Félix & Paul Studios est prêt pour la nouvelle ère de la réalité
Maxime Johnson|Publié le 05 juin 2023L’équipe voit les choses en grand pour la suite. (Photo: courtoisie)
TECHNO SANS ANGLES MORTS décortique les technologies du moment, rencontre les cerveaux derrière ces innovations et explore les outils numériques offerts aux entreprises du Québec. Cette rubrique permet de comprendre les tendances d’aujourd’hui afin d’être prêt pour celles de demain.
TECHNO SANS ANGLES MORTS. Après 10 ans d’existence, le studio de divertissement immersif Félix & Paul Studios, connu notamment pour ses films en réalité virtuelle tournés dans l’espace, est prêt pour passer à une nouvelle étape de sa croissance. Et — ça tombe bien — la réalité virtuelle aussi.
C’est une rencontre anecdotique entre deux aspirants réalisateurs en compétition pour réaliser (gratuitement !) un vidéoclip qui a mené à la fondation de l’un des fleurons du divertissement immersif au Québec. «On devait se battre pour avoir le privilège de travailler pro bono», se remémore en riant Félix Lajeunesse, directeur créatif de Félix & Paul Studios, lors d’une présentation à l’événement d’affaires créatif C2 Montréal.
Le courant a tout de suite passé entre lui et Paul Raphaël, aujourd’hui chef de l’innovation du studio. «On s’intéressait tous les deux au cinéma plus expérientiel, qui est profondément immersif, et même viscéral», raconte Félix Lajeunesse. Les deux ont donc décidé d’unir leurs forces dans le but de créer des expériences du genre.
Après quelques essais avec différentes technologies, comme des projections 3D, la paire s’est tournée vers la réalité virtuelle avec l’arrivée du casque Oculus Rift sur la plateforme de sociofinancement Kickstarter. «On voyait que ça allait être accessible à tous, et que c’était le médium qui allait nous permettre de réaliser ce que l’on voulait», explique Paul Raphaël.
De Montréal à l’espace
La feuille de route de Felix & Paul Studios depuis sa fondation en 2013 impressionne. L’entreprise montréalaise a développé ses technologies maison (toujours dans le but de rendre possible sa vision artistique), et leurs productions ne cessent de prendre de l’ampleur, passant d’un petit film intimiste dans le studio de l’artiste Patrick Watson à des projets avec Bill Clinton et Barack Obama. Aujourd’hui plus de 70 personnes — artistes, programmeurs, ingénieurs — travaillent pour la compagnie.
Au cours des dernières années, le studio a principalement collaboré avec la NASA pour la production de films en réalité virtuelle dans l’espace, avec ses propres caméras, contrôlées par les astronautes eux-mêmes. «Je pense que si ce projet a survécu aussi longtemps, c’est grâce au support des astronautes. Ce sont vraiment nos meilleurs ambassadeurs», estime Paul Raphaël.
Le studio qui produisait surtout ses films pour des plateformes comme Oculus de Meta et Samsung Gear VR est désormais passé d’un modèle d’affaires d’entreprise à entreprise (b2b) à un modèle d’entreprise à consommateur (b2c), avec le lancement d’expériences immersives comme L’infini, un spectacle de réalité virtuelle qui permet de vivre une sortie dans l’espace.
L’approche rend possibles de nouveaux genres d’expériences, mais elle assure également une certaine indépendance à Félix & Paul Studios. «Quand tu travailles avec de grandes compagnies technos, tu dois vivre avec leurs stratégies qui changent tous les six mois», note Stéphane Rituit, troisième cofondateur et président-directeur général du studio.
Le vice-président exécutif du conseil d’administration du Cirque du soleil Daniel Lamarre s’est entretenu à C2 Montréal avec les trois cofondateurs de Felix & Paul Studios : Félix Lajeunesse, Paul Raphaël et Stéphane Rituit. (Photo : Mikaël Theimer)
Vers le «Disney de la réalité virtuelle»
L’équipe voit les choses en grand pour la suite. «On veut construire le Disney de la réalité virtuelle, lance Félix Lajeunesse. On veut que nos projets soient de plus en plus ambitieux, et que leur portée émotionnelle soit forte, au point où les gens ressentent quelque chose avant même de se rendre à l’expérience.»
Les installations comme L’infini ne remplaceront toutefois pas les films en réalité virtuelle à la maison pour autant. D’ailleurs, l’industrie est sur le point de connaître un important bouleversement de ce côté, avec l’arrivée du casque de réalité virtuelle et augmentée Vision Pro d’Apple en 2024 et du casque Quest 3 de Meta à l’automne, deux appareils qui devraient contribuer à dynamiser le secteur.
Stéphane Rituit voit d’un bon œil l’intérêt grandissant pour ce marché. «On veut d’autres concurrents, on veut d’autres joueurs», lance-t-il. Plus il y aura de créateurs, plus cette forme narrative pourra gagner en importance, et plus le studio pourra en profiter.
Bref, on entre à la fois dans une nouvelle ère, tant pour la réalité virtuelle que pour Félix & Paul Studios. «C’est très excitant», résume Paul Raphael.