Informatique décisionnelle ou SAP, si seulement c’était si simple
Olivier Laquinte|Publié le 16 août 2021Une transformation numérique doit être réfléchie à travers trois blocs et trois piliers. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. C’est Patrick Lagacé et Christian Dubé qui m’ont fourni mon sujet ce mois-ci. À travers une entrevue donnée à M. Lagacé le 20 juin dernier, M.Dubé a raconté comment et pourquoi il a fait développer des entrepôts de données afin de mieux gérer la crise sanitaire, tant au niveau du dépistage que de la vaccination.
Jusque là tout va bien, mais un passage m’a fait sursauter et rouler des yeux.
[…] pour avoir une vue d’ensemble…
Il y a alors deux options, m’explique Christian Dubé.
« La première, c’est d’instaurer un progiciel qui va uniformiser les pratiques. Comme le SAP. Les consultants vont toujours te dire : “Installez SAP !” Le SAP, ça fait vraiment triper les gens de technologies de l’information… »
[…]
« La deuxième option, poursuit l’ancien VP de Cascades, c’est de créer des logiciels d’informatique décisionnelle. On fait ça maison. Ce n’est pas spectaculaire. Mais ça permet d’obtenir 80% des données en très peu de temps. Ça permet d’éclairer les décisions, rapidement. »
Outre la généralité sur les «consultants» qui m’a déçu, c’est surtout la mise en opposition de deux concepts qui se veulent complémentaires qui me force à écrire ces quelques lignes. L’impression qui reste après une première lecture de ses propos, c’est qu’il n’est pas nécessaire pour une organisation d’investir dans un progiciel de gestion intégré (ERP). Il suffit d’investir dans un logiciel d’informatique décisionnelle (business intelligence, ou BI) et cela permettra de régler tous les problèmes.
Or, c’est faux.
Nous faisons ici face au même phénomène que pour la remise en forme. Certains disent qu’il faut s’entraîner et que l’alimentation est secondaire, pendant que d’autres disent le contraire. Dans les faits, pour une bonne remise en forme qui durera dans le temps, il faut à la fois une bonne alimentation et un programme d’entraînement. Ce n’est pas la conjonction «ou» qu’il faut utiliser, mais «et».
C’est la même chose en transformation numérique. L’exploitation des données est importante, mais si elle n’est pas normalisée, tous les bénéfices ne pourront pas être atteints à long terme.
Une transformation numérique doit être réfléchie à travers trois blocs et trois piliers. Le premier bloc est la fondation. Je fais référence à votre infrastructure, laquelle devra vous permettre de traiter une grande quantité de données et d’y accéder facilement, rapidement et en toute sécurité.
Vient ensuite la numérisation de l’exploitation. On parle ici des progiciels de gestion intégré, mais j’inclus aussi les systèmes de gestion de la relation client (CRM), les systèmes de gestion des ressources humaines (HRIS), les systèmes de gestion du cycle de vie des produits (PLM) et des technologies marketing. Ces systèmes vous permettront de normaliser et d’optimiser à la fois vos processus et vos données.
Finalement, le troisième bloc est représenté par les plateformes d’innovation. Elles vous permettront d’être agiles et de faire des ajustements à votre modèle d’affaires, aux expériences que vous proposez, ou à vos offres.
Ces trois blocs s’appuient et consolident trois piliers que sont les humains, les processus et les données. Votre transformation devra faire évoluer votre culture, votre structure organisationnelle et vos processus afin d’avoir une entreprise plus agile. L’objectif visé étant de pouvoir vous adapter à votre environnement en introduisant des changements sommes toutes assez importants sans qu’ils soient perçus comme étant perturbants par vos équipes.
Le pilier «données» est particulièrement important, car il sera le carburant de votre innovation et de votre capacité à anticiper les changements de votre environnement. Une bonne exploitation de vos données est une compétence nécessaire à développer.
La mise en place de ces trois blocs et le développement des piliers n’a pas à se faire de manière séquentielle un parallélisme est non seulement possible, mais souhaitable, car il vous permettra de tester des idées et de mener à bien des projets stratégiques… comme combattre une pandémie!
Mais pour qu’une réelle transformation s’opère, il faut avoir réfléchi à toutes ses composantes.