Sam Bankman-Fried avait été libéré sous caution le mois dernier après son extradition des Bahamas et son inculpation consécutive à la chute spectaculaire de FTX. (Photo: Getty Images)
New York — Le co-fondateur et ancien patron de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX, Sam Bankman-Fried, a plaidé non coupable mardi des huit chefs d’accusation retenus contre lui, devant un tribunal fédéral de New York.
Inculpé notamment pour fraude et association de malfaiteurs, «SBF», son surnom, avait été extradé fin décembre des Bahamas, où se trouvait le siège de FTX, puis remis en liberté à son arrivée à New York, moyennant une caution de 250 millions de dollars.
À l’audience, le courtier et entrepreneur, en costume et cravate sombres, ne s’est pas exprimé et a laissé son avocat Mark Cohen parler en son nom.
La stratégie de Sam Bankman-Fried diffère de celle d’un ancien cadre dirigeant de FTX, Gary Wang, qui a plaidé coupable le mois dernier et collabore avec les autorités, tout comme Caroline Ellison, ancienne responsable d’Alameda Research, la plateforme sœur de FTX.
Spéculation et donations politiques
Sam Bankman-Fried est soupçonné d’avoir utilisé, avec des collaborateurs, des fonds déposés par des clients sur la plateforme de FTX pour réaliser des opérations financières spéculatives par le biais d’Alameda Research.
Outre les transactions à risque via Alameda, il est également soupçonné d’avoir investi une partie de cet argent dans de l’immobilier aux Bahamas et d’avoir effectué des donations à des personnalités politiques démocrates — toujours avec des fonds de clients de FTX — dont Joe Biden lors de sa campagne présidentielle.
Le juge fédéral Lewis Kaplan a fixé au 2 octobre la date de début du procès de celui qui fut un temps crédité d’une fortune estimée à 26 milliards, mais à tout perdu dans la faillite de FTX et Alameda.
La représentante du bureau du procureur fédéral de Manhattan, Danielle Sassoon, a estimé à quatre semaines la durée nécessaire au procès, quand les avocats du prévenu ont eux évoqué deux à trois semaines. Le juge Kaplan n’a pas tranché sur ce point.
Cinq des huit chefs d’accusation retenus contre Sam Bankman-Fried prévoient, chacun, une peine maximum de vingt ans de prison.
Actuellement assigné à résidence chez ses parents, en Californie, il est donc susceptible de passer le restant de ses jours en prison.
«SBF»
Depuis la faillite de FTX, le 11 novembre, Sam Bankman-Fried a plusieurs fois fait valoir publiquement qu’il n’était plus aux manettes d’Alameda Research depuis de nombreux mois, incriminant indirectement Caroline Ellison.
Une argumentation contestée par le ministère public, qui affirme que «SBF» est resté le principal décideur au sein d’Alameda jusqu’au dépôt de bilan de FTX.
Mme Sassoon a indiqué que le bureau du procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, prévoyait de produire dans les deux semaines à venir «des centaines de milliers de documents» à l’appui de ses accusations.
Le régulateur des produits financiers dérivés aux États-Unis, la CFTC, évalue à 8 milliards de dollars le total des fonds détournés de comptes de clients de FTX.
Danielle Sassoon a indiqué, toujours mardi, que le nombre de victimes des agissements supposés de Sam Bankman-Fried pourrait se situer «au-delà du million».