Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg. (Photo: Getty images)
Facebook s’attend à payer trois à cinq milliards de dollars d’amende aux États-Unis en raison de sa gestion très controversée des données personnelles. Mais malgré les scandales, le réseau social engrange toujours plus de chiffre d’affaires et d’usagers.
Rassurés sur ces indicateurs, les investisseurs se sont rués sur le titre, qui prenait 6,47%, ou 11,80$, à 194,41$ jeudi matin à Wall Street.
Le réseau, qui a quand même affiché 2,43 milliards de dollars de bénéfice net, a inscrit dans ses comptes 3 milliards de dollars en prévision d’une probable amende de l’agence fédérale de régulation du commerce, la FTC, un chiffre qui pourrait même atteindre au final 5 milliards de dollars.
Le groupe pourrait être sanctionné pour avoir enfreint un accord datant de 2011, aux termes duquel il s’engageait au respect des données personnelles et à la transparence quant à leur utilisation à des fins publicitaires. La FTC avait ouvert des investigations après l’éclatement en mars 2018 du scandale des fuites de données vers Cambridge Analytica.
«Nous estimons que la fourchette de perte dans ce dossier se situe entre 3 et 5 milliards de dollars. Le dossier reste en cours et il n’y a aucune certitude quant à la date et aux termes définitifs», a précisé le réseau social.
Ses responsables se sont contentés, pendant une conférence téléphonique avec des analystes, de confirmer des discussions avec la FTC. Un accord négocié, pratique courante aux États-Unis, permet d’éviter un procès, potentiellement fort dommageable pour la société.
Répercussions
Même si le groupe a financièrement montré sa solidité au premier trimestre, l’analyste Debra Aho Williamson (eMarketer) a toutefois conseillé aux annonceurs publicitaires -qui fournissent au groupe la quasi-totalité de ses revenus grâce justement aux données personnelles qui permettent de cibler les pubs- de «prendre note» des 3 milliards provisionnés pour la FTC.
«C’est une nouvelle importante et tout accord avec la FTC pourrait avoir des répercussions sur les façons dont les annonceurs pourront utiliser la plateforme à l’avenir», a-t-elle ajouté.
En effet, ce type d’accord comprend en général des engagements de la part de l’entreprise sanctionnée. En l’espèce, Facebook pourrait par exemple devoir promettre une utilisation plus limitée des données personnelles.
Pour autant, les ennuis de Facebook ne cesseront pas après un éventuel accord avec la FTC: le gendarme boursier, la SEC, ainsi que le ministère de la Justice enquêtent aussi sur les pratiques de Facebook, qui font également l’objet de plaintes venant d’Etats américains ou d’actionnaires, sans compter les poursuites dans d’autres pays.
Le patron Mark Zuckerberg n’a pas évoqué la FTC mercredi et a essentiellement répété son projet annoncé en mars d’amorcer un virage fondamental vers une plateforme plus intime et plus soucieuse de la vie privée, faisant la part belle aux formats éphémères (comme les petits montages «Stories») et messageries privées, par opposition au traditionnel «fil d’actualités».
Ce changement de stratégie prendra «cinq ans, voire plus», a redit le jeune multimilliardaire.
Toujours plus
Coté finances et popularité, Facebook a une nouvelle fois montré sur le premier trimestre qu’il était toujours solide.
«Nous avons fait des investissements importants dans la sûreté et la sécurité tout en continuant à faire croître nos utilisateurs et notre activité. Ce trimestre a une nouvelle fois montré que nous pouvons faire les deux», s’est félicité la numéro deux Sheryl Sandberg.
À 15,1 milliards (+26%), le chiffre d’affaires est un peu au-dessus des attentes. Le nombre d’utilisateurs mensuels actifs est de 2,38 milliards (+8%), comme attendu. Le groupe estime en outre que 2,7 milliards de personnes utilisent Facebook, Instagram, Messenger, ou WhatsApp chaque mois.
Ces chiffres confirment toutefois le ralentissement de la croissance du groupe, qui va perdurer. À titre de comparaison, l’an dernier à la même époque, le chiffre d’affaires avait augmenté de 49% par rapport à l’année précédente, tandis que le nombre d’usagers mensuels croissait de 13%.
Facebook a encore beaucoup embauché (+36% à 37 773 employés), des recrutements destinés en particulier à mieux contrôler les contenus qui circulent sur la plateforme, l’autre sujet qui vaut à Facebook de violentes critiques à travers le monde.