Les fourgons électriques de FedEx seront rechargés pendant la nuit au centre de distribution de FedEx de Montréal-Est, où ils recevront leur marchandise le lendemain matin. (Photo: Maxime Johnson)
TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.
TECHNO SANS ANGLES MORTS. Si vous habitez à Montréal, votre prochaine livraison FedEx pourrait bien être un peu plus verte et un peu plus sécuritaire, grâce à une nouvelle flotte de fourgons et de vélos électriques. Une tendance qui commence à faire du chemin dans l’industrie.
Le fourgon électrique dans lequel je me trouve est un peu plus long et un peu plus étroit que ceux que l’on croise tous les jours dans les rues. Il est surtout plus techno, avec par exemple des caméras et des capteurs capables de voir quelqu’un arriver tout autour du véhicule. «C’est beaucoup plus sécuritaire. Si un vélo arrive dans l’angle mort, le siège du conducteur vibre pour l’avertir», illustre Nabil Ghazou, gestionnaire principal chez FedEx Express Canada.
Le fourgon électrique, un Zevo 600 de BrightDrop, une marque de General Motors, est l’un des cinq reçus par FedEx Express à Montréal en juin. Pour préparer leur arrivée (et celle de ceux qui suivront), 20 stations de recharge ont été installées au centre de distribution de FedEx à Montréal-Est, où les colis sont distribués dans les camions avant leur départ. « On les recharge pendant la nuit, et leur autonomie de plus de 400 km est suffisante pour qu’ils puissent faire toutes leurs livraisons et revenir ici à la fin de la journée », note Nabil Ghazou. Autrement dit, l’électrification n’affectera nullement les opérations de l’entreprise.
Lors de ma visite le 28 juin, il était prévu que ces cinq fourgons prennent la route dans les jours suivants, notamment dans les quartiers d’Anjou, de Saint-Léonard, de Rosemont et de la Petite Italie.
Une tendance annoncée
Les cinq Zevo 600 ne sont qu’un début. FedEx Express prévoit que 50% de ses achats mondiaux de véhicules seront électriques d’ici 2025, et que 100% le seront d’ici 2030. Tous les camions sur les routes devraient être électriques d’ici 2040.
Et l’entreprise n’est pas la seule. «Les compagnies de transport misent beaucoup sur l’électrification», confirme Heleen Buldeo Rai, chercheuse spécialisée dans l’impact environnemental des livraisons au Mobilise Research Group, relié à l’université Vrije Universiteit à Bruxelles.
Walmart a par exemple des ententes avec le fabricant Canoo, et Amazon avec le fabricant Rivian. En mars, Purolator Canada a annoncé son intention d’électrifier son réseau d’ici sept ans, avec l’achat de plus de 3500 véhicules électriques (notamment des Ford E-Transit et des BrightDrop Zevo 600).
La question est maintenant de savoir si les entreprises pourront respecter leurs engagements. «On aimerait en avoir plus, plus rapidement, mais il y a des retards dans la fabrication des véhicules électriques», se désole Daniela Gentile, directrice des communications corporatives chez FedEx Express Canada, qui espère que la situation, empirée notamment par les pénuries de semiconducteurs des dernières années, s’améliorera prochainement.
Aussi à vélo
L’électrification des fourgons ne réglera pas tous les maux provoqués par l’industrie de la livraison. «Le problème avec la montée du commerce électronique est qu’il y a de plus en plus de camions qui circulent dans les rues», rappelle Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme à l’Université de Montréal. L’électrification permettra aux entreprises de réduire leurs émissions de CO2, mais les effets des livraisons sur l’état des routes et sur la circulation resteront les mêmes, par exemple.
L’un des nouveaux vélos-cargos électriques de FedEx à Montréal. (Photo: FedEx)
Les livraisons à vélos-cargos électriques pourraient régler ces problèmes. Quelques entreprises offrent déjà un tel service à Montréal, notamment Courant Plus et Purolator. Après un projet pilote réussi à Gatineau en 2022, FedEx a aussi mis deux vélos sur les routes montréalaises la semaine dernière, dans le Plateau Mont-Royal, et deux autres vélos sont attendus prochainement.
«Ça permet de retirer des camions des routes, surtout dans les secteurs densément peuplés, et où la circulation est difficile», note Nabil Ghazou, qui souligne que les vélos électriques ne font pas partie d’un projet pilote, mais qu’ils sont bel et bien implantés pour de bon.
Chaque matin, des colis sont transportés par camion à Colibri Iberville dans l’est du Plateau Mont-Royal, un mini-hub logistique accessible à d’autres entreprises de livraison, et les livreurs de FedEx enfourchent leur vélo pour les distribuer par la suite. Chaque vélo est capable de transporter de 40 à 60 petits colis (les plus gros doivent encore être livrés par camion), est doté d’une autonomie de 150 km et est capable de rouler à 30 km/h. Pour l’instant, l’entreprise prévoit les utiliser 10 mois par année à Montréal.
Trouver des volontaires parmi les employés de l’entreprise pour passer de quatre à deux roues n’a pas été difficile. «J’étais tanné des bouchons, et j’avais envie de changer d’air», m’explique l’un des deux livreurs à vélos de FedEx. Quand je les ai croisés par hasard en pause sur l’avenue Mont-Royal, quelques heures après mon passage au centre de distribution, leur bonne humeur était évidente, ce qui contrastait avec la mine souvent basse des livreurs pressés qui arrêtent chez moi.
Alors que les objectifs de FedEx pour les camions électriques sont clairs et chiffrés, ceux pour les vélos ne le sont pas. Les prochains mois devraient permettre de mieux évaluer le potentiel de ce moyen de livraison.