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San Francisco — Elon Musk a passé un accord avec le conseil d’administration de Twitter pour racheter le réseau social au prix de 54,20 dollars américains par action, ce qui le valorise à environ 44 G$US, annoncé lundi Twitter dans un communiqué.
Le patron de Tesla et homme le plus riche au monde devient donc le propriétaire de la plateforme qu’il considère comme «la place publique numérique où les sujets vitaux pour le futur de l’humanité sont débattus», d’après une citation dans le communiqué.
La cotation de l’action Twitter a été suspendue lundi à Wall Street, dans l’attente de cette annonce, a indiqué la Bourse de New York NYSE. Twitter a indiqué qu’elle deviendrait une société à capital fermé après la clôture de la vente.
Le grand patron du constructeur automobile Tesla, la personne la plus riche au monde, a expliqué qu’il voulait acheter Twitter parce qu’il estimait que le réseau social n’est pas à la hauteur de son potentiel en tant que plateforme pour la «liberté d’expression». Il juge qu’elle doit être transformée en une entreprise privée pour rétablir la confiance avec les utilisateurs et mieux servir ce qu’il considère être «l’impératif sociétal» de la liberté d’expression.
«Twitter a un objectif et une pertinence qui ont un impact sur le monde entier», a déclaré son chef de la direction, Parag Agrawal, dans un message Twitter. «(Je suis) profondément fier de nos équipes et inspiré par notre travail, qui n’a jamais été aussi important.»
M. Musk se décrit comme un «absolutiste de la liberté d’expression», bien qu’il n’ait pas été très clair sur ce qu’il entend par là. Dans une récente interview, le milliardaire a déclaré qu’il aimerait voir Twitter pécher par excès en autorisant la parole au lieu de la modérer. Il a dit qu’il serait «très réticent» à supprimer des messages et qu’il serait généralement prudent quant aux interdictions permanentes. Il a également reconnu que Twitter devrait respecter les lois nationales régissant le droit de parole sur les marchés du monde entier.
M. Musk lui-même, cependant, bloque régulièrement les utilisateurs de médias sociaux qui le critiquent, et a déjà utilisé la plateforme pour intimider des journalistes qui ont écrit des articles critiques de lui ou de son entreprise.
Twitter avait adopté une mesure pour se protéger connue sous le nom de «pilule empoisonnée», qui pourrait donner un coût prohibitif à toute tentative d’offre d’achat non sollicitée. Mais le conseil d’administration a décidé de négocier après que M. Musk a mis à jour sa proposition pour montrer qu’il avait obtenu un financement de 46,5 milliards $ US — et parce qu’aucun autre acheteur potentiel ne s’est manifesté.
Au cours des dernières semaines, M. Musk a proposé un certain nombre de changements pour l’entreprise, allant de l’assouplissement de ses restrictions de contenu — telles que les règles qui ont suspendu le compte de l’ancien président Donald Trump — à la suppression des problèmes de faux comptes ou de comptes automatisés.
M. Musk est la personne la plus riche du monde, selon Forbes, avec une fortune de près de 279 milliards $ US. Mais une grande partie de son argent est immobilisée dans les actions de Tesla — il détient environ 17% de la société, selon FactSet, qui est évaluée à plus de 1000 milliards $ US — et de SpaceX, sa société spatiale privée. On ne sait pas combien d’argent M. Musk a.
Le retour de Donald Trump?
«J’espère que même mes pires critiques resteront sur Twitter, c’est ce que signifie la liberté d’expression», a tweeté lundi Elon Musk, avant l’annonce.
Certains observateurs pensent qu’il pourrait autoriser à nouveau des comptes supprimés, dont celui de Donald Trump et de certains de ses partisans.
L’ancien président américain avait été suspendu définitivement de Twitter en janvier 2021 pour avoir appelé à contester les résultats du scrutin présidentiel et invité à la violence.
«Confier les rênes de Twitter à M. Musk déchaînera à coup sûr des théories du complot que la plateforme a essayé de réprimer», a réagi Angelo Carusone, président de l’ONG progressiste Media Matters for America. «Toute tentative d’utiliser la plateforme pour partager des informations légitimes sera éclipsée par un bourbier toxique de désinformation.»
Un des autres axes sur lesquels Elon Musk pourrait également vouloir investir est de rendre Twitter plus rentable et d’augmenter la croissance de son nombre d’utilisateurs.
Il a déjà suggéré plusieurs évolutions, comme l’ajout d’un bouton «modifier» pour corriger un tweet après publication et des changements dans la formule d’abonnement payante, Twitter Blue.
Le groupe de San Francisco doit publier ses résultats trimestriels jeudi avant l’ouverture de Wall Street.
Rappel des événements
L’action du groupe, coté au New York Stock Exchange, a été suspendue juste avant la parution du communiqué. Elle frôlait les 52 $US en prenant plus de 6% vers 13h00, heure du Québec, grâce aux rumeurs d’une acquisition imminente dans la presse américaine.
Elon Musk avait indiqué la semaine dernière qu’il avait sécurisé 46,5 G$US pour mener à bien cette acquisition grâce à deux prêts bancaires de Morgan Stanley, ainsi qu’à sa fortune personnelle.
Il avait également évoqué la possibilité de lancer une offre publique d’achat (OPA) hostile en passant directement par les actionnaires pour contourner le conseil d’administration (CA).
«Une fois que le financement a été mis en place avec la menace d’une OPA hostile, le CA ne pouvait plus avoir recours à un chevalier blanc ou à un second enchérisseur», a relevé Dan Ives de Wedbush Securities sur CNBC.
«Cela les a mis le dos au mur et les a contraints à venir à la table de négociations», a ajouté l’analyste.