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Des données de démocrates auraient été saisies à Apple sous Trump

AFP|Publié le 11 juin 2021

Des données de démocrates auraient été saisies à Apple sous Trump

Donald Trump (Photo: Getty Images)

Le département américain de la Justice a fait saisir auprès d’Apple durant la présidence de Donald Trump des données de deux parlementaires démocrates concernant la commission du renseignement de la Chambre des représentants ainsi que leurs collaborateurs et des membres de leurs familles, selon le New York Times.

Des assignations pour obtenir la communication de ces données ont visé Adam Schiff, représentant de Californie et à l’époque le principal membre démocrate de cette commission qu’il préside actuellement, a rapporté jeudi le quotidien américain.

Ces saisies sont intervenues en 2017 et début 2018, alors que le département enquêtait sur des fuites d’informations classifiées sur les contacts entre l’administration Trump et le gouvernement russe, poursuit le journal.

Le représentant Eric Swalwell a déclaré jeudi à CNN qu’il était le deuxième représentant démocrate de la commission visé. «J’ai été notifié (…) par Apple qu’ils avaient saisi mes données. C’est mal», a-t-il dit.

Selon le New York Times, des procureurs du département de la Justice alors dirigé par Jeff Sessions ont déployé des efforts inhabituels pour trouver la source des fuites.

Ils ont visé les données des parlementaires ainsi que de leur personnel et de leurs familles, y compris un mineur, car, selon le journal, ils pensaient qu’ils utilisaient les appareils de leurs collaborateurs ou enfants pour masquer des contacts avec des journalistes.

Finalement, aucune des données recueillies ni autre preuve n’a permis de lier les parlementaires ou la commission du renseignement à ces fuites, précise le quotidien. Mais l’enquête a été relancée un an plus tard par le secrétaire à la Justice Bill Barr.

Le département de la Justice et Apple n’ont fait encore aucun commentaire sur ces informations.

 

Instrumentalisation de la loi

De telles saisies de données sont rares en dehors des enquêtes sur des affaires de corruption.

M. Schiff, sans confirmer avoir été cible de l’enquête, a réclamé des investigations à l’inspecteur général du département de la Justice sur «cela et d’autres affaires qui suggèrent une instrumentalisation de l’application de la loi par un président corrompu».

M. Trump «a essayé d’utiliser le département comme une matraque contre ses opposants politiques et les membres des médias», a estimé M. Schiff dans un communiqué. «Il est de plus en plus évident que ces demandes ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds».

Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, a également demandé des investigations, qualifiant d’«effroyable» l’article du New York Times dans un communiqué. Pour elle, «ces actions semblent être un nouvel assaut flagrant contre notre démocratie lancé par l’ancien président».

Le département de la Justice avait imposé à Apple une consigne de non-divulgation, qui a expiré cette année, et les parlementaires n’étaient pas au courant des enquêtes jusqu’à ce que le groupe informatique les notifie le mois dernier, selon le New York Times.

Adam Schiff, qui avait porté le dossier du premier dossier en destitution de Donald Trump fin 2019-début 2020, combat de longue date l’ex-président républicain, un homme «dangereux» selon lui.

Après deux procès en destitution et son échec électoral pour un deuxième mandat, M. Trump est revenu sur scène la semaine dernière avec son premier discours télévisé depuis des mois. L’ex-président qui a quitté la Maison-Blanche le 20 janvier a de nouveau effleuré l’idée d’une candidature en 2024.

La Chambre des représentants avait voté une première fois une procédure d’«impeachment» en 2019 à son encontre pour avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le fils de Joe Biden. Le Sénat l’avait acquitté en février 2020.

M. Trump a fait l’objet d’une deuxième procédure en destitution en janvier, accusé d’avoir encouragé ses partisans à se lancer à l’assaut du Capitole le 6 janvier alors que les élus du Congrès certifiaient la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle. En février, le Sénat l’a de nouveau acquitté.