Depuis avril 2023, chaque employé doit se présenter au bureau au moins trois fois par semaine. (Photo: 123RF)
Brooklyn — Google a présenté jeudi la nouvelle génération de son téléphone Pixel, septième du nom, et confirmé sa nouvelle ambition sur le marché très concurrentiel des smartphones, dont il n’a longtemps été qu’un acteur mineur.
Lancé en 2016, le Pixel arrivait très tard dans le paysage des portables, près de dix ans après l’iPhone (Apple) et sept ans après le Galaxy (Samsung), qui sont aujourd’hui les deux modèles les plus vendus au monde.
En 2020, les livraisons de l’appareil de Google dans le monde n’atteignaient que 2,7 millions d’exemplaires, contre 206 millions d’iPhone et 250 millions de Galaxy.
La faible pénétration du Pixel était, pour partie, due au fait que le produit n’était disponible que dans un nombre restreint de pays, moins de dix pour le Pixel 5.
Pour Runar Bjørhovde, du cabinet Canalys, les modèles Pixel avaient, dès l’origine, les qualités pour concurrencer les grands acteurs du secteur, «mais ils ont longtemps manqué de soutien de la part de Google pour se faire leur place et prendre des parts de marché».
Cette retenue de la part de Google s’expliquait essentiellement, selon l’analyste, par le succès de son système d’exploitation Android, lancé en 2008, et adopté par 81% des smartphones livrés au premier semestre 2022, selon le cabinet d’études.
«Vendre davantage de Pixel pourrait signifier prendre des parts des marché à d’autres utilisateurs d’Android et cela serait contraire aux objectifs» de Google, explique Maurice Klaehne, de Counterpoint Research.
Mais le géant de Mountain View (Californie) semble avoir évolué récemment et le Pixel 6, mis en vente il y a un peu moins d’un an, «a été un virage stratégique pour Google dans l’univers des smartphones», estime Runar Bjørhovde.
«Ils sont passés d’un appareil de moyenne gamme, qui mettait en valeur les capacités d’Android, à un produit vedette, abordable, qui tire l’innovation d’Android et est complété par un vaste écosystème d’autres objets», de la montre à la tablette, détaille l’analyste.
Un nouveau processeur maison
Le Pixel 6 était le premier modèle à intégrer le processeur Tensor, conçu par Google lui-même pour améliorer les performances en matière d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique.
Le Pixel 7, présenté mercredi à Brooklyn, contient la deuxième génération du Tensor, le G2, et peut notamment rendre nette une photo floue, effacer des éléments au second plan d’un cliché ou supprimer le bruit de fond d’une conversation téléphonique, autant d’applications rendues possibles par l’intelligence artificielle.
Cette dernière, avec l’apprentissage automatique, permet aussi de traduire dans une autre langue, en temps réel, les propos d’un interlocuteur lors d’une conversation téléphonique ou d’améliorer sensiblement le rendu et le contraste pour des photos de personnes à la peau foncée ou noire.
Le mariage de la puce maison avec les produits du groupe «représente des années de développement au sein de Google et un investissement de long terme dans la famille Pixel», a déclaré Rick Osterloh, vice-président en charge des services et des appareils, lors de la présentation.
Le changement de braquet de la filiale d’Alphabet a déjà produit des résultats, car ce sont 6,2 millions de Pixels qui ont été livrés sur le second semestre 2021 et les six premiers mois de 2022, soit une hausse de 129% sur un an, selon les chiffres de Canalys.
Le smartphone a doublé sa part de marché aux États-Unis entre le deuxième trimestre 2021 et la même période de 2022, mais n’atteint encore que 2% (0,5% au niveau mondial au premier semestre).
Pour accélérer la montée en puissance du Pixel, Google a également investi davantage en marketing et promotion, une inflexion illustrée par son partenariat avec la NBA, pour en faire le «téléphone officiel des fans» de la ligue professionnelle de basket nord-américaine.
Autre indicateur de l’ambition nouvelle de Google pour son smartphone, le Pixel 7 va être lancé dans 17 pays, contre 13 pour la précédente génération.
Le mastodonte technologique a aussi positionné son nouveau modèle à un prix très compétitif, soit 599 $US aux États-Unis, contre 800 $US pour l’iPhone 14 ou le Galaxy S22, tous deux dévoilés en septembre.
«Google a le potentiel pour devenir un acteur de long terme sur le marché des smartphones», selon Runar Bjørhovde, «mais cela dépendra de son échelle au niveau mondial et de l’arrivée sur de nouveaux marchés pour créer une activité bénéficiaire qui puisse durer.»