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Une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, au centre d’une crise diplomatique majeure entre le Canada et la Chine depuis son arrestation en décembre, doit revenir mercredi devant un tribunal de Vancouver, saisi d’une demande d’extradition de la part des États-Unis.
L’audience a pour but de fixer «des dates clés pour les prochaines étapes de ce processus d’extradition» visant Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, selon un communiqué du ministère canadien de la Justice.
L’examen sur le fond de la demande d’extradition n’a pas encore commencé et pourrait s’étirer pendant des mois, voire des années.
Lors de cette audience procédurale, Mme Meng, 47 ans, doit comparaître brièvement devant un juge.
Ses avocats devraient une nouvelle fois contester les conditions dans lesquelles elle a été arrêtée à l’aéroport de Vancouver le 1er décembre et demander un assouplissement des conditions qui ont entouré sa remise en liberté quelques jours plus tard.
La dirigeante avait été remise en liberté moyennant le dépôt d’une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,6 millions d’euros), le port d’un bracelet électronique et la remise de ses passeports.
Le ministère américain de la Justice accuse Huawei et sa directrice financière d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran.
Depuis l’arrestation de Mme Meng, la Chine a arrêté l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig et son compatriote consultant Michael Spavor, qu’elle soupçonne d’espionnage, et condamné à mort deux autres Canadiens reconnus coupables de trafic de drogue.
Pékin a aussi bloqué des livraisons canadiennes de colza et de porcs, sur un marché de plusieurs milliards de dollars annuellement.
Le Canada dénonce «la détention arbitraire» de MM. Kovrig et Spavor et juge la condamnation à mort des Canadiens Fen Wei et Robert Schellenberg «cruelle et inhumaine».
Dans son bras de fer avec Pékin, Ottawa a obtenu le soutien de ses alliés, y compris l’Union européenne, l’Otan et le G7.
«Motivations politiques»
Ces derniers jours, Ottawa a fait pression sur Washington – qui tente de mettre fin à sa guerre commerciale avec Pékin – pour intercéder en faveur des détenus canadiens en Chine.
En décembre, le président américain Donald Trump s’était dit prêt à intervenir dans l’affaire Meng Wanzhou si elle lui permettait de négocier un bon accord commercial avec la Chine, des déclarations qui ont déplu au Canada.
Depuis le début de cette affaire, le Premier ministre Justin Trudeau n’a eu de cesse d’affirmer que le Canada était «un État de droit».
Mais, en mars, l’un des avocats de Mme Meng a dit craindre des «motivations politiques» derrière la demande américaine d’extradition de sa cliente.
La dirigeante de Huawei a elle-même entamé une procédure judiciaire contre les autorités canadiennes, qu’elle accuse d’avoir violé «ses droits constitutionnels» lors de son arrestation.
Ses avocats contestent notamment les conditions dans lesquelles Mme Meng aurait été interrogée pendant trois heures par les douaniers, officiellement dans le cadre d’une inspection de routine, avant de se voir signifier le mandat d’arrêt des États-Unis.
La décision finale sur son extradition ou non reviendra au ministre canadien de la Justice, David Lametti.