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Google Stadia: le jeu vidéo de demain, aujourd’hui… à Montréal

Alain McKenna|Publié le 12 Décembre 2019

Google Stadia: le jeu vidéo de demain, aujourd’hui… à Montréal

(Image: Stadia)

Il y a un mois, Google a finalement ouvert les vannes de sa nouvelle plateforme de jeux vidéo en nuage Stadia. Annoncée en grande pompe à partir du siège social californien de l’entreprise, il y a plusieurs mois déjà, on était loin de se douter que Montréal aurait à y jouer un rôle majeur. Avec un studio éponyme qui est en démarrage dans la métropole québécoise, en plus des engagements commerciaux pris par Google pour soutenir sa plateforme, on peut imaginer que ce projet est plus qu’un ballon d’essai, et qu’on en parlera encore dans cinq, voire dix ans.

Pour bien le comprendre, on a rencontré François Lapierre-Messier, de l’équipe Google Cloud, qui supervise l’aspect plus technique de cette machine, la semaine dernière.

On a aussi cassé un fil de micro au moment de l’accueillir à la balado Une Tasse de Tech, ce qui explique la captation sonore plutôt médiocre de l’entrevue (toutes nos plus basses excuses…), mais si vous avez l’oreille brave, ça se visionne en entier, juste ici :


Une plateforme universelle

La promesse Stadia, c’est un catalogue de jeux vidéo dignes d’une console ou d’un PC, qui s’ajuste en fonction de l’appareil que vous vous trouvez à avoir entre les mains. Immense télé 4K de 75 pouces avec clé Chromecast activée, Chromebook, iPad, téléphone Android… Tout (ou, enfin, presque tout).

«Tant que l’appareil a le navigateur Chrome, c’est compatible. Ça permet de changer de plateforme à tout moment et de reprendre l’action où on était rendu sur l’appareil précédent», explique M. Lapierre-Messier, d’entrée de jeu.

Comme c’est tout nouveau, il y a actuellement quelques limites, qui vont tomber dans les prochains mois. Sur mobile, c’est accessible par WiFi seulement pour le moment, et le contrôleur doit être connecté par USB-C sur un Pixel. Mais cette combinaison matérielle ne sera pas obligatoire longtemps : il suffit de s’abonner via l’appli (sur le Play Store) et on peut utiliser le contrôleur de son choix.

Pour lancer Stadia, Google offre toutefois une promo de trois mois incluant le matériel, obligatoirement. Ce n’est pas plus mal : on adopte rapidement le contrôleur Stadia, lequel est livré avec des touches de commande spécifiques à la plateforme (comme un accès direct à l’Assistant vocal Google, qui pourra bientôt agir comme un compagnon dans certains aspects de l’expérience de jeu).

Côté bande passante, ce n’est pas tellement différent de regarder des films sur Netflix. «Il n’y a pas beaucoup plus de données qui s’échangent entre nos serveurs et votre appareil que s’il était question d’une vidéo», puisqu’en fin de compte, c’est le jeu simplifié par Stadia prend la forme d’une vidéo interactive, essentiellement, où le gros du travail informatique se fait dans les serveurs de Google.

Ça ouvrira éventuellement la voie à des formes inédites de jeu vidéo, comme la possibilité d’avoir, incrustée dans l’image de son propre téléviseur (ou portable, ou…), l’image qui s’affiche à l’écran d’autres joueurs avec qui on est liés dans une campagne multijoueurs dans l’environnement virtuel de son choix. Une version exclusive à Stadia du jeu Tom Clancy’s Ghost Recon Breakpoint offrira sous peu cette nouvelle interface connectée.

Google étant aussi propriétaire de YouTube, les maillages possibles entre cet univers vidéo et celui, plus ludique et interactif, de Stadia, est une autre voie à étudier. «On laisse les studios explorer, on a mis à leur disposition les outils logiciels pour développer ces nouvelles formules», précise M. Lapierre-Messier.

Pas besoin d’attendre que ceux-là se réveillent, pour profiter de l’expérience Stadia. Si on n’a pas déjà joué jusqu’à plus soif à ces titres, il y en a plus d’une vingtaine offerts dans ce nouvel univers signé Google, qu’on doit acheter, toutefois (un très petit échantillon est gratuit, dont un simulateur de ferme qui sort un peu du cadre auquel on pense quand on dit «jeu vidéo en nuage»).

Cela dit, une version gratuite de Stadia s’en vient, l’été prochain. Entre temps, Google ajoute des titres à un rythme quasi hebdomadaire.

Un studio qui est là pour rester

L’autre volet de Stadia, c’est la création de jeux sur mesure pour ce nouveau format de diffusion. Google met la main à la pâte avec un studio dédié qui se trouve à Montréal, et qui se forme, lentement mais sûrement, ces jours-ci. Dirigé par une personnalité bien connue du monde du jeu vidéo, Jade Raymond, ce studio ne manque pas d’ambition, foi de Google.

«On ne se le cachera pas, le processus d’embauche chez Google est particulier. Une partie de l’embauche se fera donc au rythme de Google, ce qui pourrait ralentir un peu la croissance du studio, mais on a des postes ouverts un peu partout dans l’organisation», explique François Lapierre-Messier.

«L’objectif est de créer des titres pour la plateforme. On veut démontrer les façons d’utiliser ses outils, un peu comme d’autres plateformes de jeu le font avec leur propre studio». Pensons à Microsoft Games et les jeux pour la défunte caméra Kinect de la Xbox. Nintendo et Sony font de même chacun de son côté.

«Un studio de jeu, c’est nouveau pour Google, alors tout est à bâtir. On n’avait pas vraiment d’artistes visuels à l’interne, avant. En tant que société, on doit donc développer de nouveaux processus.»

Combien de temps est-ce que ça va durer, l’aventure Stadia? «L’idée de créer un studio de jeu vidéo est un gage de longue durée. On doit embaucher des gens qui vont créer une toute nouvelle expertise à l’interne, et qui ne vont pas mettre des produits en marché dans la prochaine année. Ça prend du temps. C’est une preuve d’engagement à long terme.»

C’est évidemment un geste fort, pour entrer dans une industrie où les gros joueurs sont déjà connus. Les chances de succès sont moins évidentes. Mais en même temps, Microsoft a son projet xCloud, une formule en nuage similaire à celle de Stadia. Et Apple a aussi lancé Apple Arcade, plus tôt cet automne, un produit plus axé sur le jeu léger («casual»), mais qui mise sur ce même concept de buffet plus ou moins à volonté livré sur-mesure par des serveurs distants.


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