Intelligence artificielle: le Québec parmi les premiers de classe
Matthieu Hains|Publié le 01 juin 2023«Si l'IA présente un potentiel de croissance important, il s'agit également d'un domaine qui évolue rapidement et comporte de nombreuses incertitudes», répond ChatGPT à propos de l'investissement dans l'intelligence artificielle. (Photo: 123RF)
Même si elle existe depuis quelques décennies, jamais l’intelligence artificielle n’a fait l’objet d’autant de conversations et de débats. Et pour les entreprises d’ici et d’ailleurs, son implantation se veut de plus en plus incontournable pour rester concurrentielle.
Notre journaliste Matthieu Hains a profité de la dernière présentation de Connexion, le salon de la transformation numérique, pour discuter de la question avec Michel Dubois, directeur, partenariats chez Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle. Ce dernier y présentait une conférence intitulée Accélérer l’adoption responsable et éthique de l’intelligence artificielle.
Question (Matthieu Hains): M. Dubois, quelle est la situation de l’intelligence artificielle à Montréal et au Québec?
Réponse (Michel Dubois): Comme vous le savez, nous sommes un pôle mondial de développement. Vers les années 2000, avec notamment la création du centre de recherche Mila par le professeur Yoshua Bengio, nous avons eu un développement de plus en plus rapide. Désormais, nous avons plus de 1000 chercheurs à Mila qui travaillent en apprentissage profond et en apprentissage par renforcement. Cela fait de Mila le plus grand centre de recherche académique au monde dans ces deux techniques de l’intelligence artificielle.
Grâce à cela et à d’autres joueurs au Québec, l’Institut Tortoise nous classait septième meilleure nation au monde en termes de développement de l’intelligence artificielle. Le Québec, comme nation, ça fait un peu sourire. Ça c’est au niveau académique.
Maintenant, ce qui est un peu dommage, c’est que d’autres recherches, des analyses par exemple de CRHA mentionnaient qu’environ 6% des entreprises au Québec ont intégré l’intelligence artificielle dans leurs processus d’affaires. On travaille fort, donc, pour essayer de faire du transfert technologique dans nos centres de recherche vers l’industrie, pour les aider.
Q: Parlant de ce que font les entreprises et les transferts de technologie, est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d’un projet que vous avez mené au Québec?
R: Étant donné que Mila a plus de 1000 chercheurs et 120 employés, ça serait difficile de choisir. Mais si je regarde dans l’équipe que je dirige, nous avons des projets qui sont ciblés, des projets très courts pour aider à l’adoption de l’IA dans des périodes de deux à quatre mois.
Un exemple concret, avec l’entreprise Dubois Agrinovation, par exemple, qui vend des systèmes d’irrigation. Leur problématique était qu’en recevant une photo de leurs clients pour une pièce de remplacement, c’était très long pour la trouver dans un catalogue de 6000 pièces.
Maintenant, un système qu’on leur a fourni comme concept permet de trouver la pièce instantanément parmi une liste réduite. Dans ce cas-ci, avec la pénurie de main-d’œuvre, ils n’avaient tout simplement pas de ressources pour répondre aux demandes pour des pièces de rechange. Notre système va les aider.
Et d’un point de vue éthique, nous sommes très heureux que cela ne supprime pas d’emplois. C’est plus pour aider une personne qui était débordée d’être libérée et de faire des choses plus intéressantes.
On aurait d’autres exemples dans toutes les industries. Parfois avec des images, du texte et du son.
Q: Que conseilleriez-vous à une petite ou moyenne entreprise qui commence à penser à implanter de l’IA dans ses processus et son travail? Quelles seraient les premières étapes?
R: La première étape c’est de se coller à des joueurs de confiance de l’écosystème de l’intelligence artificielle. Je ne parle pas juste de technologie, mais aussi d’éthique. Pour ne pas développer un système qui va être biaisé, qui va s’adresser à toute leur clientèle de façon uniforme.
Donc, de s’informer auprès de ces organismes. Chez Mila, nous avons un programme qui s’appelle Activation IA, qui est destiné aux petites et moyennes entreprises. On peut l’élargir aussi à d’autres entreprises. Mais en spécifiant les petites et moyennes entreprises, on veut exprimer aussi que c’est simple, hautement subventionné et relativement court, donc facile à intégrer dans des opérations de tous les jours.