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Fox et Dominion s’entendent à l’amiable pour 787,5M$

La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

Fox et Dominion s’entendent à l’amiable pour 787,5M$

Dominion demandait au départ 1,6 milliard de dollars, faisant valoir que Fox avait porté atteinte à sa réputation en partageant des théories du complot concernant l’élection de 2020. (Photo: La Presse Canadienne)

Wilmington — Fox et Dominion Voting Systems ont conclu une entente à l’amiable, mardi, dans le cadre du procès en diffamation intenté par l’entreprise qui fabrique des machines de vote électronique.

Il n’y aura donc pas de procès dans ce dossier qui a révélé au grand jour comment la chaîne de nouvelles la plus regardée aux États-Unis a véhiculé des mensonges au sujet de l’élection présidentielle de 2020.

Selon un avocat de Dominion, l’entente s’élèverait à 787,5 millions de dollars (M$) US.

«La vérité est importante. Les mensonges ont des conséquences», a soutenu l’avocat de Dominion, Justin Nelson, lors d’une conférence de presse tenue après l’annonce de l’entente.

Dominion demandait au départ 1,6 milliard de dollars, faisant valoir que Fox avait porté atteinte à sa réputation en partageant des théories du complot concernant l’élection de 2020.

L’entreprise dénonçait les affirmations de la chaîne, selon qui ses machines ont fait basculer des votes pour l’ancien président Donald Trump vers le candidat démocrate Joe Biden, qui a fini par l’emporter.

L’entente, qui a été annoncée par la Cour supérieure du Delaware, survient après le dépôt d’un jugement sommaire du juge Eric Davis. Ce dernier avait autorisé la tenue du procès, tout en soulignant qu’il était «TRÈS clair» qu’aucune des allégations concernant Dominion diffusées sur Fox par les alliés de M. Trump n’était vraie.

Dans un communiqué publié peu après l’annonce, Fox News a pris acte des «décisions de la cour, qui a jugé que certaines affirmations concernant Dominion étaient fausses». La chaîne n’a pas répondu à une demande de précisions de l’Associated Press.

Course aux chiffres

Des documents déposés en preuve dans le cadre du procès ont montré que les animateurs et les dirigeants de Fox ne croyaient pas aux affirmations des alliés de M. Trump concernant la fraude électorale, mais qu’ils acceptaient de les diffuser quand même, en partie pour reconquérir les téléspectateurs qui fuyaient la chaîne.

De nombreux téléspectateurs ont en effet choisi de se tourner vers d’autres réseaux lorsque Fox a concédé la victoire à M. Biden en Arizona le soir de l’élection, même si la lutte était extrêmement serrée dans cet État.

Si elle est officiellement acceptée par le juge, l’entente mettra fin à une saga qui s’est révélée très embarrassante pour Fox News.

Plusieurs experts du premier amendement ont estimé que le dossier de Dominion était l’un des plus solides qu’ils n’aient jamais vus. Cependant, il y avait de réels doutes quant à la capacité de Dominion à prouver à un jury que des personnes ayant un pouvoir décisionnel chez Fox pouvaient être tenues pour responsables de la diffusion des fausses informations par la chaîne.

Les documents publiés dans le cadre du procès ont révélé que les animateurs et les dirigeants de Fox n’ont pas fait preuve d’une grande prudence concernant les allégations de fraude.

«Fox connaissait la vérité», a plaidé Dominion dans ses documents présentés au tribunal. La chaîne savait que les allégations étaient «farfelues», «folles», «ridicules» et «insensées», mais elle a utilisé le pouvoir et l’influence de sa plateforme pour promouvoir ce faux narratif, a dénoncé l’entreprise.

Dans son jugement du 31 mars, le juge Davis a expressément reproché à l’organe de presse d’avoir diffusé des faussetés.

«Les déclarations en question étaient radicalement différentes de la vérité», a écrit M. Davis dans sa décision.

«En fait, bien que cela ne puisse pas être attribué directement aux déclarations de Fox, il est remarquable que certains Américains croient encore que l’élection a été truquée», a ajouté le juge.

Pour sa défense, Fox a fait valoir qu’elle était obligée de rendre compte de l’information la plus intéressante, à savoir celle d’un président affirmant qu’on l’avait empêché d’être réélu.