre mars 2014 et décembre 2017 des transactions en cryptomonnaies pour une valeur de plus de 263 M$ US.
L’amende de l’OFAC est la plus importante jamais imposée par cet organisme dans le secteur des cryptomonnaies.
«Bittrex avait des raisons de savoir que ces utilisateurs se trouvaient dans des juridictions faisant l’objet de sanctions», précise le département.
L’entreprise, basée à Bellevue dans l’État de Washington, va aussi payer 29,3 M$ US à l’entité enquêtant sur les crimes financiers (FiNCEN) pour n’avoir pas maintenu un programme efficace de lutte contre le blanchiment entre février 2014 et décembre 2018.
Parmi les failles de Bittrex, le Trésor évoque notamment «le déploiement d’un mécanisme de surveillance inadéquat et inefficace sur sa plateforme, qui a entraîné une exposition importante à des opérations financières illicites».
Interrogé par l’AFP, Bittrex n’avait pas réagi dans l’immédiat.
Les régulateurs américains cherchent depuis plusieurs mois à renforcer la pression sur les acteurs du marché des devises virtuelles, régulièrement critiqué pour être un univers aux pratiques parfois douteuses faute de réglementations claires et établies.
La semaine dernière, la star américaine Kim Kardashian a accepté de payer 1,26 M$ US au gendarme de la Bourse américaine, la SEC, pour avoir fait l’éloge d’une cryptomonnaie sur son compte Instagram sans mentionner qu’elle était payée pour le faire.
Début août, le département du Trésor a imposé des sanctions financières à l’encontre du «mélangeur de cryptomonnaies» Tornado Cash, accusé d’avoir été utilisé pour blanchir plus de 7 milliards de dollars de monnaie virtuelle depuis 2019, y compris en lien avec la Corée du Nord.