(Photo: Jievani Weerasinghe pour Unsplash)
Washington — L’usage des cryptomonnaies ne permet pas aux différents pays, entreprises ou individus d’échapper massivement aux sanctions internationales, comme celles imposées à la Russie par les pays occidentaux, a souligné mardi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
«Il n’y a pas de solides preuves que l’argent numérique puisse être utilisé pour contourner les sanctions. Pourquoi? Parce que le système financier a encore un rôle important à jouer», a indiqué Kristalina Georgieva lors d’une conversation en ligne, dans le cadre des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
«Nous n’en sommes pas encore à un stade où nous voyons des preuves que cette voie permet de contourner les sanctions. […] Les sanctions empêchent très clairement les transactions», a précisé la directrice générale du FMI.
Le sujet, à l’échelle mondiale, est étudié de près par le Fonds. Le cas de la Russie, à laquelle les pays occidentaux ont imposé plusieurs salves de sanctions économiques depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, fin février, est particulièrement observé.
Côté Ukrainien, les autorités «étaient très intéressées par les monnaies numériques avant la guerre. Ils ont donc fait beaucoup de travail», ce qui, a précisé Kristalina Georgieva, a permis aux Ukrainiens de recevoir de l’aide «à faible coût, rapidement, arrivant aux personnes qui en ont besoin et pouvant être déployé immédiatement pour soutenir les familles».
Cependant, a-t-elle précisé, cela représente une part minime de l’ensemble des aides qui ont été déployées, environ «100 millions de dollars américains».
Kristalina Georgieva a par ailleurs souligné que «la Russie elle-même s’oriente vers une monnaie numérique de banque centrale. Elle n’y est pas encore, mais ça l’intéresse».
Plusieurs formes de cryptomonnaies cohabitent, depuis le bitcoin jusqu’aux monnaies numériques émises par des banques centrales, un sujet sur lequel planchent de nombreux pays, dont la Chine, très avancée, qui en est aux essais en conditions réelles, ou bien les États-Unis, qui réfléchissent toujours à l’opportunité de créer un cryptodollar.
«Nous n’obtiendrions de bons résultats que si nous poussons davantage l’approche de normalisation réglementaire», a estimé Kristalina Georgieva, tandis que «la question de l’interopérabilité avec les autres monnaies numériques des banques centrales est primordiale».
Le Salvador a été en septembre le premier pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale, au même titre que le dollar américain. Le FMI avait, sans succès, exhorté le pays à faire marche arrière, craignant «des risques importants».