«Girls who code»: un aperçu au féminin d’une carrière en techno
Nicolas St-Germain|Publié le 17 octobre 2022Bien implanté aux États-Unis, l’OBNL «Girls who code» tente de renverser la diminution constante du nombre de femmes dans le domaine technologique. (Photo: courtoisie)
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LA TECHNO PORTE CONSEIL. Soixante-neuf Canadiennes âgées de 14 à 17 ans — dont un faible nombre de Québécoises — ont participé en août au premier camp d’été organisé au pays par l’organisme sans but lucratif (OBNL) «Girls who code», en collaboration avec Morgan Stanley.
Bien implanté aux États-Unis, l’OBNL tente de renverser la diminution constante du nombre de femmes dans le domaine technologique. Selon les données fournies par Morgan Stanley, cette proportion serait passée de 37% à 21% depuis 1990.
«Je pense qu’il a différents facteurs [qui expliquent cette baisse], soutient Sophia Bennaceur, cheffe de l’exploitation et responsable régionale de Morgan Stanley Montréal et de Technologie Montréal. Le problème commence dès l’école [primaire et secondaire].»
Elle explique que des études «montrent que les femmes sont plus attirées par des milieux qui ont des résultats tangibles» et donc si ça demeure abstrait, elles ne seront pas attirées. D’où l’importance de les initier tôt à ce domaine, relate-t-elle, prenant l’exemple de sa fille qui a découvert cet univers en cinquième secondaire, ce que Sophia Bennaceur considère «encore un peu tard».
«Il faut [leur] montrer l’effet positif que ça peut avoir dans le domaine [bancaire, NDLR], par exemple», ajoute la cheffe de l’exploitation. Il convient aussi de recruter plus de jeunes femmes juniors, croit-elle, mentionnant au passage qu’il y a un bassin fort intéressant dans les Cégeps et les universités.
Un programme express
Dans le cadre du camp d’été, qui s’échelonnait sur deux semaines, et ce, complètement à distance et en anglais, les adolescentes ont appris les bases de la programmation informatique grâce aux enseignements d’un des professeurs de l’organisme. Comme projet final, elles ont été amenées à développer un site web qui portait sur des questions sociales importantes comme l’écologie, la diversité, etc.
«L’objectif est de [leur] donner le goût d’explorer une carrière en technologie», précise Sophia Bennaceur. Elle s’est d’ailleurs dite impressionnée de voir qu’en deux semaines, les filles ont réussi à monter la structure d’un site web, bien que non terminé.
Le rôle de Morgan Stanley était axé sur l’aspect «carrière» par l’entremise d’ateliers, dont un sur la cybersécurité, du mentorat et des discussions sur le parcours professionnel des femmes de l’entreprise en technologie. Cette approche est aussi appliquée à l’interne, précise la cheffe de l’exploitation.
«On a beaucoup d’activités de recrutement spécifique pour les femmes, entre autres, sur les campus», détaille-t-elle. L’entreprise dit accompagner 150 étudiantes et étudiants en technologie par année, seulement à Montréal.
Le problème n’est pas seulement en début de carrière, mais aussi au milieu, précise Sophia Bennaceur, alors que les femmes se dirigent vers d’autres domaines par manque de progression. C’est pourquoi «nous avons des programmes de mentorat pour les femmes juniors, pour leur permettre d’avoir un mentor et de se développer un réseau», ajoute-t-elle.
Une édition en français à prévoir?
La relation entre «Girls who code» et Morgan Stanley ne date pas d’hier. Les premiers pas de ce camp d’été remontent à 2018, période durant laquelle la société et l’OBNL se sont alliés pour essayer d’intégrer la programmation dans le curriculum scolaire des étudiantes ou dans le programme des bibliothèques.
«Le plan était de commencer à créer des “clubs Girls who code” en réunissant les jeunes filles dans un même local», poursuit Sophia Bennaceur. La pandémie a toutefois coupé l’élan de l’initiative qui survit un peu ailleurs dans le reste du Canada, mais qui n’a jamais pu voir le jour au Québec.
L’idée du camp d’été était vue comme une façon de reprendre le projet où ils l’avaient laissé avant la COVID-19. Pour les prochaines éditions, Sophia Bennaceur ne cache pas son envie d’offrir une version francophone pour attirer davantage de jeunes filles du Québec. Une demande a été faite à l’OBNL, mais la décision finale reste hors de son contrôle.
«Il nous faut des tuteurs qui soient en mesure de soutenir des francophones, poursuit-elle. On travaille avec nos partenaires pour attirer plus de jeunes filles du Québec. C’est un vrai souhait.»