Avec l’Agence France-Presse
Les dirigeants d’Uber espéraient sûrement un scénario différent, mais le titre a amorcé sa première séance en Bourse au rouge s’y est maintenu toute la séance.
Le titre, dont le prix d’introduction en Bourse avait été fixé à 45$US jeudi soir, a terminé sa première séance boursière sur une chute de 3,45$, ou de 7,67%, à 41,55$. Les échanges sur le titre ont commencé en toute fin de matinée.
Uber a ainsi obtenu 8,1 milliards de dollars au cours de cette opération, dont le montant se situe dans le bas de la fourchette de 44 à 50 dollars par action livrée en avril. Au prix d’introduction en Bourse, la valorisation boursière d’Uber était supérieure à 82 milliards $US. Cette dernière avait reculé à 76,59 milliards $ à la clôture.
Dans un marché très volatil en raison des incertitudes entourant les relations entre les États-Unis et la Chine, le titre a oscillé entre 41,06$ et 44,85$ durant la journée.
L’accueil froid réservé à Uber est dû aux interrogations des milieux financiers sur sa rentabilité et est en droite ligne avec les déboires boursiers de son rival Lyft, qui a perdu plus d’un quart de sa valeur depuis le début de sa cotation le 29 mars.
Uber cible des revenus de 3G$US et une perte de 1G$US
Uber visait un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars au premier trimestre pour une perte approchant le milliard, selon des documents boursiers.
«Uber perd de l’argent. Ça ne dit sans doute rien à la Silicon Valley mais ça parle à Wall Street», a commenté Matthew Kennedy de Renaissance capital. «C’est une grosse déception».
Pour être rentable, la société se diversifie, se lançant dans la livraison de repas, les trottinettes, les vélos… Elle s’est également lancée dans le développement de la voiture autonome mais cet élan a été freiné par un accident mortel en mars 2018 dans l’Arizona (sud-ouest).
Son nouveau credo: devenir l’Amazon des transports mais il n’est pas le seul à afficher de telles ambitions que nourrissent également les constructeurs automobiles classiques.
Par conséquent, de nombreuses interrogations demeurent sur son activité: la concurrence, les menaces légales et réglementaires et… les chauffeurs, qui se sont mis en grève et ont manifesté dans plusieurs villes américaines mercredi, arguant du fait que l’entrée en Bourse enrichirait les actionnaires, sans qu’eux-mêmes en tirent un centime.
Uber face à ses chauffeurs
Pour maintenir un prix de course attractif et attirer clients et chauffeurs, Uber a multiplié réductions, promotions, bonus etc: c’est d’ailleurs une des causes de l’hémorragie financière qui plombe le groupe depuis ses débuts.
«Nous voulons améliorer la situation de nos chauffeurs», a encore répété vendredi auprès de l’AFP Dara Khosrowshahi, le PDG, pour répondre aux revendications des chauffeurs, dont une petite poignée est venue manifester devant le bâtiment de la Bourse au sud de Manhattan.
Après des années de croissance rapide mais très mouvementée, marquée par des scandales qui ont durablement terni son image, l’arrivée à Wall Street d’Uber, leader du secteur et marque célèbre dans de nombreuses régions du monde, est un test aussi bien pour le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) que pour les licornes.
Ces dernières sont des startups valorisées à au moins un milliard de dollars mais qui peinent, pour un grand nombre d’entre elles, à gagner de l’argent. Depuis le début de l’année, certaines sont entrées en Bourse avec des résultats disparates.
L’introduction en Bourse a en outre des allures de moment de vérité pour Dara Khosrowshahi, nommé pour redorer la réputation du groupe après le départ chaotique de son co-fondateur Travis Kalanick en 2017, et lui permettre de dégager des profits.
Conscient de tous ces défis, Uber a choisi de faire profil bas, en fixant dès jeudi soir son prix d’entrée à 45 dollars l’action, soit le bas de la fourchette de 44 à 50 dollars fournie en avril.
«Nous voulons des investisseurs qui parient sur le long terme», a déclaré vendredi Dara Khosrowshahi à la chaîne de télévision CNBC.
S’il était dans les locaux de la Bourse, Travis Kalanick, le fondateur et ex-PDG poussé à la démission par des investisseurs inquiets des scandales, ne faisait pas partie des dirigeants ayant sonné la cloche marquant l’ouverture de la séance à Wall Street.
Du parquet, il regardait, le sourire figé, son successeur s’adonner à des selfies sur l’estrade juste après avoir donné le coup d’envoi des échanges du jour.